Encore un peu d'eau dans le gaz
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Encore un peu d'eau dans le gaz
Encore un peu d'eau dans le gaz
17 octobre, 2011
Vladimir Babkine, pour La Russie d'Aujourd'hui
Les dirigeants de Russie, d'Union européenne et des Etats-Unis ont réagi négativement suite à la condamnation de l'ancienne Première ministre d'Ukraine, Ioulia Timochenko, y voyant des motivations extrajudiciaires. Mais le plus important est peut-être que, pour la première fois, les accords sur les livraisons de gaz russe sont de facto considérés comme illégaux par un tribunal. Une occasion rêvée pour réviser le système actuel d’approvisionnement énergétique de l'Europe.
Encore un peu dUkraine en 2009. Autrement dit, elle aurait accepté des prix délibérément gonflés. Le jugement prévoit sept ans de prison, l'interdiction d'exercer des fonctions publiques pendant trois ans et une amende de 1,5 milliard de hryvnias (environ 138 millions d’euros) en faveur de la compagnie énergétique Naftogaz.
Par la suite, le Service de Sécurité de l’Ukraine a engagé un procès contre Ioulia Timochenko qui a été accusée de « dépossession et détournement de fonds par abus de fonction » ainsi que de « tentative de détournement des fonds en grande quantité ». Elle risque à présent d’être condamnée à 12 ans de prison.
Peu après l'énoncé de la condamnation, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié l'affaire Timochenko de hautement politisée. « Nous ne pouvons pas accepter qu’un contrat agissant légalement, qui reste en vigueur et n'a jamais été contesté juridiquement, puisse servir de prétexte à la décision de justice qui a été rendue aujourd'hui », a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères. Dans un communiqué officiel, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que l'ensemble de la saga liée aux accusations contre Ioulia Timochenko revêtait une « évidente connotation antirusse ». Selon le journal Kommersant, la réaction vigoureuse du ministère des Affaires étrangères a été exigée par le président russe Dmitri Medvedev.
« Mettre en doute l'ensemble des ententes est dangereux et contreproductif », a déclaré pour sa part le Premier ministre russe Vladimir Poutine. En 2009, c'est précisément lui qui a débattu et convenu avec Ioulia Timochenko des conditions d'approvisionnement et de transit de gaz.
En tant que l'un des principaux participants aux négociations, M. Poutine s'est dit surpris : « Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle a écopé de sept ans », a-t-il indiqué. « Timochenko n'a rien signé, les contrats gaziers russo-ukrainiens ont été signés en janvier 2009, au niveau des entreprises Gazprom et Naftogaz Ukraine, ce qui a été fait en pleine conformité avec les lois de la Russie, de l'Ukraine et la réglementation internationale ».
C’est à peu près aux mêmes arguments qu’était arrivée la défense de Ioulia Timochenko. Toutefois, le juge Rodion Kireïev ne les a pas trouvés concluants. Selon lui, il est prouvé que la première ministre a personnellement décidé la conclusion avec la Russie des accords gaziers, qui ont porté préjudice à l’Ukraine.
L’Europe et les Etats-Unis soulignent essentiellement les aspects juridiques et humanitaires du problème. La porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Maja Kocijancic a déclaré que « l'UE était très déçue par le jugement » et que la cour « ne respectait pas les normes internationales de convenance, de transparence et d'indépendance du processus judiciaire ». Les déclarations de la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton indiquent que l'UE pourrait réviser sa politique envers l'Ukraine. Le sens dans lequel cette politique sera revue ne fait aucun doute. Le porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland qualifie l’enquête de « politiquement motivée », la décision de la Cour générant une « sérieuse préoccupation au sujet de l’attachement du gouvernement ukrainien à la démocratie et à la loi ».
En effet, Ioulia Timochenko est un adversaire de longue date et implacable du Président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Il est donc logique de supposer que ce dernier a initié les poursuites judiciaires sur des motifs politiques et utilisé son pouvoir pour que soit rendu la condamnation. Mais il existe apparemment un autre objectif, purement mercantile : faire baisser le prix du gaz russe et (ou) augmenter le tarif du transit vers l'Europe.
A Kiev, on se prépare évidemment à une nouvelle phase de la « guerre du gaz » avec Moscou, la condamnation de Ioulia Timochenko constituant à la fois le casus belli et l'arme principale. « L'accord est illégal, donc il doit être annulé », estime-t-on, apparemment, à Kiev. Moscou a déjà fait savoir que les contrats n’étaient pas sujets à révision. Par conséquent, le plus probable est que le conflit aille crescendo.
Mais quelle que soit l'issue de cette bataille (si elle est engagée), elle n'apportera aucun avantage à ses participants et aux tierces parties (principalement les pays européens), tout comme les joutes précédentes.
Avant même la bataille, l’Ukraine a déjà subi une lourde défaite. Après avoir énoncé un jugement « incorrect et opaque », sa progression « sur le vecteur européen » ralentira de façon nette et prolongée.
Histoire des guerres gazières
Environ 100 milliards de mètres cubes de gaz russe sont acheminés chaque année vers les pays européens par le territoire de l’Ukraine.
Suite à la chute de l’URSS en 1991, l'Ukraine importait du gaz russe pour sa propre consommation à un prix réduit et affichait déjà, cependant, de fortes dettes en 1993. En réponse à la menace de Moscou de « fermer les vannes », Kiev a menacé de couper le transit de gaz vers l'Europe. La dette augmentait, mais pour des raisons politiques, la Russie n'a pas recouru à des mesures extrêmes. Par ailleurs, l’Ukraine a conservé pour le gaz un prix réduit (50 dollars pour 1000 mètres cubes).
En 2004, l'Ukraine a été le théâtre de la « Révolution orange », la politique du pays marquant un net virage vers l'occident. Le temps des ristournes octroyées par l'ancienne république fraternelle était terminé. Kiev a commencé à exiger des prix plus élevés pour le transit, et la Russie pour le gaz consommé par l’Ukraine. Jusque fin 2005, les négociations n'ont débouché sur aucun résultat, et le 1er janvier 2006, Gazprom a coupé l'approvisionnement de l'Ukraine, continuant à exporter du gaz sur son territoire et accusant Kiev de siphonner du combustible. Trois jours plus tard, un accord de compromis pour une période de cinq ans a été signé. Mais trois ans plus tard jour pour jour, les livraisons de gaz à l'Ukraine et via ce pays vers l'Europe ont été suspendues pendant presque deux semaines. Une nouvelle fois, des dettes et des différends inconciliables sur les prix avaient vu le jour.
Le 19 janvier 2009, après d'âpres négociations, de nouveaux contrats ont été signés. Pour la première fois, ceux-ci stipulaient clairement la formule de tarification du gaz, permettant la reprise des fournitures. C'est précisément pour ces contrats qu’a été condamnée Ioulia Timochenko. Mais les accords, eux, restent en vigueur.
Si même la presse Russe prend ces positions . . . C'est que ça manque d'huile comme dit Caduce.
17 octobre, 2011
Vladimir Babkine, pour La Russie d'Aujourd'hui
Les dirigeants de Russie, d'Union européenne et des Etats-Unis ont réagi négativement suite à la condamnation de l'ancienne Première ministre d'Ukraine, Ioulia Timochenko, y voyant des motivations extrajudiciaires. Mais le plus important est peut-être que, pour la première fois, les accords sur les livraisons de gaz russe sont de facto considérés comme illégaux par un tribunal. Une occasion rêvée pour réviser le système actuel d’approvisionnement énergétique de l'Europe.
Encore un peu dUkraine en 2009. Autrement dit, elle aurait accepté des prix délibérément gonflés. Le jugement prévoit sept ans de prison, l'interdiction d'exercer des fonctions publiques pendant trois ans et une amende de 1,5 milliard de hryvnias (environ 138 millions d’euros) en faveur de la compagnie énergétique Naftogaz.
Par la suite, le Service de Sécurité de l’Ukraine a engagé un procès contre Ioulia Timochenko qui a été accusée de « dépossession et détournement de fonds par abus de fonction » ainsi que de « tentative de détournement des fonds en grande quantité ». Elle risque à présent d’être condamnée à 12 ans de prison.
Peu après l'énoncé de la condamnation, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié l'affaire Timochenko de hautement politisée. « Nous ne pouvons pas accepter qu’un contrat agissant légalement, qui reste en vigueur et n'a jamais été contesté juridiquement, puisse servir de prétexte à la décision de justice qui a été rendue aujourd'hui », a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères. Dans un communiqué officiel, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que l'ensemble de la saga liée aux accusations contre Ioulia Timochenko revêtait une « évidente connotation antirusse ». Selon le journal Kommersant, la réaction vigoureuse du ministère des Affaires étrangères a été exigée par le président russe Dmitri Medvedev.
« Mettre en doute l'ensemble des ententes est dangereux et contreproductif », a déclaré pour sa part le Premier ministre russe Vladimir Poutine. En 2009, c'est précisément lui qui a débattu et convenu avec Ioulia Timochenko des conditions d'approvisionnement et de transit de gaz.
En tant que l'un des principaux participants aux négociations, M. Poutine s'est dit surpris : « Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle a écopé de sept ans », a-t-il indiqué. « Timochenko n'a rien signé, les contrats gaziers russo-ukrainiens ont été signés en janvier 2009, au niveau des entreprises Gazprom et Naftogaz Ukraine, ce qui a été fait en pleine conformité avec les lois de la Russie, de l'Ukraine et la réglementation internationale ».
C’est à peu près aux mêmes arguments qu’était arrivée la défense de Ioulia Timochenko. Toutefois, le juge Rodion Kireïev ne les a pas trouvés concluants. Selon lui, il est prouvé que la première ministre a personnellement décidé la conclusion avec la Russie des accords gaziers, qui ont porté préjudice à l’Ukraine.
L’Europe et les Etats-Unis soulignent essentiellement les aspects juridiques et humanitaires du problème. La porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Maja Kocijancic a déclaré que « l'UE était très déçue par le jugement » et que la cour « ne respectait pas les normes internationales de convenance, de transparence et d'indépendance du processus judiciaire ». Les déclarations de la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton indiquent que l'UE pourrait réviser sa politique envers l'Ukraine. Le sens dans lequel cette politique sera revue ne fait aucun doute. Le porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland qualifie l’enquête de « politiquement motivée », la décision de la Cour générant une « sérieuse préoccupation au sujet de l’attachement du gouvernement ukrainien à la démocratie et à la loi ».
En effet, Ioulia Timochenko est un adversaire de longue date et implacable du Président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Il est donc logique de supposer que ce dernier a initié les poursuites judiciaires sur des motifs politiques et utilisé son pouvoir pour que soit rendu la condamnation. Mais il existe apparemment un autre objectif, purement mercantile : faire baisser le prix du gaz russe et (ou) augmenter le tarif du transit vers l'Europe.
A Kiev, on se prépare évidemment à une nouvelle phase de la « guerre du gaz » avec Moscou, la condamnation de Ioulia Timochenko constituant à la fois le casus belli et l'arme principale. « L'accord est illégal, donc il doit être annulé », estime-t-on, apparemment, à Kiev. Moscou a déjà fait savoir que les contrats n’étaient pas sujets à révision. Par conséquent, le plus probable est que le conflit aille crescendo.
Mais quelle que soit l'issue de cette bataille (si elle est engagée), elle n'apportera aucun avantage à ses participants et aux tierces parties (principalement les pays européens), tout comme les joutes précédentes.
Avant même la bataille, l’Ukraine a déjà subi une lourde défaite. Après avoir énoncé un jugement « incorrect et opaque », sa progression « sur le vecteur européen » ralentira de façon nette et prolongée.
Histoire des guerres gazières
Environ 100 milliards de mètres cubes de gaz russe sont acheminés chaque année vers les pays européens par le territoire de l’Ukraine.
Suite à la chute de l’URSS en 1991, l'Ukraine importait du gaz russe pour sa propre consommation à un prix réduit et affichait déjà, cependant, de fortes dettes en 1993. En réponse à la menace de Moscou de « fermer les vannes », Kiev a menacé de couper le transit de gaz vers l'Europe. La dette augmentait, mais pour des raisons politiques, la Russie n'a pas recouru à des mesures extrêmes. Par ailleurs, l’Ukraine a conservé pour le gaz un prix réduit (50 dollars pour 1000 mètres cubes).
En 2004, l'Ukraine a été le théâtre de la « Révolution orange », la politique du pays marquant un net virage vers l'occident. Le temps des ristournes octroyées par l'ancienne république fraternelle était terminé. Kiev a commencé à exiger des prix plus élevés pour le transit, et la Russie pour le gaz consommé par l’Ukraine. Jusque fin 2005, les négociations n'ont débouché sur aucun résultat, et le 1er janvier 2006, Gazprom a coupé l'approvisionnement de l'Ukraine, continuant à exporter du gaz sur son territoire et accusant Kiev de siphonner du combustible. Trois jours plus tard, un accord de compromis pour une période de cinq ans a été signé. Mais trois ans plus tard jour pour jour, les livraisons de gaz à l'Ukraine et via ce pays vers l'Europe ont été suspendues pendant presque deux semaines. Une nouvelle fois, des dettes et des différends inconciliables sur les prix avaient vu le jour.
Le 19 janvier 2009, après d'âpres négociations, de nouveaux contrats ont été signés. Pour la première fois, ceux-ci stipulaient clairement la formule de tarification du gaz, permettant la reprise des fournitures. C'est précisément pour ces contrats qu’a été condamnée Ioulia Timochenko. Mais les accords, eux, restent en vigueur.
Si même la presse Russe prend ces positions . . . C'est que ça manque d'huile comme dit Caduce.
Re: Encore un peu d'eau dans le gaz
On pourrait se chauffer à l'huile au lieu du gaz mais quelle odeur de friture en Europe
Caduce62- Messages : 15238
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Re: Encore un peu d'eau dans le gaz
Bah, on est bien habitué ici en Belgique . . .
Un petit tour sur des médias Russes:
Réglements de comptes au sommet
17 octobre, 2011
Préparé par Veronika Dorman pour La Russie d'Aujourd'hui
Ioulia Timochenko, ex-Premier ministre et chef de l’opposition ukrainienne, a été condamnée à sept ans de prison et à une amende de 137 millions d’euros, accusée d’avoir signé des contrats gaziers désavantageux avec la Russie. On soupçonne le Président Ianoukovitch d’utiliser la justice contre sa rivale à des fins politiques. Les relations de l’Ukraine avec la Russie d’une part, et avec l’Union européenne de l’autre, devraient en pâtir.
Victoire douteuse
Éditorial
Vedomosti
En utilisant le tribunal pour régler son compte à sa rivale, Ianoukovitch a remporté une victoire indéniable. Mais le prix de cette victoire est la dégradation de l’institution judiciaire en tant que pouvoir indépendant. Peut-être Ianoukovitch et Timochenko sont-ils encore en train de négocier en privé et le verdict sera-t-il allégé. Derrière le conflit politique se cache une lutte pour les actifs et les intérêts, et l’histoire n’est pas terminée. Mais à la surface, on ne voit que l’emprisonnement d’un concurrent politique. Ianoukovitch a rejoint la bande nombreuse des dirigeants qui, en accédant au pouvoir, envoient derrière les barreaux leurs rivaux d’hier.
La martyre Sainte Ioulia
Mikhail Rostovski
Moskovski komsomolets
En envoyant Timochenko en prison, Ianoukovitch lui a infligé une souffrance physique et morale. Mais du point de vue politique, il s’est tiré une balle dans le pied. Les chances de la « martyre » Timochenko de devenir le prochain leader de l’Ukraine se sont accrues considérablement. Rien ne sert de faire peur à Timochenko en l’incarcérant : elle n’a pas hésité à aller derrière les barreaux sous l’ancien Président Koutchma, alors qu’elle était vice-Premier ministre du pays. Et ce séjour l’avait renforcée politiquement, en lui conférant le statut de victime, souffrant pour la vérité, et persécutée par les « mauvais gnomes » de l’administration présidentielle.
L’UE se sent trahie
Elena Tchernenko
Kommersant
« L’Europe ne va pas mettre en danger ses relations avec l’Ukraine au nom de Timochenko » , assure une source au sein du gouvernement ukrainien, « l’UE ne va pas isoler l’Ukraine et la pousser dans les bras de la Russie pour une fonctionnaire corrompue » . Côté européen, on n’est pas du tout d’accord. « L’Ukraine a plus besoin de l’UE que l’inverse » , a déclaré un membre du Parlement européen. La Commission européenne compte sur un règlement de la situation en appel, grâce à la décriminalisation de l’article du code pénal en vertu duquel l’ex-Premier ministre a été condamnée. Kiev a exactement deux mois pour sauver ses relations avec l’UE.
Un petit tour sur des médias Russes:
Réglements de comptes au sommet
17 octobre, 2011
Préparé par Veronika Dorman pour La Russie d'Aujourd'hui
Ioulia Timochenko, ex-Premier ministre et chef de l’opposition ukrainienne, a été condamnée à sept ans de prison et à une amende de 137 millions d’euros, accusée d’avoir signé des contrats gaziers désavantageux avec la Russie. On soupçonne le Président Ianoukovitch d’utiliser la justice contre sa rivale à des fins politiques. Les relations de l’Ukraine avec la Russie d’une part, et avec l’Union européenne de l’autre, devraient en pâtir.
Victoire douteuse
Éditorial
Vedomosti
En utilisant le tribunal pour régler son compte à sa rivale, Ianoukovitch a remporté une victoire indéniable. Mais le prix de cette victoire est la dégradation de l’institution judiciaire en tant que pouvoir indépendant. Peut-être Ianoukovitch et Timochenko sont-ils encore en train de négocier en privé et le verdict sera-t-il allégé. Derrière le conflit politique se cache une lutte pour les actifs et les intérêts, et l’histoire n’est pas terminée. Mais à la surface, on ne voit que l’emprisonnement d’un concurrent politique. Ianoukovitch a rejoint la bande nombreuse des dirigeants qui, en accédant au pouvoir, envoient derrière les barreaux leurs rivaux d’hier.
La martyre Sainte Ioulia
Mikhail Rostovski
Moskovski komsomolets
En envoyant Timochenko en prison, Ianoukovitch lui a infligé une souffrance physique et morale. Mais du point de vue politique, il s’est tiré une balle dans le pied. Les chances de la « martyre » Timochenko de devenir le prochain leader de l’Ukraine se sont accrues considérablement. Rien ne sert de faire peur à Timochenko en l’incarcérant : elle n’a pas hésité à aller derrière les barreaux sous l’ancien Président Koutchma, alors qu’elle était vice-Premier ministre du pays. Et ce séjour l’avait renforcée politiquement, en lui conférant le statut de victime, souffrant pour la vérité, et persécutée par les « mauvais gnomes » de l’administration présidentielle.
L’UE se sent trahie
Elena Tchernenko
Kommersant
« L’Europe ne va pas mettre en danger ses relations avec l’Ukraine au nom de Timochenko » , assure une source au sein du gouvernement ukrainien, « l’UE ne va pas isoler l’Ukraine et la pousser dans les bras de la Russie pour une fonctionnaire corrompue » . Côté européen, on n’est pas du tout d’accord. « L’Ukraine a plus besoin de l’UE que l’inverse » , a déclaré un membre du Parlement européen. La Commission européenne compte sur un règlement de la situation en appel, grâce à la décriminalisation de l’article du code pénal en vertu duquel l’ex-Premier ministre a été condamnée. Kiev a exactement deux mois pour sauver ses relations avec l’UE.
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