Langue ukrainienne
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Caduce62
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Re: Langue ukrainienne
Petite question : quelqu'un a-t'il déjà commandé sur ce site : http://www.la-boutique-ukrainienne.com ?
Gilles- Messages : 2454
Date d'inscription : 16/02/2019
Re: Langue ukrainienne
Sébastien Gobert :
A Zaporijia, un nombre croissant de "premières interactions" se font en ukrainien. Entrer dans un bar, un restaurant, un magasin, s'adresser à la police, c'est être salué en ukrainien. De même que pour les au-revoir. C'est très nouveau.
Par souci d'observation, je laisse les gens me saluer en premier quand j'entre quelque part pour les laisser choisir leur langue. Très souvent, c'est un "доброго дня" (bonjour) ou un "вітаю" (bienvenue) qui m'accueille.
Le passage au russe demeure très aisé, en fonction de la première réponse de l'interlocuteur ou du contexte. Et d'ailleurs, le russe est omniprésent et parlé librement dans cette grande ville traditionnellement russophone. N'en déplaise aux propagandistes et idiots utiles qui n'ont jamais mis les pieds ici. Mais ces conversations sont donc encadrées par des mots, des expressions et des formules de politesse en ukrainien. C'est véritablement un changement par rapport à mes précédentes visites, quand les "здравствуйте" et "добрый день" entamaient les phrases.
L'invasion, les alertes aériennes permanentes, le front à une quarantaine de kilomètres au sud, jouent probablement un rôle, même s'il reste difficile d'appréhender les évolutions dans la pratique de la langue sur la durée. En l'état, c'est un changement très intéressant à observer, de mon point de vue d'observateur étranger.
En termes de communication "formelle", seul le militaire d’un certain âge qui m’a encadré avec ses deux collègues pour vérifier que je n’étais pas en train de me dérober à mon ordre de mobilisation m’a parlé russe tout du long.
A Zaporijia, un nombre croissant de "premières interactions" se font en ukrainien. Entrer dans un bar, un restaurant, un magasin, s'adresser à la police, c'est être salué en ukrainien. De même que pour les au-revoir. C'est très nouveau.
Par souci d'observation, je laisse les gens me saluer en premier quand j'entre quelque part pour les laisser choisir leur langue. Très souvent, c'est un "доброго дня" (bonjour) ou un "вітаю" (bienvenue) qui m'accueille.
Le passage au russe demeure très aisé, en fonction de la première réponse de l'interlocuteur ou du contexte. Et d'ailleurs, le russe est omniprésent et parlé librement dans cette grande ville traditionnellement russophone. N'en déplaise aux propagandistes et idiots utiles qui n'ont jamais mis les pieds ici. Mais ces conversations sont donc encadrées par des mots, des expressions et des formules de politesse en ukrainien. C'est véritablement un changement par rapport à mes précédentes visites, quand les "здравствуйте" et "добрый день" entamaient les phrases.
L'invasion, les alertes aériennes permanentes, le front à une quarantaine de kilomètres au sud, jouent probablement un rôle, même s'il reste difficile d'appréhender les évolutions dans la pratique de la langue sur la durée. En l'état, c'est un changement très intéressant à observer, de mon point de vue d'observateur étranger.
En termes de communication "formelle", seul le militaire d’un certain âge qui m’a encadré avec ses deux collègues pour vérifier que je n’étais pas en train de me dérober à mon ordre de mobilisation m’a parlé russe tout du long.
Caduce62- Messages : 15213
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Gilles aime ce message
Re: Langue ukrainienne
Gilles a écrit:Petite question : quelqu'un a-t'il déjà commandé sur ce site : http://www.la-boutique-ukrainienne.com ?
Je vous fais un petit retour de cette boutique.
N'ayant pas eu de retour, j'ai tenté une commande avec paiement paypal. Pas de confirmation de commande, rien!
Par contre, deux jours après, un mail de la poste pour m'informer de l'envoi d'un colis de la part de la gérante de la boutique. Colis reçu aujourd'hui. Bien emballé et en bon état.
Toujours aucun retour de la boutique sur une éventuelle facture par contre...
Gilles- Messages : 2454
Date d'inscription : 16/02/2019
Caduce62 aime ce message
Re: Langue ukrainienne
Encore un post sur l'usage des langues en Ukraine après 9 ans de guerre dont un d'invasion généralisée: une étude de la Fondation des initiatives démocratiques porte de 64% à 71% le nombre d'Ukrainiens pratiquant l'ukrainien dans leur vie courante.
L'étude précise qu'il est très difficile, voire impossible, de sonder les Ukrainiens vivant dans les zones de conflit actif et les territoires occupés.
https://dif.org.ua/article/natsionalna-kultura-ta-mova-v-ukraini-zmini-v-gromadskiy-dumtsi-pislya-roku-viyni?fbclid=IwAR3vofT4UNv1Z-IkcABZV2j9-EOH3GQwdUvJ-ujN6q96mQaMxRDebUmEiMo#_Toc129302260
Culture nationale et langue en Ukraine : changements dans l'opinion publique après un an de guerre
10 mars 2023
L'enquête dans les macro-régions d'Ukraine a été menée par la Fondation Ilko Kucheriv "Initiatives démocratiques" en collaboration avec le service sociologique du Centre Razumkov avec le soutien du programme MATRA du 13 au 21 décembre 2022. L'enquête en face-à-face a été menée en :
Régions de Volyn, Zakarpattia, Ivano-Frankivsk, Lviv, Rivne, Ternopil, Chernivtsi (macrorégion occidentale);
Régions de Vinnytsia, Zhytomyr, Kiev, Kirovohrad, Poltava, Sumy, Khmelnytskyi, Cherkasy, Chernihiv, ainsi que dans la ville de Kiev (macrorégion centrale)
Régions de Mykolaïv, Kherson et Odessa (macrorégion du sud) ;
Régions de Dnipropetrovsk, Zaporizhzhia et Kharkiv (macrorégion orientale).
L'enquête a été réalisée par échantillonnage stratifié à plusieurs degrés. La structure de la population de l'échantillon reproduit la structure démographique de la population adulte des territoires où l'enquête a été menée, au début de 2022 (par âge, sexe, type d'établissement).
2018 répondants de plus de 18 ans ont été interrogés. L'erreur d'échantillonnage théorique ne dépasse pas 2,3 %. Dans le même temps, des écarts systématiques supplémentaires de l'échantillon peuvent être causés par les conséquences de l'agression russe, en particulier l'évacuation forcée de millions de citoyens.
Contenu
1. Les principaux résultats de l'étude
1.1 Situation linguistique en Ukraine : quelle proportion d'Ukrainiens considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle et communiquent dans cette langue au quotidien ?
1.2 Les auteurs russes devraient-ils être retirés du programme scolaire ukrainien ?
1.3 Pourquoi certains Ukrainiens consomment encore des produits culturels russes
1.4 Comment l'attitude des Ukrainiens vis-à-vis de l'interdiction des représentations d'artistes russes en Ukraine et de la diffusion de films russes a-t-elle changé après l'invasion à grande échelle ?
1.5 Est-il approprié pour les artistes ukrainiens de créer un produit culturel en russe ?
2. Tableaux de répartition des réponses des répondants
2.1 Quelle langue parlez-vous le plus souvent à la maison ?
2.2 Quelle langue considérez-vous comme votre langue maternelle ?
2.3 Selon vous, les œuvres d'auteurs russes devraient-elles être étudiées dans les écoles ukrainiennes ?
2.4 L'interdiction d'artistes et de films russes en Ukraine est-elle une étape nécessaire pour protéger l'État ?
2.5 Selon vous, dans quels cas est-il justifié que des personnalités culturelles ukrainiennes (musiciens, écrivains, réalisateurs, etc.) créent leurs produits en russe ?
2.6 L'État ukrainien peut-il soutenir (par exemple, financer ou faire de la publicité) les œuvres culturelles d'auteurs ukrainiens (livres, films, pièces de théâtre, etc.) créées en russe ?
2.7 Avant l'invasion russe à grande échelle, combien de fois avez-vous consommé n'importe quel type de produit culturel russe ?
2.8 Selon vous, pourquoi certains Ukrainiens continuent-ils à consommer des produits culturels russes ?
Les principaux résultats de l'étude
Situation linguistique en Ukraine
En 2022, la part des citoyens qui utilisent la langue ukrainienne dans la vie quotidienne a augmenté par rapport à 2021. Si en 2021 cet indicateur était de 64%, alors en 2022 il est passé à 71%. Dans le même temps, le niveau d'utilisation de la langue russe a diminué de près de 10 %. Cette dynamique est une conséquence à la fois de l'effet de rejet symbolique et, en partie, de l'impossibilité de mener des enquêtes d'opinion publique dans les territoires occupés et de première ligne du Sud et de l'Est.
La langue russe reste largement répandue dans la communication quotidienne dans les macro-régions du Sud et de l'Est. Dans le même temps, il convient de garder à l'esprit que la pratique de l'utilisation des langues ne se limite pas à la communication en famille ou avec les amis les plus proches. Très probablement, une grande partie de ceux qui ont noté le russe comme langue de communication préférée à la maison utilisent l'ukrainien dans la sphère publique, lorsqu'ils communiquent avec un interlocuteur parlant ukrainien, etc.
Les différences dans la pratique linguistique des résidents des différents types d'établissements sont également préservées. En particulier, comme c'était le cas auparavant , dans les villes du sud et de l'est de l'Ukraine, la langue russe de communication quotidienne est encore répandue, tandis que les habitants des villes et des villages sont majoritairement de langue ukrainienne.
La proportion de citoyens qui considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle a également augmenté. Si en 2021 la part de la population qui considérait l'ukrainien comme sa langue maternelle était de 77 %, alors en un an, elle est passée à 87 %. Dans le même temps, l'identité linguistique ukrainienne prévaut dans toutes les régions de l'Ukraine.
La question de la relation entre l'identité langagière et la pratique langagière demeure pertinente. Certains citoyens ukrainiens, qui considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle, communiquent en russe au quotidien. En particulier, cela est répandu dans le sud et l'est du pays, où près de 40 % des Ukrainiens, qui considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle, communiquent principalement en russe à la maison.
Les auteurs russes devraient-ils être retirés du programme scolaire ukrainien ?
Il y a une nette tendance dans l'opinion publique à réduire l'importance et le rôle des auteurs russes dans les programmes éducatifs. Un peu plus d'un tiers des Ukrainiens (38%) pensent que les auteurs russes ne devraient pas du tout être étudiés dans les écoles ukrainiennes. Cette opinion est la plus répandue dans l'ouest du pays, et les moins partisans du rejet total du "contenu" russe dans les programmes scolaires russes se trouvent dans le sud. Les partisans de continuer à étudier le travail des auteurs russes, comme auparavant, ne représentent qu'environ 7% des citoyens. Les autres, d'une manière ou d'une autre, sont favorables à la réduction du nombre de Russes dans les manuels scolaires, mais l'option relativement populaire (environ 28%) consiste à ne pas abandonner les ouvrages considérés comme des "classiques mondiaux".
Plus les répondants sont jeunes, plus souvent ils n'aimeraient pas voir des Russes dans le programme scolaire. Parmi le groupe d'âge le plus jeune, 46% en ont, mais la "russophobie" de la génération la plus âgée est un peu moindre - environ 33%.
L'attitude des Ukrainiens à l'égard des produits culturels russes et de langue russe
Avant l'invasion russe à grande échelle, environ 41% des Ukrainiens consommaient souvent un produit culturel russe. Les résidents de l'Est de l'Ukraine (48%) ont admis cela le plus, les résidents des régions de l'Ouest (environ 30%) un peu moins. Environ 45 % consomment encore des produits culturels russes, mais rarement (ou extrêmement rarement). Seulement environ 10 % des Ukrainiens n'ont pratiquement pas consommé de contenu en coulisses.
Les Ukrainiens ont tendance à expliquer la consommation du produit culturel des occupants par une partie des Ukrainiens même après une invasion à grande échelle, principalement par la force de l'habitude. Environ 21% pensent que cela est une conséquence des préférences d'une personne (qui se sont apparemment développées, notamment en raison de la consommation antérieure d'un produit culturel russe). 13% ne voient pas cela comme un problème du tout, car "la culture devrait être en dehors de la politique".
Comment l'attitude des Ukrainiens vis-à-vis de l'interdiction des représentations d'artistes russes en Ukraine et de la diffusion de films russes a-t-elle changé après l'invasion à grande échelle ?
Après le début de l'invasion à grande échelle, il y avait surtout un consensus dans la société ukrainienne sur le fait que l'interdiction des produits culturels russes (sous la forme de performances d'artistes et de diffusion de films russes) était une étape nécessaire pour protéger l'Ukraine. Cette opinion prévaut dans toutes les régions, seulement dans le Sud, des parts à peu près égales sont d'accord et pas d'accord avec elle.
Même en 2021, une telle décision de l'État était perçue par la société de manière beaucoup plus controversée, et dans le sud et l'est de notre pays, il n'était généralement pas clair pourquoi la réduction de l'influence des produits culturels russes est importante pour la sécurité nationale de l'Ukraine.
Un produit culturel russophone peut-il encore être ukrainien ?
Un peu plus de la moitié des Ukrainiens (environ 53%) jugent inapproprié que des personnalités culturelles ukrainiennes créent leurs produits en russe. Les résidents des régions occidentale et centrale de l'Ukraine partagent le plus cette opinion. Dans le sud et l'est de l'Ukraine, un tiers des citoyens le pensent, en revanche, il existe une opinion plus répandue selon laquelle la création d'un produit en langue russe peut être appropriée sous certaines conditions - s'il s'agit de la langue maternelle de les artistes, s'il y a une demande pour une telle créativité de la part du public, et finalement en vue de la liberté de créativité
En ce qui concerne la pertinence du soutien de l'État à la création d'un tel produit culturel en langue russe par des personnalités culturelles ukrainiennes, la situation est similaire - en général, environ 60% à travers le pays la jugent inappropriée. Dans le Sud et l'Est, l'opinion prévaut également selon laquelle il est inapproprié que l'État soutienne un tel produit. Bien que, probablement, une telle opinion n'existe pas ici en raison de motifs de valeur, mais plutôt, les citoyens veulent que l'État oriente les fonds vers des besoins plus urgents dans les conditions de la guerre.
L'étude précise qu'il est très difficile, voire impossible, de sonder les Ukrainiens vivant dans les zones de conflit actif et les territoires occupés.
https://dif.org.ua/article/natsionalna-kultura-ta-mova-v-ukraini-zmini-v-gromadskiy-dumtsi-pislya-roku-viyni?fbclid=IwAR3vofT4UNv1Z-IkcABZV2j9-EOH3GQwdUvJ-ujN6q96mQaMxRDebUmEiMo#_Toc129302260
Culture nationale et langue en Ukraine : changements dans l'opinion publique après un an de guerre
10 mars 2023
L'enquête dans les macro-régions d'Ukraine a été menée par la Fondation Ilko Kucheriv "Initiatives démocratiques" en collaboration avec le service sociologique du Centre Razumkov avec le soutien du programme MATRA du 13 au 21 décembre 2022. L'enquête en face-à-face a été menée en :
Régions de Volyn, Zakarpattia, Ivano-Frankivsk, Lviv, Rivne, Ternopil, Chernivtsi (macrorégion occidentale);
Régions de Vinnytsia, Zhytomyr, Kiev, Kirovohrad, Poltava, Sumy, Khmelnytskyi, Cherkasy, Chernihiv, ainsi que dans la ville de Kiev (macrorégion centrale)
Régions de Mykolaïv, Kherson et Odessa (macrorégion du sud) ;
Régions de Dnipropetrovsk, Zaporizhzhia et Kharkiv (macrorégion orientale).
L'enquête a été réalisée par échantillonnage stratifié à plusieurs degrés. La structure de la population de l'échantillon reproduit la structure démographique de la population adulte des territoires où l'enquête a été menée, au début de 2022 (par âge, sexe, type d'établissement).
2018 répondants de plus de 18 ans ont été interrogés. L'erreur d'échantillonnage théorique ne dépasse pas 2,3 %. Dans le même temps, des écarts systématiques supplémentaires de l'échantillon peuvent être causés par les conséquences de l'agression russe, en particulier l'évacuation forcée de millions de citoyens.
Contenu
1. Les principaux résultats de l'étude
1.1 Situation linguistique en Ukraine : quelle proportion d'Ukrainiens considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle et communiquent dans cette langue au quotidien ?
1.2 Les auteurs russes devraient-ils être retirés du programme scolaire ukrainien ?
1.3 Pourquoi certains Ukrainiens consomment encore des produits culturels russes
1.4 Comment l'attitude des Ukrainiens vis-à-vis de l'interdiction des représentations d'artistes russes en Ukraine et de la diffusion de films russes a-t-elle changé après l'invasion à grande échelle ?
1.5 Est-il approprié pour les artistes ukrainiens de créer un produit culturel en russe ?
2. Tableaux de répartition des réponses des répondants
2.1 Quelle langue parlez-vous le plus souvent à la maison ?
2.2 Quelle langue considérez-vous comme votre langue maternelle ?
2.3 Selon vous, les œuvres d'auteurs russes devraient-elles être étudiées dans les écoles ukrainiennes ?
2.4 L'interdiction d'artistes et de films russes en Ukraine est-elle une étape nécessaire pour protéger l'État ?
2.5 Selon vous, dans quels cas est-il justifié que des personnalités culturelles ukrainiennes (musiciens, écrivains, réalisateurs, etc.) créent leurs produits en russe ?
2.6 L'État ukrainien peut-il soutenir (par exemple, financer ou faire de la publicité) les œuvres culturelles d'auteurs ukrainiens (livres, films, pièces de théâtre, etc.) créées en russe ?
2.7 Avant l'invasion russe à grande échelle, combien de fois avez-vous consommé n'importe quel type de produit culturel russe ?
2.8 Selon vous, pourquoi certains Ukrainiens continuent-ils à consommer des produits culturels russes ?
Les principaux résultats de l'étude
Situation linguistique en Ukraine
En 2022, la part des citoyens qui utilisent la langue ukrainienne dans la vie quotidienne a augmenté par rapport à 2021. Si en 2021 cet indicateur était de 64%, alors en 2022 il est passé à 71%. Dans le même temps, le niveau d'utilisation de la langue russe a diminué de près de 10 %. Cette dynamique est une conséquence à la fois de l'effet de rejet symbolique et, en partie, de l'impossibilité de mener des enquêtes d'opinion publique dans les territoires occupés et de première ligne du Sud et de l'Est.
La langue russe reste largement répandue dans la communication quotidienne dans les macro-régions du Sud et de l'Est. Dans le même temps, il convient de garder à l'esprit que la pratique de l'utilisation des langues ne se limite pas à la communication en famille ou avec les amis les plus proches. Très probablement, une grande partie de ceux qui ont noté le russe comme langue de communication préférée à la maison utilisent l'ukrainien dans la sphère publique, lorsqu'ils communiquent avec un interlocuteur parlant ukrainien, etc.
Les différences dans la pratique linguistique des résidents des différents types d'établissements sont également préservées. En particulier, comme c'était le cas auparavant , dans les villes du sud et de l'est de l'Ukraine, la langue russe de communication quotidienne est encore répandue, tandis que les habitants des villes et des villages sont majoritairement de langue ukrainienne.
La proportion de citoyens qui considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle a également augmenté. Si en 2021 la part de la population qui considérait l'ukrainien comme sa langue maternelle était de 77 %, alors en un an, elle est passée à 87 %. Dans le même temps, l'identité linguistique ukrainienne prévaut dans toutes les régions de l'Ukraine.
La question de la relation entre l'identité langagière et la pratique langagière demeure pertinente. Certains citoyens ukrainiens, qui considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle, communiquent en russe au quotidien. En particulier, cela est répandu dans le sud et l'est du pays, où près de 40 % des Ukrainiens, qui considèrent l'ukrainien comme leur langue maternelle, communiquent principalement en russe à la maison.
Les auteurs russes devraient-ils être retirés du programme scolaire ukrainien ?
Il y a une nette tendance dans l'opinion publique à réduire l'importance et le rôle des auteurs russes dans les programmes éducatifs. Un peu plus d'un tiers des Ukrainiens (38%) pensent que les auteurs russes ne devraient pas du tout être étudiés dans les écoles ukrainiennes. Cette opinion est la plus répandue dans l'ouest du pays, et les moins partisans du rejet total du "contenu" russe dans les programmes scolaires russes se trouvent dans le sud. Les partisans de continuer à étudier le travail des auteurs russes, comme auparavant, ne représentent qu'environ 7% des citoyens. Les autres, d'une manière ou d'une autre, sont favorables à la réduction du nombre de Russes dans les manuels scolaires, mais l'option relativement populaire (environ 28%) consiste à ne pas abandonner les ouvrages considérés comme des "classiques mondiaux".
Plus les répondants sont jeunes, plus souvent ils n'aimeraient pas voir des Russes dans le programme scolaire. Parmi le groupe d'âge le plus jeune, 46% en ont, mais la "russophobie" de la génération la plus âgée est un peu moindre - environ 33%.
L'attitude des Ukrainiens à l'égard des produits culturels russes et de langue russe
Avant l'invasion russe à grande échelle, environ 41% des Ukrainiens consommaient souvent un produit culturel russe. Les résidents de l'Est de l'Ukraine (48%) ont admis cela le plus, les résidents des régions de l'Ouest (environ 30%) un peu moins. Environ 45 % consomment encore des produits culturels russes, mais rarement (ou extrêmement rarement). Seulement environ 10 % des Ukrainiens n'ont pratiquement pas consommé de contenu en coulisses.
Les Ukrainiens ont tendance à expliquer la consommation du produit culturel des occupants par une partie des Ukrainiens même après une invasion à grande échelle, principalement par la force de l'habitude. Environ 21% pensent que cela est une conséquence des préférences d'une personne (qui se sont apparemment développées, notamment en raison de la consommation antérieure d'un produit culturel russe). 13% ne voient pas cela comme un problème du tout, car "la culture devrait être en dehors de la politique".
Comment l'attitude des Ukrainiens vis-à-vis de l'interdiction des représentations d'artistes russes en Ukraine et de la diffusion de films russes a-t-elle changé après l'invasion à grande échelle ?
Après le début de l'invasion à grande échelle, il y avait surtout un consensus dans la société ukrainienne sur le fait que l'interdiction des produits culturels russes (sous la forme de performances d'artistes et de diffusion de films russes) était une étape nécessaire pour protéger l'Ukraine. Cette opinion prévaut dans toutes les régions, seulement dans le Sud, des parts à peu près égales sont d'accord et pas d'accord avec elle.
Même en 2021, une telle décision de l'État était perçue par la société de manière beaucoup plus controversée, et dans le sud et l'est de notre pays, il n'était généralement pas clair pourquoi la réduction de l'influence des produits culturels russes est importante pour la sécurité nationale de l'Ukraine.
Un produit culturel russophone peut-il encore être ukrainien ?
Un peu plus de la moitié des Ukrainiens (environ 53%) jugent inapproprié que des personnalités culturelles ukrainiennes créent leurs produits en russe. Les résidents des régions occidentale et centrale de l'Ukraine partagent le plus cette opinion. Dans le sud et l'est de l'Ukraine, un tiers des citoyens le pensent, en revanche, il existe une opinion plus répandue selon laquelle la création d'un produit en langue russe peut être appropriée sous certaines conditions - s'il s'agit de la langue maternelle de les artistes, s'il y a une demande pour une telle créativité de la part du public, et finalement en vue de la liberté de créativité
En ce qui concerne la pertinence du soutien de l'État à la création d'un tel produit culturel en langue russe par des personnalités culturelles ukrainiennes, la situation est similaire - en général, environ 60% à travers le pays la jugent inappropriée. Dans le Sud et l'Est, l'opinion prévaut également selon laquelle il est inapproprié que l'État soutienne un tel produit. Bien que, probablement, une telle opinion n'existe pas ici en raison de motifs de valeur, mais plutôt, les citoyens veulent que l'État oriente les fonds vers des besoins plus urgents dans les conditions de la guerre.
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Re: Langue ukrainienne
Guerre en Ukraine : « Le mouvement pour parler ukrainien plutôt que russe est devenu massif »
https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4034262-20230926-guerre-ukraine-mouvement-parler-ukrainien-plutot-russe-devenu-massif?fbclid=IwAR0Wajsb2D8JLUTTrrhYw-eZGiKPVhHFXvHJp7uLOhxkO13nVmfd3TynYjA
INTERVIEW En Ukraine, on parle ukrainien, mais aussi russe. Et ce parfois dans une même conservation. Ukrainienne et linguiste, Viktoriya Nikolenko décrypte ce bilinguisme atypique et méconnu, bouleversé par la guerre
Propos recueillis par Frédéric Brenon
Publié le 26/09/23 à 18h12 — Mis à jour le 26/09/23 à 18h12
Ce mardi 26 septembre, l’Europe célèbre la Journée européenne des langues. Linguiste et enseignante en français langue étrangère, docteure en sciences du langage, Viktoriya Nikolenko, 43 ans, a grandi, étudié et travaillé en Ukraine. Actuellement installée à Nantes, elle se penche pour 20 Minutes sur la situation méconnue du bilinguisme dans son pays en guerre depuis un an et demi déjà.
Depuis quand les deux langues, l’ukrainien et le russe, coexistent-elles en Ukraine ?
C’est une longue histoire. Elle-même discutable, car on pense parfois que l’Ukraine a toujours été russe. Mais avant la conquête de l’empire russe [1793], il y a eu cinq siècles où l’Ukraine n’était pas liée à la Russie, on l’oublie souvent. La coexistence des deux langues commence donc à peu près au XVIIIe siècle. La grande majorité de la population était alors ukrainophone. La langue russe est apparue comme la langue de prestige, celle de l’empire. Elle était imposée, tandis que l’ukrainien, lui, était de plus en plus limité par la loi. Mais la russification la plus massive a véritablement eu lieu avec les Bolcheviks au XXe siècle. Toute une pléiade d’artistes et d’intellectuels ukrainiens remarquables ont fini emprisonnés ou exécutés à partir des années 1930, c’est ce qu’on appelle « la renaissance fusillée ». Leurs œuvres ont été éliminées. La terreur stalinienne a fait des millions de morts, parmi lesquels de nombreux urkrainophones vivant dans les campagnes. Parler l’ukrainien n’était pas interdit, mais les conditions étaient créées pour pousser les gens à adopter la langue russe, que ce soit dans les médias, les livres, le service militaire, l’enseignement supérieur…
L’indépendance de l’Ukraine en 1991 a-t-elle permis de redonner davantage de place à la langue ukrainienne ?
Elle a repris un peu de place dans les contenus, mais avec des hauts et des bas en fonction des présidents. L’ukrainien est devenu la langue officielle, mais la sphère publique était encore très russifiée. On a donc vu grandir une demande de la population pour avoir davantage d’ukrainien. Ce mouvement a été beaucoup plus prononcé à partir de 2014 avec l’annexion de la Crimée par la Russie de Poutine.
En quoi le bilinguisme en Ukraine est-il aussi original ?
Quand on parle des russophones et des ukrainophones, on a une vision un peu déformée, surtout pour le public occidental qui a l’habitude d’avoir cette représentation de deux communautés isolées, comme en Belgique, par exemple, où les francophones et les néerlandophones vivent de manière assez séparée. La spécificité de l’Ukraine, c’est que la plupart des Ukrainiens sont complètement bilingues. C’est très atypique. On change de langue dans la même journée et sur un même territoire. C’est extrêmement variable d’une personne à l’autre.
Ça donne quoi au quotidien par exemple ?
Des situations inimaginables pour un Français. En famille, on a des conversations où on passe naturellement d’une langue à l’autre. On a des émissions de télévision où chacun s’exprime dans sa langue sans interprète, ni sous-titre, des couples de présentateurs où l’un parle en russe et l’autre en ukrainien. On peut avoir quelqu’un qui parle chez lui en ukrainien et qui, dans son contexte professionnel, parle en russe, ou l’inverse. Des cas plus complexes de quelqu’un qui parle avec ses collègues en russe, mais avec ses clients choisit l’ukrainien. On a aussi des agents du service public ayant l’obligation de parler ukrainien qui continuent par usage à parler russe.
A Dnipro, la ville est à dominance russophone, mais les banlieues parlent les deux et la campagne est ukrainophone. On a aussi le système mixte du sourjyk qui est un phénomène linguistique du même type que les langues créoles. Certains sont plus à l’aise dans une langue que l’autre, mais tout le monde est bilingue. Moi, par exemple, qui ai grandi dans un milieu russophone, quand je fais des calculs ça me vient en russe, quand je pense à l’Histoire ça me vient en ukrainien parce que ça m’a été enseigné ainsi.
Etre russophone ne signifie donc pas forcément être pro-russe ?
Bien sûr que non ! C’est d’ailleurs ce qu’on observe à Dnipro, à Kharkiv ou à Odessa. ll faut oublier les fameuses cartes qui datent pour la plupart de 2001 où l’on voit toujours l’est et le sud de l’Ukraine pro-Russie et le nord et l’ouest pro-Ukraine. C’est très approximatif aujourd’hui en 2023. Je crois que c’est ça que les Russes n’ont pas compris.
Le choix de la langue est-il devenu un enjeu encore plus important depuis le déclenchement de la guerre le 24 février 2022 ?
Avant la guerre, ce débat sur l’usage des langues existait déjà, mais, désormais, c’est devenu identitaire. Et le mouvement pour parler ukrainien est devenu massif. Des russophones ne veulent plus avoir rien en commun avec la culture russe et passent à l’ukrainien. Il y a, par exemple, une demande très forte pour davantage d’ukrainien dans l’enseignement. On a des élèves, des parents, qui considèrent que la maîtrise de l’ukrainien est importante pour l’avenir, y compris dans les moments informels comme la récréation. Mes collègues russophones me disent que, depuis un an, l’ukrainien est devenu quelque chose de plus présentable et plus distingué que le russe. C’est un signe de respect de le parler. Il faut comprendre que la guerre a apporté beaucoup de sensibilité. Il y a beaucoup de personnes déplacées, des anciens prisonniers de guerre, des civils qui ont vécu des atrocités. Et, pour eux, ces atrocités ont été commises en russe. Même les médias régionaux passent à l’ukrainien. Il y a encore des russophones qui s’y refusent, qui revendiquent leur liberté de choisir, mais ils ne me semblent pas nombreux.
Est-ce là une forme d’échec pour Vladimir Poutine ?
Tout à fait. On dit d’ailleurs que Poutine a rendu beaucoup de services aux nationalistes. La propagande pro-russe présentait la défense des russophones comme une raison du conflit alors qu’en réalité, ce n’était qu’un faux prétexte. Son intervention militaire a, au final, eu l’effet inverse sur la langue russe que celui escompté.
Cette langue russe est-elle amenée à disparaître d’Ukraine ?
Non, je ne pense pas, car le russe n’est pas interdit. Les ouvrages en russe sont toujours disponibles dans les bibliothèques. Mais je crois que les rôles vont s’inverser, que le russe deviendra peut-être minoritaire. Ça va prendre du temps mais c’est la tendance. L’école y joue beaucoup et le recul du russe y est net. Le passé soviétique parle de moins en moins aux jeunes.
https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4034262-20230926-guerre-ukraine-mouvement-parler-ukrainien-plutot-russe-devenu-massif?fbclid=IwAR0Wajsb2D8JLUTTrrhYw-eZGiKPVhHFXvHJp7uLOhxkO13nVmfd3TynYjA
INTERVIEW En Ukraine, on parle ukrainien, mais aussi russe. Et ce parfois dans une même conservation. Ukrainienne et linguiste, Viktoriya Nikolenko décrypte ce bilinguisme atypique et méconnu, bouleversé par la guerre
Propos recueillis par Frédéric Brenon
Publié le 26/09/23 à 18h12 — Mis à jour le 26/09/23 à 18h12
Ce mardi 26 septembre, l’Europe célèbre la Journée européenne des langues. Linguiste et enseignante en français langue étrangère, docteure en sciences du langage, Viktoriya Nikolenko, 43 ans, a grandi, étudié et travaillé en Ukraine. Actuellement installée à Nantes, elle se penche pour 20 Minutes sur la situation méconnue du bilinguisme dans son pays en guerre depuis un an et demi déjà.
Depuis quand les deux langues, l’ukrainien et le russe, coexistent-elles en Ukraine ?
C’est une longue histoire. Elle-même discutable, car on pense parfois que l’Ukraine a toujours été russe. Mais avant la conquête de l’empire russe [1793], il y a eu cinq siècles où l’Ukraine n’était pas liée à la Russie, on l’oublie souvent. La coexistence des deux langues commence donc à peu près au XVIIIe siècle. La grande majorité de la population était alors ukrainophone. La langue russe est apparue comme la langue de prestige, celle de l’empire. Elle était imposée, tandis que l’ukrainien, lui, était de plus en plus limité par la loi. Mais la russification la plus massive a véritablement eu lieu avec les Bolcheviks au XXe siècle. Toute une pléiade d’artistes et d’intellectuels ukrainiens remarquables ont fini emprisonnés ou exécutés à partir des années 1930, c’est ce qu’on appelle « la renaissance fusillée ». Leurs œuvres ont été éliminées. La terreur stalinienne a fait des millions de morts, parmi lesquels de nombreux urkrainophones vivant dans les campagnes. Parler l’ukrainien n’était pas interdit, mais les conditions étaient créées pour pousser les gens à adopter la langue russe, que ce soit dans les médias, les livres, le service militaire, l’enseignement supérieur…
L’indépendance de l’Ukraine en 1991 a-t-elle permis de redonner davantage de place à la langue ukrainienne ?
Elle a repris un peu de place dans les contenus, mais avec des hauts et des bas en fonction des présidents. L’ukrainien est devenu la langue officielle, mais la sphère publique était encore très russifiée. On a donc vu grandir une demande de la population pour avoir davantage d’ukrainien. Ce mouvement a été beaucoup plus prononcé à partir de 2014 avec l’annexion de la Crimée par la Russie de Poutine.
En quoi le bilinguisme en Ukraine est-il aussi original ?
Quand on parle des russophones et des ukrainophones, on a une vision un peu déformée, surtout pour le public occidental qui a l’habitude d’avoir cette représentation de deux communautés isolées, comme en Belgique, par exemple, où les francophones et les néerlandophones vivent de manière assez séparée. La spécificité de l’Ukraine, c’est que la plupart des Ukrainiens sont complètement bilingues. C’est très atypique. On change de langue dans la même journée et sur un même territoire. C’est extrêmement variable d’une personne à l’autre.
Ça donne quoi au quotidien par exemple ?
Des situations inimaginables pour un Français. En famille, on a des conversations où on passe naturellement d’une langue à l’autre. On a des émissions de télévision où chacun s’exprime dans sa langue sans interprète, ni sous-titre, des couples de présentateurs où l’un parle en russe et l’autre en ukrainien. On peut avoir quelqu’un qui parle chez lui en ukrainien et qui, dans son contexte professionnel, parle en russe, ou l’inverse. Des cas plus complexes de quelqu’un qui parle avec ses collègues en russe, mais avec ses clients choisit l’ukrainien. On a aussi des agents du service public ayant l’obligation de parler ukrainien qui continuent par usage à parler russe.
A Dnipro, la ville est à dominance russophone, mais les banlieues parlent les deux et la campagne est ukrainophone. On a aussi le système mixte du sourjyk qui est un phénomène linguistique du même type que les langues créoles. Certains sont plus à l’aise dans une langue que l’autre, mais tout le monde est bilingue. Moi, par exemple, qui ai grandi dans un milieu russophone, quand je fais des calculs ça me vient en russe, quand je pense à l’Histoire ça me vient en ukrainien parce que ça m’a été enseigné ainsi.
Etre russophone ne signifie donc pas forcément être pro-russe ?
Bien sûr que non ! C’est d’ailleurs ce qu’on observe à Dnipro, à Kharkiv ou à Odessa. ll faut oublier les fameuses cartes qui datent pour la plupart de 2001 où l’on voit toujours l’est et le sud de l’Ukraine pro-Russie et le nord et l’ouest pro-Ukraine. C’est très approximatif aujourd’hui en 2023. Je crois que c’est ça que les Russes n’ont pas compris.
Le choix de la langue est-il devenu un enjeu encore plus important depuis le déclenchement de la guerre le 24 février 2022 ?
Avant la guerre, ce débat sur l’usage des langues existait déjà, mais, désormais, c’est devenu identitaire. Et le mouvement pour parler ukrainien est devenu massif. Des russophones ne veulent plus avoir rien en commun avec la culture russe et passent à l’ukrainien. Il y a, par exemple, une demande très forte pour davantage d’ukrainien dans l’enseignement. On a des élèves, des parents, qui considèrent que la maîtrise de l’ukrainien est importante pour l’avenir, y compris dans les moments informels comme la récréation. Mes collègues russophones me disent que, depuis un an, l’ukrainien est devenu quelque chose de plus présentable et plus distingué que le russe. C’est un signe de respect de le parler. Il faut comprendre que la guerre a apporté beaucoup de sensibilité. Il y a beaucoup de personnes déplacées, des anciens prisonniers de guerre, des civils qui ont vécu des atrocités. Et, pour eux, ces atrocités ont été commises en russe. Même les médias régionaux passent à l’ukrainien. Il y a encore des russophones qui s’y refusent, qui revendiquent leur liberté de choisir, mais ils ne me semblent pas nombreux.
Est-ce là une forme d’échec pour Vladimir Poutine ?
Tout à fait. On dit d’ailleurs que Poutine a rendu beaucoup de services aux nationalistes. La propagande pro-russe présentait la défense des russophones comme une raison du conflit alors qu’en réalité, ce n’était qu’un faux prétexte. Son intervention militaire a, au final, eu l’effet inverse sur la langue russe que celui escompté.
Cette langue russe est-elle amenée à disparaître d’Ukraine ?
Non, je ne pense pas, car le russe n’est pas interdit. Les ouvrages en russe sont toujours disponibles dans les bibliothèques. Mais je crois que les rôles vont s’inverser, que le russe deviendra peut-être minoritaire. Ça va prendre du temps mais c’est la tendance. L’école y joue beaucoup et le recul du russe y est net. Le passé soviétique parle de moins en moins aux jeunes.
Caduce62- Messages : 15213
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Re: Langue ukrainienne
"Quand j'entends parler russe, j'ai envie de vomir"
Dans un récent article du journal Le Monde, un phénomène de basculement, qualifié d’acte de résistance, a été mis en lumière : depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des milliers d’Ukrainiens ont décidé de lâcher le russe, trop associé à la guerre et à ses crimes, et de suivre des cours d’ukrainien.
La population ukrainienne, à la suite de la chute de l’Union soviétique et de l’indépendance de l’Ukraine en 1991, s'exprimait dans les deux langues sans que cela ne soit considéré comme un problème. “En 2014, l’annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass ont marqué une première rupture : une partie de la population est passée à l’ukrainien par patriotisme, mais elle restait marginale.” souligne Le Monde. Depuis l’invasion russe en février 2022, la nation ukrainienne s’est consolidée entraînant une rupture avec la Russie et notamment avec sa langue. Alors que le russe était jugé comme prestigieux et que l’ukrainien était plutôt “éteint” et considéré comme un dialecte rural, la tendance s’est aujourd’hui inversée ; la langue officielle retrouve son éclat. A l’école par exemple, les cours sont donnés en ukrainien exclusivement.
Pour aider les personnes qui le souhaitent à apprendre l’ukrainien ou à le perfectionner, le mouvement Yedyni (club de langue) a été créé en février 2022. Le Monde est entré en immersion dans une classe, à Kiev, et a fait un petit tour d'horizon des raisons pour lesquelles les participants désiraient abandonner le russe. L’une explique : “J’ai toujours parlé russe avant l’invasion. Mais comme les Russes disent qu’ils sont venus ici pour sauver les russophones, j’ai décidé de passer à l’ukrainien. Comme ça, je ne leur laisserai plus ce prétexte.” Une autre poursuit : “Je viens de Bakhmout. Je veux me débarrasser du russe. Hélas, à Kiev, j’entends encore beaucoup de gens le parler, ça me déprime !”.
Plus loin dans la discussion, un homme de 47 ans, ne mâche pas ses mots et raconte à quel point le russe lui inspire désormais un rejet épidermique : “Quand j’entends parler russe, aujourd’hui, ça me donne envie de vomir, c’est physiologique”. Il ajoute, la colère dans la voix : “j’ai grandi dans un environnement totalement russophone. Mais puisque la Russie considère tous ceux qui parlent russe comme des Russes, alors qu’elle aille se faire f…..! Je choisis mon camp, pas celui de ces barbares.”
Pour une grande partie du peuple ukrainien, il arrivera un temps où plus personne ne parlera russe sur le territoire. Le Monde, dans son article, cite Ivanna Arestanova, la professeure du club de langue, et met en avant son avis moins tranché. “Tout dépend de la façon dont cette guerre va se terminer, estime la jeune femme. C’est toujours le vainqueur qui écrit l’histoire. En cas de défaite de l’Ukraine, elle pourrait de nouveau s’écrire en russe…”
AsD - Source : Le Monde
Dans un récent article du journal Le Monde, un phénomène de basculement, qualifié d’acte de résistance, a été mis en lumière : depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des milliers d’Ukrainiens ont décidé de lâcher le russe, trop associé à la guerre et à ses crimes, et de suivre des cours d’ukrainien.
La population ukrainienne, à la suite de la chute de l’Union soviétique et de l’indépendance de l’Ukraine en 1991, s'exprimait dans les deux langues sans que cela ne soit considéré comme un problème. “En 2014, l’annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass ont marqué une première rupture : une partie de la population est passée à l’ukrainien par patriotisme, mais elle restait marginale.” souligne Le Monde. Depuis l’invasion russe en février 2022, la nation ukrainienne s’est consolidée entraînant une rupture avec la Russie et notamment avec sa langue. Alors que le russe était jugé comme prestigieux et que l’ukrainien était plutôt “éteint” et considéré comme un dialecte rural, la tendance s’est aujourd’hui inversée ; la langue officielle retrouve son éclat. A l’école par exemple, les cours sont donnés en ukrainien exclusivement.
Pour aider les personnes qui le souhaitent à apprendre l’ukrainien ou à le perfectionner, le mouvement Yedyni (club de langue) a été créé en février 2022. Le Monde est entré en immersion dans une classe, à Kiev, et a fait un petit tour d'horizon des raisons pour lesquelles les participants désiraient abandonner le russe. L’une explique : “J’ai toujours parlé russe avant l’invasion. Mais comme les Russes disent qu’ils sont venus ici pour sauver les russophones, j’ai décidé de passer à l’ukrainien. Comme ça, je ne leur laisserai plus ce prétexte.” Une autre poursuit : “Je viens de Bakhmout. Je veux me débarrasser du russe. Hélas, à Kiev, j’entends encore beaucoup de gens le parler, ça me déprime !”.
Plus loin dans la discussion, un homme de 47 ans, ne mâche pas ses mots et raconte à quel point le russe lui inspire désormais un rejet épidermique : “Quand j’entends parler russe, aujourd’hui, ça me donne envie de vomir, c’est physiologique”. Il ajoute, la colère dans la voix : “j’ai grandi dans un environnement totalement russophone. Mais puisque la Russie considère tous ceux qui parlent russe comme des Russes, alors qu’elle aille se faire f…..! Je choisis mon camp, pas celui de ces barbares.”
Pour une grande partie du peuple ukrainien, il arrivera un temps où plus personne ne parlera russe sur le territoire. Le Monde, dans son article, cite Ivanna Arestanova, la professeure du club de langue, et met en avant son avis moins tranché. “Tout dépend de la façon dont cette guerre va se terminer, estime la jeune femme. C’est toujours le vainqueur qui écrit l’histoire. En cas de défaite de l’Ukraine, elle pourrait de nouveau s’écrire en russe…”
AsD - Source : Le Monde
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