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La présidence Zelensky

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La présidence Zelensky - Page 8 Empty Re: La présidence Zelensky

Message  Caduce62 Mer 21 Déc - 13:38

Volodymyr Zelensky attendu ce mercredi à Washington pour s’adresser au Congrès

Ce serait le premier déplacement international du président ukrainien depuis le début de l’invasion russe, le 24 février.

Par AFP
Publié: 20 Décembre 2022 à 23h36

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu, ce mercredi, à Washington, pour son premier déplacement international depuis le début de la guerre le 24 février, rapportent mardi plusieurs médias américains, précisant qu’il pourrait s’adresser au Congrès et rencontrer Joe Biden à la Maison-Blanche.

Dans un courrier daté de mardi, la cheffe de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, «encourage» les parlementaires à être «physiquement présents» mercredi soir pour une session «tout particulièrement consacrée à la démocratie».

Cette visite, si elle se confirme, intervient alors que les parlementaires américains s’apprêtent à voter une nouvelle enveloppe massive de soutien à l’Ukraine. Le président américain devrait pour sa part donner son feu vert à l’envoi en Ukraine de missiles Patriot, un système de défense antiaérienne particulièrement sophistiqué.
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Message  Gilles Mer 21 Déc - 17:54

Caduce62 a écrit:Volodymyr Zelensky attendu ce mercredi à Washington pour s’adresser au Congrès

Ce serait le premier déplacement international du président ukrainien depuis le début de l’invasion russe, le 24 février.

Par AFP
Publié: 20 Décembre 2022 à 23h36

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu, ce mercredi, à Washington, pour son premier déplacement international depuis le début de la guerre le 24 février, rapportent mardi plusieurs médias américains, précisant qu’il pourrait s’adresser au Congrès et rencontrer Joe Biden à la Maison-Blanche.

Dans un courrier daté de mardi, la cheffe de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, «encourage» les parlementaires à être «physiquement présents» mercredi soir pour une session «tout particulièrement consacrée à la démocratie».

Cette visite, si elle se confirme, intervient alors que les parlementaires américains s’apprêtent à voter une nouvelle enveloppe massive de soutien à l’Ukraine. Le président américain devrait pour sa part donner son feu vert à l’envoi en Ukraine de missiles Patriot, un système de défense antiaérienne particulièrement sophistiqué.

il est devenu suicidaire? Bakhmout, puis transport vers Washington... S'il lui arrive quelque chose, ça va plomber toute la nation ukrainienne!!!!
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Message  myko Dim 19 Fév - 8:45

www.lemonde.fr
Volodymyr Zelensky ou l’enfance soviétique d’un président en guerre
Ariane Chemin

Guillaume HERBAUT POUR « Le Monde »
Publié aujourd’hui à 06h30, mis à jour à 06h30

Récit« Les cinq vies de Volodymyr Zelensky » (1/5). Un an après l’invasion d’une partie de l’Ukraine par les troupes russes, « Le Monde » revient, dans une série d’articles, sur le parcours de son président, un homme que rien ne prédestinait à devenir chef de guerre.

Sur les photos de classe, il est toujours devant. Cette fois-ci, c’est à gauche ; il est déjà le plus petit, mais ça ne le fait pas encore rire. En cet automne 1988, Volodymyr Zelensky a 10 ans. Pour célébrer la Révolution d’octobre, l’institutrice fait poser sa classe sur la place de la Flamme éternelle de leur ville, Kryvy Rih, grosse cité industrielle du Sud-Est russophone de l’Ukraine, à 450 kilomètres de Kiev. Les enfants semblent se geler dans leur uniforme de « pionnier ».

Le futur président de l’Ukraine et ses camarades ont noué sur leur chemise le foulard rouge de l’organisation de jeunesse communiste. « On se faisait gronder si l’uniforme était froissé, et on avait intérêt à le repasser le soir à la maison », se souvient Denys Manzhosov, l’inséparable ami d’alors, premier rang à droite sur la photo. « C’est vrai qu’on ne sourit pas beaucoup, ajoute cet ancien présentateur de shows télévisés. Un sourire sur une photo de classe, pour l’Homo sovieticus, c’était déjà presque une opinion. »

Depuis qu’il a embrassé la politique, Volodymyr Zelensky s’est toujours présenté comme l’homme de l’Ukraine indépendante. Il n’évoque presque jamais son « enfance soviétique ». Les premières années de sa vie sont passées au tamis, comme s’il y avait là un sujet tabou. Pourtant, ce président d’un État assiégé qui depuis un an sidère le monde entier en tenant tête à l’agresseur russe ne serait pas le même s’il n’avait pas grandi en Union soviétique. Il a 45 ans – « le même âge que Macron  », aime dire Zelensky : sa vie est encore courte, mais elle est fascinante, et suivre pas à pas son fil éclaire la figure de ce chef résistant. Car « Volodia » (le petit nom de tous les Volodymyr et de tous les Vladimir) vient d’un monde disparu.

Avant de promettre solennellement de « chérir la patrie », ces écoliers furent, de 7 à 10 ans, des Enfants d’octobre, la toute première organisation de jeunesse du Parti communiste. Avec les « pionniers » vient le cérémonial militaire. Sur la photo, ils posent devant le monument à la gloire des soldats qui, en 1944, ont libéré l’énorme cité minière. En 2023, le monument en question n’a pas bougé d’un iota. Tout comme, derrière, le cinéma où Volodymyr Zelensky et ses copains adolescents allaient voir des films italiens et français, puisque les productions américaines étaient bannies. « Angélique, marquise des anges, avec Michèle Mercier et Robert Hossein, les gros succès de Pierre Richard, énumère Denys Manzhosov. “Volodia” adorait surtout Louis de Funès, un acteur ultrapopulaire en Union soviétique. » Le commissaire de Fantômas est resté l’acteur préféré du président, qui l’imite à la perfection.

Des rues aux boutiques obscures

Volodymyr Zelensky n’est pas retourné à Kryvy Rih depuis le début de la guerre. La cité de 600 000 habitants où vivent toujours ses parents n’a pas été épargnée par l’offensive russe. En mars 2022, des colonnes de quelques dizaines de blindés ont testé ses défenses et approché à 17 kilomètres de la ville, bombardant le faubourg Ingouletsky, au sud. Puis, le 14 septembre, sept missiles de croisière X-22 ont visé un barrage (la commune est construite sur un affluent du Dniepr), provoquant des inondations et privant provisoirement d’eau des centaines de milliers de personnes. Ici comme ailleurs dans le pays, les coupures d’électricité sont fréquentes, les rues noires, les boutiques obscures. La guerre impose son rythme aux immeubles étalés le long du boulevard des Métallos, « le plus long d’Europe », dit-on.

Le conflit a fait un symbole du berceau de sa jeunesse, centre névralgique crucial pour l’effort de guerre. Au temps de l’URSS, le poumon de l’économie battait déjà dans cette « Ruhr » ou cette « Lorraine » ukrainienne. Ce bassin sidérurgique d’où provenait la moitié du minerai de fer soviétique « était connu au-delà des frontières et était cité dans tous les livres de géographie de France et d’Europe », insiste l’ancien ambassadeur de France en Ukraine Jacques Faure. Il y avait le Donbass pour le charbon et Kryvy Rih pour le fer, avec son entrelacs de hauts fourneaux et de tuyaux de fonte, ses carrières de sable rouge et de lacs industriels dont la surface vire à l’orange les jours de pluie… « Un décor de planète Mars », résumait ce printemps devant Le Monde Olena Zelenska, première dame du pays, qui a également grandi ici et refuse, comme son mari, de quitter l’Ukraine.

Aucun portrait officiel du chef de l’Etat n’est accroché dans la mairie de Kryvy Rih. Rien non plus dans son école, provisoirement fermée : l’établissement fait partie du « grand chantier du président », un programme de travaux lancé en 2020, annoncent les palissades jaunes qui encerclent aussi le grand stade de foot, autre vestige anachronique de l’avant-« invasion ». En 2019, après son élection, Zelensky avait mis les points sur les « i » devant les nouveaux élus du Parlement : « J’aimerais que vous n’affichiez pas mon portrait dans vos bureaux. (…) Un président n’est pas une icône, un président n’est pas une idole, un président n’est pas un portrait. Accrochez plutôt les photos de vos enfants, et avant de prendre une décision, regardez-les dans les yeux. »

Partons des souvenirs d’enfance, donc. Des photos de classe et des autres, soigneusement conservées ici et là, dans cette ville où chaque quartier s’identifie par un numéro. Celui de Volodymyr Zelensky était le 95. Son école s’appelle donc « Gymnasium 95 ». Sa directrice, Alla Chepilko, est une femme bavarde, enthousiaste, souriante et un brin nostalgique, sous sa mise en plis très soviétique. Elle peine à trouver le moindre défaut à l’enseignement des années communistes. Oui, elle se souvient du cours hebdomadaire d’instruction politique, « pendant dix minutes ». « Ça durait plutôt trois quarts d’heure », corrige gentiment Denys Manzhosov. Les appels au drapeau, les « toujours prêts ! » au garde-à-vous, « bien droits » dans la cour, le lundi matin, Denys Manzhosov n’a rien oublié. Il commence à fredonner I Lenin Takoy Molodoy (« et Lénine ne vieillit pas »), chant patriotique remis au goût du jour durant les années 1970, puis s’arrête net. Pas envie. Depuis l’« invasion », il évite le russe et s’est mis à l’ukrainien.

« Du berceau au cercueil »

On ne réfléchissait pas à tout ça, à l’époque. Comme à Dnipro, anciennement Dniepropetrovsk, capitale régionale de l’oblast, beaucoup de Russes étaient venus chercher du travail à Kryvy Rih. L’ukrainien était la langue des villages, mais, dans les grandes cités minières, ouvriers et ingénieurs l’abandonnaient pour parler le sourjik (un mélange des deux langues) ou le russe, la langue de l’usine, de la rue, de la crèche et de l’école maternelle. « Le système communiste, c’était du berceau au cercueil », rappelle Denys Manzhosov.

La maternité de Kryvy Rih, où Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky est né, le 25 janvier 1978, fait face à la morgue et à une entreprise spécialisée dans la confection de fleurs et de couronnes en plastique pour les enterrements. Le père du président, Oleksandr, 75 ans, continue d’enseigner la programmation informatique à l’Institut d’économie. Peu avant le passage du Monde à l’université, un jour de janvier, privé d’électricité et plongé dans le noir, il présidait un jury de thèse dans l’abri souterrain de la fac. « Le plus vieux bâtiment de la ville », précise tristement Andrii Shaikan, 44 ans, actuel directeur de l’établissement, avant d’ajouter en haussant la voix pour couvrir le grondement du générateur : « Le bâtiment a abrité la Gestapo, puis le NKVD [la police politique du parti]. Auparavant, l’Institut avait été construit sur l’emplacement d’une synagogue et d’une école juive… »

L’Ukraine, dans ses frontières actuelles, comptait avant la seconde guerre mondiale 2,5 millions de « juifs russes », c’est ainsi qu’on disait. Un million et demi ont péri en trois ans, soit un quart des 6 millions de morts de la Shoah. Bien qu’appartenant à la « zone de résidence » dessinée pour les juifs par l’Empire russe, à la fin du XVIIIe siècle, Kryvy Rih a pourtant été atrocement touchée. De cette présence très ancienne, il reste surtout des ruines, et pas le moindre cimetière juif. « La ville comptait neuf synagogues avant la seconde guerre mondiale, huit petites et une grande », rapporte le rabbin Ederi Lirone dans le seul lieu de culte, une vaste synagogue moderne construite en 2009 grâce à un riche Ukrainien exilé à Monaco. Le rabbin dit compter dans sa communauté les parents du président, des enfants de rescapés.

Durant la Grande Guerre patriotique, entre 1941 et 1945, le grand-père paternel de Volodymyr Zelensky, Semen, ne doit son salut qu’à son départ sur le front aux côtés de l’Armée rouge. Ses trois frères, eux, meurent exécutés avec leur famille par les Allemands au cours de la « Shoah par balles ». Sa femme échappe aux nazis en fuyant Kryvy Rih pour rejoindre Almaty, l’ancienne capitale du Kazakhstan. « A partir de juin 1941, les autorités soviétiques ont organisé des “évacuations” depuis les zones de front jusque vers l’Asie centrale et la Sibérie, explique l’universitaire Thomas Chopard, spécialiste de l’histoire des juifs d’Europe centrale et de l’Ukraine soviétique. Elles ont concerné 17 millions de civils, au total. Almaty était l’une des destinations, comme Tachkent. »

Les « années sombres »

Après la guerre, la grand-mère du futur président quitte son refuge d’Asie centrale avec une formation d’enseignante et donne naissance, en 1947, au père de Volodymyr Zelensky. La mémoire des pogroms, puis de la Shoah demeure brûlante. Les juifs s’assimilent le plus discrètement possible, car, sous Staline, la propagande antisémite ne faiblit pas – au contraire –, notamment à Lviv et à Kiev. « J’ai reçu une éducation juive soviétique ordinaire, a résumé laconiquement Zelensky pour le magazine en ligne The Times of Israel, début 2020. La religion n’existait pas dans l’Etat soviétique. »

Le yiddish disparaît, les rites religieux privés aussi : pas de circoncision (interdite par le régime) ni de bar-mitsva, « à peine quelques repas de fête à Pessah pour se souvenir », raconte le rabbin de Kryvy Rih, puisque le pain azyme n’est pas produit. Sur les papiers d’identité des Zelensky, comme partout en URSS, figure la mention « juif ». C’est le « point numéro cinq » du passeport intérieur, en vigueur jusqu’à l’éclatement de l’empire, en 1991 : une ligne réservée à la « nationalité ». Moscou en recense 250 (lettone, moldave, caucasienne…), sur des critères linguistiques. Et y a ajouté les juifs.

Si aucun numerus clausus officiel n’est retenu pour les embauches, une discrimination s’applique de facto dans le domaine professionnel. « Les parents de Volodymyr Zelensky sont nés dans ces “années sombres” où, pour postuler à des fonctions haut placées, il fallait renseigner dans les questionnaires la nationalité du père, de la mère et des quatre grands-parents, rappelle Galia Ackerman, historienne du monde russe. Tout était regardé à la loupe et quand un ancêtre était juif, de nombreuses portes se fermaient. La profession juive type, c’était avocat (jamais juge) ou ingénieur. »

Comme sa femme, Aleksander Zelensky en est un. Un ingénieur multicarte qui décide d’appliquer la science informatique aux techniques de l’extraction de minerai et invente des processus mathématiques applicables à l’industrie minière. Au milieu des années 1970, le jeune scientifique est envoyé dans un autre pays communiste, la Mongolie, pour construire à Erdenet une usine d’extraction de minerai de cuivre. « Mon père ne veut pas que j’en parle, mais il y a [à Erdenet] une petite stèle en son honneur », a confié, un jour, Zelensky au journaliste ukrainien Dmitry Gordon.

Volodymyr, fils unique, passe ses cinq premières années avec ses parents en Mongolie. Mais les températures polaires épuisent la santé de sa mère, qui décide, en 1983, de repartir à Kryvy Rih. Dans une de ses rares confidences sur cette époque, celui qui n’était pas encore chef d’Etat s’est souvenu que c’est en Tupolev Tu-134, le biréacteur utilisé à l’époque par tous les pays du pacte de Varsovie, qu’il quitte le pays. Puis la famille emménage chez les grands-parents paternels, au premier étage d’un vaste appartement de la Cité sociale, au pied du « parc de la Cité sociale » et du « marché de la Cité sociale ».

Repaire des « zonards »

Sur place, rien n’a beaucoup changé, hormis les antennes paraboliques. Dans le square trône encore la petite estrade peinte en vert où Volodymyr et ses copains venaient imiter des chanteurs avec « des brosses à cheveux en guise de micro », mime Denys Manzhosov, et jouer dans le bassin plein d’eau. Parmi eux, Ivan, le fils des Bakanov, la famille du troisième étage. Ivan Bakanov, futur président du parti politique Serviteur du peuple, qui, en 2019, portera le candidat Zelensky au pouvoir.

On reconnaît les grands moments d’histoire à la façon dont ils marquent les personnes dans leur chair, leur propre vie, leur conscience. La chute de l’Union soviétique, le Noël de ses 13 ans, percute le cours de la jeunesse de Zelensky. Le petit pionnier suit les événements de 1991 depuis le douzième étage de la Fourmilière, un ensemble bâti dans le plus pur style du brutalisme soviétique, où la famille a déménagé, avec la grand-mère maternelle cette fois. A 14 ans, il doit passer « komsomol » et s’enrôler dans les Jeunesses communistes. « Ce n’était pas vraiment notre rêve », précise Manzhosov. La fin de l’URSS vient mettre un point final à leurs angoisses. La formation politique des jeunes garçons s’arrête ainsi d’un coup, du jour au lendemain. C’est le souvenir intime qu’ils gardent de cette date mémorable.

Une génération entière se trouve lâchée au cœur d’une folle décennie. « La révolution avait été faite par Gorbatchev et une poignée d’intellectuels, dont moi, mais 80 % des gens se sont réveillés dans un autre pays, sans savoir comment vivre », a résumé, un jour, le Prix Nobel de littérature 2015, la Biélorusse Svetlana Alexievitch, autrice de La Fin de l’homme rouge (Actes Sud, 2013). Les premiers salaires « capitalistes » des parents sont payés en coupons, ou même en savons, en pneus, en bouteilles de shampooing. C’est le temps des pénuries et des étals vides, des coupures de courant, des Lada privées d’essence et des baignoires remplies d’eau froide décrits dans Le Pingouin, le roman de l’Ukrainien Andreï Kourkov. L’époque, aussi, où des aventuriers baptisés « oligarques » profitent des privatisations pour s’enrichir à millions en rachetant des biens d’Etat bradés par l’ex-Union soviétique. A Kryvy Rih, en ce début des années 1990, la rumeur court même que des avions de ligne sont à vendre sur l’aéroport de Dnipro…

Quatorze ans, c’est l’âge de toutes les bêtises. Il y a en beaucoup à faire à Kryvy Rih. La ville ouvrière est, depuis les années 1980, un repaire de zonards et tient une solide réputation. « Gangster City », résume un jour en souriant Zelensky. L’anarchie de la décennie suivante n’arrange rien à l’affaire : Kryvy Rih bat le record du taux de toxicomanie de l’ex-empire soviétique. Des racketteurs encore adolescents, les bigouny, mettent les quartiers en coupe réglée. Survêtement porté sur des chaussures de ville, cheveux ras : les gangs s’affrontent à coups de fusil et de cocktails Molotov. Bilan global : 28 morts, 2 000 blessés. « Vitaly M., 1974-1991 », « Yevgen K., 1977-1992 »… De sinistres faire-part emplissent les rubriques nécrologiques de la presse locale. Ce souvenir-là n’est pas effacé trente ans plus tard : à la Fourmilière, une voiture garée devant l’ancien immeuble des Zelensky affiche un autocollant « Gloire à l’Ukraine », un « va te faire foutre » adressé aux Russes et… le slogan des bigouny : « Ne crains que Dieu et les mecs de Kryvy Rih. »

Volodymyr Zelensky et ses copains se tiennent à l’écart des gangs. Les enseignants de leur école, le Gymnasium 95, déploient tous des trésors de pédagogie. L’établissement fonctionne avec des classes spécialisées. Pour leur fils, qui prend également des cours particuliers, les parents Zelensky ont choisi l’anglais. « A partir de la cinquième année, celle des 10-11 ans, on avait une leçon d’anglais tous les jours », témoigne joyeusement Yulia Treskova, 44 ans, casquette et pantalon de cuir. Cette ancienne camarade de classe du président a créé une école privée d’enseignement anglophone, toujours ouverte, malgré la guerre. « “Volodia” avait déjà son incroyable voix de basson, se souvient aussi Vadim Pereverzev, un autre de la classe “anglais”, aujourd’hui pilier de la maison de production créée plus tard par Volodymyr Zelensky à Kiev. On aimait le rock, les Eagles, les Beatles, Aerosmith, le groupe russe Bravo. » Et regarder à la télé les soirées du « KVN ».

Le « KVN » est un vieux jeu télévisé soviétique, une sorte de télécrochet géant où s’affrontent des équipes venues de toute l’ex-Union soviétique, des « clubs de malins rigolos » (« KVN »). Au départ, dans les années 1960, elles rivalisaient autour de quiz de culture générale, comme dans une sorte de Trivial Pursuit sur petit écran. Suspendu en 1971, « le jeu réapparaît avec la perestroïka, puis survit à tous les soubresauts, y compris à la chute de l’Union soviétique », s’étonne aujourd’hui l’ancien porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev, Andreï Gratchev. Au passage, le concept évolue en se transformant : le concours devient peu à peu une bataille de blagues et de minisketchs, un stand-up improvisé qui se met à recruter au-delà des universités.

Des équipes de tous les âges et de toutes les anciennes républiques soviétiques se forment un peu partout – villes, entreprises, clubs de sport, etc. –, toujours dans l’espoir d’en être un jour. Les conditions ? Etre vif, drôle et original, avoir le sens de la scène, des réflexes et de la repartie ; le tout en russe, évidemment. Le « KVN » devient bientôt un véritable phénomène de société, servant à la fois de soupape après les années de soviétisme, mais aussi, peut-être, d’école de formation parallèle dont il faudra un jour tirer le bilan politique, tant il a propulsé de gens de tous milieux vers le pouvoir. « Le “KVN” a joué pour beaucoup le rôle d’un véritable ascenseur social : des ingénieurs, des juristes ont changé de boulot pour embrasser des métiers artistiques », insiste l’Ukrainien Alexander Rodnianski, figure de l’audiovisuel russo-ukrainien.

L’émission n’a pas échappé aux gamins de Kryvy Rih. Tellement plus cool que ces camps de Komsomols auxquels l’écroulement de l’empire soviétique leur a fait échapper ! « On est tombés amoureux du jeu en 1993, et, même à l’école, on ne pensait plus qu’à ça », confesse Denys Manzhosov. « Vova », l’autre petit nom de Volodymyr, a l’idée, à 16 ans, de lancer un défi aux enseignants de son école : pourquoi pas un « KVN » entre profs et élèves ? Le premier match de stand-up du Gymnasium 95 est un succès et les suivants font un carton, au point qu’en 1995 la troupe de théâtre de l’Institut d’économie, la Kryvy Rih-Zaporijia Express, invite les adolescents à participer au festival de printemps de l’université, celle où Volodymyr Zelensky entamera, quelques mois plus tard, ses études de droit.

« Vova » a la pêche, « Vova » danse comme un dieu. Sur la scène de la fac, il se moque de sa taille, sautille, roule des yeux, mi-lutin, mi-clown blanc. A Moscou, les organisateurs de ce mix russe de « Jeux sans frontières » et d’« Intervilles » ont désormais l’œil sur la Kryvy Rih-Zaporijia Express, et les poussent à entrer dans la danse des sélections télé. L’équipe est en pleine restructuration : certains membres quittent la région à la fin de leurs années universitaires. Restent deux frères, Boris et Serhi Chefir, et quelques cadors recrutés dans le Donbass par l’équipe « KVN » de Louhansk. Tout début 1998, ils lancent une invitation au cadet de la troupe. « “Vova”, il y a le gala des “KVN” à Sotchi, tu viens avec nous ? »

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Message  myko Lun 20 Fév - 22:07

www.la-croix.com

Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky chef de guerre, le rôle de sa vie
La-Croix.com



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Ce 24 février 2022, à l’aube, Volodymyr Zelensky n’est pas encore tout à fait rentré dans le rôle qui sera bientôt le sien. Vêtu de son habituelle veste de costume et d’une chemise blanche, il a dès le matin publié une courte vidéo, d’une minute à peine, dans laquelle il décrète depuis son bureau la loi martiale. Vers 18 heures, au terme d’une interminable journée qui a vu l’aviation russe frapper aux quatre coins du pays et les tanks russes s’enfoncer vers Kiev, Kharkiv, et dans le sud du pays vers Kherson, Volodymyr Zelensky apparaît à nouveau. Transformé.
Debout derrière un pupitre marqué du blason de l’Ukraine, portant cette fois un pull kaki, le président ukrainien parle vite, ne lance que de brefs regards vers la caméra avant de se replonger vers la feuille de papier où est inscrit un discours aux airs de briefing : « Nos forces armées se comportent parfaitement dans le Donbass, la situation dans la direction de Kharkiv est très difficile, mais nos forces font tout pour protéger la ville, ils sont fiables, ce sont nos gars. La situation la plus difficile est dans le Sud, nos troupes se battent férocement dans les faubourgs de Kherson. »
Mais son équipe a commis une erreur : filmé devant un fond grisâtre simplement marqué « bureau du président de l’Ukraine », Volodymyr Zelensky pourrait se trouver n’importe où. Or la machine de propagande russe commence déjà à « pousser » sur les réseaux sociaux de folles rumeurs affirmant que le président ukrainien aurait fui le pays.
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« Gloire à nos défenseurs, gloire à l’Ukraine »

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Le lendemain, la réponse du président prend la forme d’une expédition éclair sur le parvis de la Bankova, l’imposante bâtisse présidentielle de briques blanches et de colonnades corinthiennes. « Le service de sécurité était sous le choc », se rappelle en souriant Davyd Arakhamia, leader du parti présidentiel au Parlement, présent à ce moment-là aux côtés du président. Entouré de quelques-uns de ses plus proches conseillers, Volodymyr Zelensky sort alors son téléphone pour filmer une vidéo.
Le groupe doit s’y reprendre à plusieurs reprises – « On riait trop la première fois ! », se rappelle Davyd Arakhamia – et parvient finalement à publier cette séquence mal éclairée de trente petites secondes où seul le président ukrainien s’exprime, entouré de ses conseillers : « Bonsoir à tous. Le leader du groupe parlementaire est ici, le chef du bureau présidentiel est ici, le premier ministre Chmyhal est ici, Podolyak est ici, le président est ici. Nous sommes tous là, nos soldats sont là, nous protégeons notre indépendance, notre État. Ça continuera comme ça. Gloire à nos défenseurs, gloire à l’Ukraine. » L’impact de cette vidéo, qui rassure une Ukraine alors sous le choc de l’invasion russe, est énorme : elle soude instantanément l’ensemble de la population derrière le président.
Avec une facilité à première vue déconcertante, Volodymyr Zelensky est ainsi passé en quelques heures de président en difficulté à chef de guerre incontesté. La mission d’une vie pour un ancien comédien et producteur de télévision depuis longtemps habitué à tenir des rôles. « Il a changé, bien sûr, mais vous savez, Volodymyr Zelensky a toujours été quelqu’un de très plastique, le Zelensky de 2021 n’était déjà plus celui de 2019, et celui de 2022 n’est évidemment plus le même », explique le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko.
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Communicant en chef

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En 2019, au lendemain de sa victoire, il avait déjà tenté de se couler dans le moule présidentiel : le comique bas du front avait enfilé un costard-cravate taillé sur mesure, et le russophone de Kryvyï Rih, ville minière décrépite du sud de l’Ukraine, s’était mis à l’ukrainien. Volodymyr Zelensky a, dès le début de l’invasion russe, abandonné le costume de président pour le pantalon de treillis et le pull kaki qu’il arbore désormais jusqu’à Washington ou devant le Parlement européen.
Il a continué de s’exprimer en ukrainien, même s’il n’hésite pas depuis le début de l’invasion à repasser à sa langue natale pour s’adresser à la population russe : s’il leur avait demandé au début de la guerre de descendre dans la rue contre Poutine, désormais il se contente de fustiger leur « silence de lâche » après une frappe russe meurtrière sur un immeuble de la ville de Dnipro, qui a tué plus de 40 personnes en janvier.
Le chef de guerre Zelensky a surtout puisé dans son passé de comédien et de producteur pour se faire d’abord communicant en chef. « C’est sa force, sa capacité à s’adresser non pas simplement aux élites politiques mais au grand public, et de cette manière à faire en sorte que le public dans les pays occidentaux mette la pression sur les élites politiques pour soutenir l’Ukraine, il fait ça avec brio », résume Oleksandr Danyliouk, ministre des finances entre 2016 et 2018 et membre de l’équipe de campagne de Volodymyr Zelensky en 2019. Aux Ukrainiens, le président diffuse chaque jour une vidéo dans laquelle sa voix rocailleuse résume les événements de la journée, fustige la Russie, et célèbre l’armée.
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Cérémonie de remise de médailles dans un entrepôt

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Lors de ses innombrables adresses audiovisuelles à des chefs d’État, des parlements, des cérémonies culturelles (il s’est exprimé lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes), Volodymyr Zelensky harangue, condamne les crimes de guerre russes, et demande des armes. « On a commencé à travailler sur la stratégie de communication dès le 24 février », affirme Mykhailo Podoliak, conseiller du président chargé justement de cette stratégie.
« Le président comprend très bien la composante médiatique, et savait dès le début qu’il fallait s’adresser directement à ceux qui vivent la guerre, expliquer de manière claire et succincte ce qu’il se passe chaque jour », expose-t-il depuis son bureau de la rue Bankova. Volodymyr Zelensky n’hésite pas non plus à se déplacer, se rend à Kherson quelques jours après la libération de la ville en novembre et rencontre des soldats à Bakhmout au mois de décembre, procédant à une cérémonie de remise de médailles dans un entrepôt. « Il cherche toujours les coups psychologiques », note Davyd Arakhamia.
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Pas de temps pour le management

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Communicant-né, Volodymyr Zelensky se définit aussi comme un outsider, arrivé au pouvoir en ignorant assumé des arcanes du pouvoir ukrainien. En 2019, la classe politique tout autant que la société civile voient d’un mauvais œil l’arrivée de ce « clown », enrichi en partie grâce à la diffusion en Russie de ses très populaires productions et qui assure pouvoir mettre fin au conflit dans l’est de l’Ukraine en discutant avec Vladimir Poutine. Sans autre allié qu’une extraordinaire assise populaire – il a été élu avec 73 % des voix, et son parti devient ensuite le premier de l’histoire de l’Ukraine moderne à obtenir une majorité au Parlement –, Volodymyr Zelensky s’entoure, pour diriger, de proches de sa maison de production, Kvartal 95.
L’invasion russe change totalement la donne en faisant de Volodymyr Zelensky un président incontesté et incontestable. « La compétence est aujourd’hui beaucoup plus importante que la loyauté », juge Davyd Arakhamia. Le président avait déjà avant la guerre progressivement écarté à plusieurs reprises son entourage. Avec l’invasion russe, plus besoin de reposer sur ses proches de longue date : il renvoie en juin Ivan Bakanov, son ami d’enfance, ancien directeur du studio Kvartal 95 et, à ce moment, chef du puissant service de sécurité d’Ukraine, le SBU. L’antenne de l’agence dans le sud du pays a échoué à faire sauter des ponts pour retarder l’avance russe, tandis qu’un haut gradé du SBU a fui le pays quelques heures avant l’invasion. Surtout, Ivan Bakanov n’était pas au côté du président dans les premiers jours de la guerre.
Rare contre-exemple : Andriï Iermak, très influent chef de cabinet de Volodymyr Zelensky et l’un des derniers survivants du noyau « télévisuel » de son entourage. « Iermak fait partie de Zelensky, il est comme Dorian Gray et son portrait », s’amuse Yaroslav Yurchyshyn, député du parti d’opposition Golos. « Zelensky n’a généralement pas le temps d’être impliqué dans les activités de management, Iermak fait cela pour lui », estime-t-il. Il ne craint pas non plus de laisser le champ libre à l’armée dans sa conduite de la guerre, tout en restant en contact quasi quotidien avec l’état-major.
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Gouvernance fluide

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Volodymyr Zelensky méprise la bureaucratie. « Il n’a jamais compris le fonctionnement de l’appareil d’État », assure Oleksandr Danyliouk. Un défaut là aussi rendu moins problématique par la gouvernance fluide qui caractérise l’Ukraine en guerre : le chef de guerre Zelensky sourit moins, s’agace plus, et décide vite. « Avant, il avait l’habitude de donner aux gens une deuxième ou troisième chance, assure Davyd Arakhamia. Aujourd’hui, il n’a plus ce luxe, si les gens échouent, il les remplace. Ce qui a changé aussi, c’est que nous avons tous des responsabilités multiples maintenant, donc si une personne chargée d’un sujet particulier ne se montre pas performante, il donnera simplement cette responsabilité à quelqu’un d’autre. »
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Cérémonie de remise de médailles le 20 décembre 2022, à Bakhmout, sur la ligne de front orientale. / AFP

Confortablement installé dans le bureau d’un luxueux centre des expositions à deux pas du Parlement, Davyd Arakhamia en sait quelque chose : sur le papier simple chef du parti présidentiel au Parlement, l’homme est à la faveur de l’invasion devenu l’un des plus proches conseillers du président. « J’ai aidé à obtenir des armes alors que ce n’est pas du tout ma responsabilité à la base, mais le président s’attend à ce que l’on soit multitâche. » La méthode n’immunise certes pas contre les scandales : une affaire de corruption a ainsi mis sur la sellette le ministre de la défense Oleksiy Reznikov au mois de janvier, après qu’un journaliste ukrainien a révélé des achats de nourriture pour l’armée à des prix 2 à 3 fois supérieurs à la normale.
Près d’un an après le début de l’invasion, un sujet en particulier continue d’accaparer les pensées du président ukrainien : « Il demande très souvent quel est l’état d’esprit de la société, quels sont les principaux sujets de discussion, comment la population comprend la guerre », confie Mikhaïlo Podolyak. « Le niveau de vie de la population lui importe particulièrement, le niveau de pauvreté, les coupures d’électricité, la situation des entreprises », confirme Davyd Akhrmiya.
Une inquiétude très pragmatique, explique le conseiller : « Il a conscience que si trop de gens se mettent à fuir à l’étranger, cela pourrait toucher la motivation de nos soldats. Et cette motivation est notre bien le plus précieux. Nous n’avons pas assez d’armes, la motivation des soldats est notre arme la plus puissante. »
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Un comédien devenu chef de guerre

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25 janvier 1978. Naissance de Volodymyr Oleksandrovych Zelensky à Kryvyï Rih (dans le centre de l’Ukraine).
À partir de 2015. Humoriste, acteur, scénariste, producteur et réalisateur de la série Serviteur du peuple, où il incarne un professeur de lycée qui sera bientôt élu président. Il se fait alors connaître du grand public en Ukraine et en Russie.
20 mai 2019. À la surprise générale, après une campagne éclair axée sur la lutte anticorruption, il est élu président de l’Ukraine avec 73,2 % des voix face au chef de l’État sortant, Petro Porochenko.
24 février 2022. La Russie déclenche une offensive massive en Ukraine, Volodymyr Zelensky prend la tête de la résistance.
14 novembre 2022. Il se rend à Kherson, après la reprise de la ville par l’armée ukrainienne.
21 décembre 2022. Il effectue son premier déplacement hors d’Ukraine depuis le début du conflit pour se rendre à Washington, où il s’adresse au Congrès.
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myko

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