Carte postale d'Ukraine : "Hulk Hogan vend des kebabs à Donetsk"
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Carte postale d'Ukraine : "Hulk Hogan vend des kebabs à Donetsk"
Carte postale d'Ukraine : "Hulk Hogan vend des kebabs à Donetsk"
Nouvel Observateur le 16-06-2012 Par Samuel Auffray
Vikter a quitté le Liban à six ans à cause de la guerre avec Israël. A 43 printemps, il a posé son sac en Ukraine après avoir vadrouillé en France, à Chypre et en Russie.
Vikter dans son échoppe (SA - Le nouvel Observateur)
Il trône, souriant, dans sa petite guérite d’une rue sans cachet du centre de Donetsk. Vikter, patron du "Beyrouth", une boutique de kebab, porte de majestueuses moustaches teintes en blond qui lui donnent un air à la Hulk Hogan, le célèbre catcheur américain. Tous deux partagent la carrure, les nombreux tatouages et le port élégant du "marcel". Son petit plus : un piercing à l’arcade sourcilière et des anneaux dans les deux oreilles. Son moins : il mesure 1m70 seulement.
"J’ai quitté le Liban à cause de la guerre, je n’avais que six ans." Il en a aujourd’hui 43 et s’est installé dans "ce coin perdu", à l’est de l’Ukraine, après des passages en France (3 mois), à Chypre et en Russie. Il vit là depuis huit ans et y a rencontré sa femme ukrainienne, une brune élancée d'une trentaine d'année, avec qui il a une fille : Carina, 5 ans.
La petite passe ses journées au milieu de la cuisine dans les jambes de ses deux parents. Elle parle russe et ukrainien mais comprend le français et l’anglais. Sans n'avoir jamais mis les pieds à l’école, non obligatoire avant l’âge de sept ans. "De toute façon, ici, ils apprennent d’abord le russe, l’ukrainien et l’anglais ne sont qu’optionnels", explique Vikter, posant sur son ventre sa main tenant une énième Marlboro Light (1,10 euro le paquet ici, 11 Hrivnias).
Vikter a "démarré de rien" après avoir quitté le "grand pays d’à côté". Pour ouvrir son échoppe, il a d’abord dû faire la connaissance de sa femme. "Ici, si tu n’es ni Russe, ni Ukrainien, tu ne peux rien faire." Le tenancier du bar le "New-York" racontait sensiblement la même histoire. Un moment, ils en ont même tenu deux mais "ce n'était plus possible" avec des horaires d'ouverture de 10h à 23h.
"Mon travail m'a aussi offert beaucoup de rencontres. Je connais au moins deux milles étudiants", rigole-t-il en montrant l’université toute proche. "Et puis je me suis fait des amis de Miami, de Boston, car beaucoup d’américains viennent donner des cours d’anglais ici". Pour rendre visite à ses potes, le problème est financier : "Je ne gagne que de l’argent de poche ici. Des mois ça va, d’autres non." Il se situe autour de la moyenne : 200 euros environ.
Avec la lucidité de ceux qui en ont vu beaucoup, il décrit la vie à Donestk : "Tout le monde doit bosser pour survivre. C’est pour ça que, quand vous posez des questions sur la politique, personne n’y répond. Ce qu'ils veulent les gens, c'est manger ! Et surtout les choses ne sont pas pires qu'avant." Partout, les gens racontent que le président Ianoukovitch et le président du club de football local, Rinat Akhmetov - du clan dit "de Donetsk" - soignent leur région d’origine en construisant des centres médicaux et des écoles". Pour certains, les jours de match sont également chômés durant l'Euro. Pas pour Vikter : "Moi, c'est maintenant que je gagne ma vie !"
Devant le cabanon, la petit Carina joue avec un ballon de baudruche. Fatiguée de la cuisine, elle rêve d’aller se promener au parc tout proche. Pas le temps. Vikter, lui, espère juste revoir le Liban. "Mais pas avant d’avoir gagné suffisant d’argent".
Nouvel Observateur le 16-06-2012 Par Samuel Auffray
Vikter a quitté le Liban à six ans à cause de la guerre avec Israël. A 43 printemps, il a posé son sac en Ukraine après avoir vadrouillé en France, à Chypre et en Russie.
Vikter dans son échoppe (SA - Le nouvel Observateur)
Il trône, souriant, dans sa petite guérite d’une rue sans cachet du centre de Donetsk. Vikter, patron du "Beyrouth", une boutique de kebab, porte de majestueuses moustaches teintes en blond qui lui donnent un air à la Hulk Hogan, le célèbre catcheur américain. Tous deux partagent la carrure, les nombreux tatouages et le port élégant du "marcel". Son petit plus : un piercing à l’arcade sourcilière et des anneaux dans les deux oreilles. Son moins : il mesure 1m70 seulement.
"J’ai quitté le Liban à cause de la guerre, je n’avais que six ans." Il en a aujourd’hui 43 et s’est installé dans "ce coin perdu", à l’est de l’Ukraine, après des passages en France (3 mois), à Chypre et en Russie. Il vit là depuis huit ans et y a rencontré sa femme ukrainienne, une brune élancée d'une trentaine d'année, avec qui il a une fille : Carina, 5 ans.
La petite passe ses journées au milieu de la cuisine dans les jambes de ses deux parents. Elle parle russe et ukrainien mais comprend le français et l’anglais. Sans n'avoir jamais mis les pieds à l’école, non obligatoire avant l’âge de sept ans. "De toute façon, ici, ils apprennent d’abord le russe, l’ukrainien et l’anglais ne sont qu’optionnels", explique Vikter, posant sur son ventre sa main tenant une énième Marlboro Light (1,10 euro le paquet ici, 11 Hrivnias).
Vikter a "démarré de rien" après avoir quitté le "grand pays d’à côté". Pour ouvrir son échoppe, il a d’abord dû faire la connaissance de sa femme. "Ici, si tu n’es ni Russe, ni Ukrainien, tu ne peux rien faire." Le tenancier du bar le "New-York" racontait sensiblement la même histoire. Un moment, ils en ont même tenu deux mais "ce n'était plus possible" avec des horaires d'ouverture de 10h à 23h.
"Mon travail m'a aussi offert beaucoup de rencontres. Je connais au moins deux milles étudiants", rigole-t-il en montrant l’université toute proche. "Et puis je me suis fait des amis de Miami, de Boston, car beaucoup d’américains viennent donner des cours d’anglais ici". Pour rendre visite à ses potes, le problème est financier : "Je ne gagne que de l’argent de poche ici. Des mois ça va, d’autres non." Il se situe autour de la moyenne : 200 euros environ.
Avec la lucidité de ceux qui en ont vu beaucoup, il décrit la vie à Donestk : "Tout le monde doit bosser pour survivre. C’est pour ça que, quand vous posez des questions sur la politique, personne n’y répond. Ce qu'ils veulent les gens, c'est manger ! Et surtout les choses ne sont pas pires qu'avant." Partout, les gens racontent que le président Ianoukovitch et le président du club de football local, Rinat Akhmetov - du clan dit "de Donetsk" - soignent leur région d’origine en construisant des centres médicaux et des écoles". Pour certains, les jours de match sont également chômés durant l'Euro. Pas pour Vikter : "Moi, c'est maintenant que je gagne ma vie !"
Devant le cabanon, la petit Carina joue avec un ballon de baudruche. Fatiguée de la cuisine, elle rêve d’aller se promener au parc tout proche. Pas le temps. Vikter, lui, espère juste revoir le Liban. "Mais pas avant d’avoir gagné suffisant d’argent".
Caduce62- Messages : 15239
Date d'inscription : 05/01/2010
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