Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
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Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
Bon, alors photos foirées, ci-dessus, rewind !!!
Alors il semble que la dure bataille d'encerclement d'Ilovaïsk menée par les rebelles grâce à l'aide massive des russes a néanmoins permis aux bataillons "Donbass" et "Dniepr-1" d'échapper à l'encerclement, même en sacrifaint leur matériel lourd (ça n'est pas grave, le matériel militaire est plus facile à remplacer que le "matériel humain" de valeur...)
Je vous poste ci-dessous des images d'espoir mais aussi des images crues de guerre de ces bataillons qui ont combattu encerclés par les Russes et les "terroristes" bon, finalement, c'est la même chose !
Images crues d'une guerre qui ne dit pas son nom ! Certaines pleines d'humanité et d'autres dures et cruelles...
Actualité du Bataillon "Donbass" qui a été encerclé à Ilovaïsk et qui s'en est sorti au prix de nombreux morts et blessés...
Alors il semble que la dure bataille d'encerclement d'Ilovaïsk menée par les rebelles grâce à l'aide massive des russes a néanmoins permis aux bataillons "Donbass" et "Dniepr-1" d'échapper à l'encerclement, même en sacrifaint leur matériel lourd (ça n'est pas grave, le matériel militaire est plus facile à remplacer que le "matériel humain" de valeur...)
Je vous poste ci-dessous des images d'espoir mais aussi des images crues de guerre de ces bataillons qui ont combattu encerclés par les Russes et les "terroristes" bon, finalement, c'est la même chose !
Images crues d'une guerre qui ne dit pas son nom ! Certaines pleines d'humanité et d'autres dures et cruelles...
Actualité du Bataillon "Donbass" qui a été encerclé à Ilovaïsk et qui s'en est sorti au prix de nombreux morts et blessés...
Krispoluk- Messages : 9858
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
NEWS du Front :
Le Bataillon de volontaires "Aïdar" a décidé de résister sur ses positions à Schastiè. Il se retranche actuellement sur le site de la centrale électro-thermique qui alimente Lugansk en compagnie de 4 bataillons de Police et selon son commandant Sergueï Melnitchuk, ils se prépare à contre-attaquer les russes et les terroristes...
Source : http://rus.newsru.ua/ukraine/03sep2014/tes_schastie.html
Le Bataillon de volontaires "Aïdar" a décidé de résister sur ses positions à Schastiè. Il se retranche actuellement sur le site de la centrale électro-thermique qui alimente Lugansk en compagnie de 4 bataillons de Police et selon son commandant Sergueï Melnitchuk, ils se prépare à contre-attaquer les russes et les terroristes...
Source : http://rus.newsru.ua/ukraine/03sep2014/tes_schastie.html
Krispoluk- Messages : 9858
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
Il faut admirer leur courage, c'est tout ce qui me vient à l'esprit . . .
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
Un témoignage d'un militaire Russe de la 76e Division d'assaut aéroportée qui rapporte au journaliste russe comment sa compagnie envoyée au Donbass a été décimée en quelques minutes par les tirs ukrainiens en perdant 80% de ses effectifs (80 morts et blessés sur une centaine) et sur l'incompétence des officiers russes...
Source : Pskovskaya Guberniya du 3 septembre (avant que la censure Moscovite ne fasse supprimer cet article sur les "morts invisibles" d'une "armée russe invisible" dans un "conflit qui n'existe pas")
Lien : http://gubernia.pskovregion.org/number_706/00.php
Photo explicite du résultat de la "Pax Sovietica" en Ukraine :
Source : Pskovskaya Guberniya du 3 septembre (avant que la censure Moscovite ne fasse supprimer cet article sur les "morts invisibles" d'une "armée russe invisible" dans un "conflit qui n'existe pas")
Lien : http://gubernia.pskovregion.org/number_706/00.php
Photo explicite du résultat de la "Pax Sovietica" en Ukraine :
Krispoluk- Messages : 9858
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
En Ukraine, avec les enfants « sans rêve »
Par Claire Gatinois
Publié hier à 00h44, mis à jour hier à 05h57
Le conflit qui secoue le pays depuis 2014 a de lourdes conséquences psychologiques pour de nombreux mineurs, confrontés à la violence et aux déplacements forcés.
La mère parle de la guerre à son fils. De ses cauchemars d’enfant. De cette paix qui ressemble à une utopie. Mais jamais Ioulia Lovena n’essaie d’expliquer pourquoi la maison où ils vivaient tous deux a été bombardée. « Personne, ni lui ni moi, ne sait pourquoi on se bat. Alors… », tranche-t-elle sans se départir d’un ton sans chagrin ni colère. La jeune femme aux yeux couleur de glace bleutée poursuit son récit sans retirer son bonnet d’où s’échappe une mèche blonde. Nous voici projetés cinq ans en arrière à Pervomaïsk, ville industrielle de l’Est de l’Ukraine.
En 2014, Ioulia habite avec son enfant et ses parents. Agée de 26 ans, elle est employée à l’usine et mène une vie humble, sans passion ni drame. Le père du petit, dont elle a divorcé, est parti depuis longtemps. « Il n’était pas mûr pour avoir un enfant », pense-t-elle. Dans le haut de la rue Lermontov, sa maison fait face à une école abandonnée, devenue le fief des séparatistes et de leurs parrains russes. Ces rebelles, menaçants, ripostent à la prise de pouvoir, à Kiev, des proeuropéens galvanisés par la « révolution de Maïdan », du nom de cette place de la capitale où tout a commencé.
Barrage de l’armée ukrainienne sur une route à la sortie du village de Rodina, le 19 novembre. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Cette révolte, ni Ioulia ni ses amis n’y comprennent grand-chose. Mais c’est peu de temps après Maïdan et l’annexion de la Crimée par la Russie que la jeune femme croise chaque jour avec Anton, 5 ans, des hommes en treillis, kalashnikov en bandoulière. Elle a peur, son fils aussi. Cette ville, où elle a toujours vécu en tant qu’Ukrainienne, appartient depuis quelques mois à la « République populaire de Lougansk », un Etat de pacotille à ce stade. Un champ de bataille, surtout, où les séparatistes s’opposent à l’armée ukrainienne au milieu de civils apeurés. Selon l’Organisation des nations unies, le conflit a fait plus de 13 000 morts en cinq ans, dont quelque 3 300 civils dans l’ensemble du pays.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi La paix en Ukraine toujours lointaine
Nous sommes en décembre de cette maudite année 2014. C’est la nuit. Ioulia ne dort pas. Les obus tombent si près ! La terre tremble. « Je voyais la lumière à travers les rideaux en plastique », dit-elle. Soudain, un éclat d’obus transperce le toit. Elle prend Anton dans ses bras et se plaque contre le mur. Le garçon la serre si fort qu’elle manque d’étouffer, puis il murmure : « Maman, je ne veux pas mourir, je veux vivre. » « Dit-on des choses comme ça à 5 ans ? », demande-t-elle aujourd’hui. Après cette nuit, Ioulia est partie vivre dans l’appartement d’une amie avant de fuir, en bus, avec une petite valise dans chaque main et le chien en peluche d’Anton sous le bras, en direction de la cité minière de Hirske, plus à l’ouest, en territoire ukrainien.
Elle se pense à l’abri, loin des cauchemars et d’un quotidien ponctué de bruits d’obus, de cris et de descentes précipitées dans les caves. Mais c’est à ce moment-là que le comportement du garçonnet se met à changer. A la maison, c’est un ange ; à l’école, un démon. Il devient agressif et irritable. « Il ne contrôlait pas ses émotions, attaquait les autres enfants, volait les jouets des filles », raconte Ioulia. Anton reste seul, tantôt muré dans le silence, tantôt hyperactif. Une pédopsychiatre pense qu’il est maltraité, que sa mère est trop autoritaire, avant de se rendre à l’évidence : il souffre de syndrome post-traumatique.
Les années ont passé. Après un long suivi, Anton a su discipliner ses humeurs, calmer ses angoisses. « Il veut être Brad Pitt », s’amuse sa mère. Mais à défaut d’Hollywood, il songe toujours à Pervomaïsk. « Il veut rentrer à la maison et revoir son grand-père. » Iloulia nous montre une photo. Anton a maintenant 10 ans, l’air sage, les cheveux peignés sur le côté. Est-il pour autant guéri ? « Tant qu’il y aura la guerre… », soupire-t-elle, lucide, en baissant les yeux.
La détresse psychologique des enfants ukrainiens est délicate à estimer. D’après l’Unicef, 430 000 enfants vivent dans les zones où les tirs de snipers, d’obus ou de mortiers sont quotidiens. « La plupart ne peuvent pas partir car leurs familles n’ont pas assez d’argent. Tous connaissent des gens morts, blessés, amputés, handicapés par la guerre. Et tous, en réalité, auraient besoin d’un suivi psychologique », estime Lotta Sylwander, représentante de l’Unicef en Ukraine.
Présente dans le pays depuis les années 1990, vouée à la protection des enfants dont un tiers vivait déjà, avant la guerre, en situation de pauvreté (avec moins de 2 dollars par jour, environ 1,80 euro), l’agence des Nations unies s’est focalisée depuis 2014 sur l’Est du pays, en offrant des formations aux pédagogues et enseignants pour suppléer un gouvernement dépassé. « L’Etat n’offre pas de services d’assistance psychologique aux enfants, il n’y a pas de spécialistes pour gérer les syndromes post-traumatiques », regrette Mykola Kuleba, commissaire auprès de la présidence ukrainienne pour les droits des enfants.
Dans un pays où l’on préfère souvent taire ses maux, la prise en compte de tels dégâts psychologiques peine à s’imposer. La psychiatrie réveille aussi, chez certains, les peurs enfouies des répressions soviétiques. Mais dès lors qu’il s’agit de mineurs, les portes s’ouvrent plus facilement. « Nous expliquons que nous ne sommes pas là pour soigner des malades mais pour leur venir en aide. Aucun parent ne peut refuser cela, souligne Lotta Sylwander. Le principal défi est en réalité d’avoir accès aux villes et villages côté séparatiste. Les autorités sont méfiantes et ne voient pas la nécessité de ce que nous faisons. »
Les traumatismes provoqués par les bombardements, la perte de proches, les déménagements forcés ont des conséquences multiples : crises d’épilepsie, cauchemars, alopécies diffuses (chute de cheveux et/ou de poils), hyperactivité, mutisme… Parfois, le problème passe inaperçu. Mais il n’en est pas moins grave. Il y a beaucoup d’« enfants sans rêve », selon la porte-parole de l’Unicef. Ceux qui ne s’imaginent pas d’avenir, persuadés que le monde ne va pas au-delà d’une ligne de front.
Dans l’école du village. Photo de gauche : Kyril (au premier plan) et Daniel Doudtchak. Photo de droite : Olga Rogatuyk. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Genoux serrés sous son pupitre, cheveux bruns noués dans une natte, Olga Rogatuyk, élève modèle de 13 ans, fait sans doute partie de ces gamins ukrainiens à l’enfance volée. C’est dans les plaines glacées du Donbass, tout près de la frontière séparatiste, qu’elle suit ses cours à Chakhtar, seul établissement public du petit village de Zolote. En 2015, l’école a été bombardée. Près des deux tiers des élèves sont partis. Mais en cette fin novembre, à quelques centaines de mètres des tranchées où les militaires ukrainiens naviguent dans la boue, arme au poing, les classes ont été maintenues par la seule dévotion des professeurs et de la directrice, Galina Ereméeva. « Si j’étais partie, je les aurais trahis », dit-elle.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans le Donbass, le délicat recul des troupes ukrainiennes
C’est ici, au milieu de maisons aux palissades sombres et décaties qu’Olga, dont le père travaille à la mine de charbon, collectionne les récompenses. A-t-elle peur ? « Je me suis habituée. » Aime-t-elle lire ? Non. Regarder la télévision ? Pas plus. Ses rêves ? « Je n’en ai pas. » Olga, l’enfant sage, consacre ses loisirs à aider ses parents avec les yeux d’une petite adulte dont la seule ambition semble être de ne causer aucun tracas. Au premier rang de la même classe, Kiril ne répondra, lui, à aucune de nos questions. Cet ado à l’allure gracile est dispensé. Ses parents, nous glissera plus tard la directrice, sont partis en Russie quand il avait 8 ans, le laissant, avec son frère, à Zolote. « Pourquoi ne pas les avoir emmenés ? Je ne sais pas. Peut-être estiment-ils que l’argent remplace l’affection, peut-être », s’interroge Mme Ereméeva, sans les blâmer. Les premières années, Kiril était très triste. Maintenant, il ne parle plus.
Dans le village, où chacun a souvent de la famille en Russie ou des proches côté séparatiste, on peine à comprendre le sens véritable de cette guerre. Certains l’imaginent même montée de toutes pièces pour enrichir quelques oligarques. Qu’en pense Sergueï Kovalchuk ? En ce matin d’automne, le bonhomme de 7 ans, dernier d’une fratrie de cinq enfants, rejoint la classe des petits, d’un pas allant, cartable sur le dos. Comme ses camarades, il ne s’éloigne pas de la route, de peur de poser le pied sur une mine antipersonnel ou un dispositif anti-tank. Les équipes de déminage ont expliqué, à grand renfort de dessins et de bandes dessinées, qu’il ne fallait pas jouer au foot sur un terrain barré par une affichette à tête de mort. Sergueï a retenu la leçon.
A Zolote, le 18 novembre. Sergueï, 7 ans, réagit en se cachant le visage lorsqu’il entend le mot « bombardement ». GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Sous son œil malicieux, une balafre longue comme la lame d’un canif traverse son petit visage. La guerre ? Un coup ? Une morsure de chien, peut-être. Personne n’en connaît l’origine. Ou fait mine de ne pas savoir. Dans sa classe, ils ne sont plus que quatre. Sergueï s’assoie au premier rang, à côté de Stace Osinki, 9 ans, qui, dans le désordre, rêve d’être « inventeur » et d’« aller au McDo ». Derrière lui, Maxime Chickov, dont l’allure chétive masque la vivacité de ses 9 ans, veut « être militaire pour protéger la patrie ». Lorsqu’on pose la question à Sergueï, il enfouit la tête dans ses bras.
Parler de la guerre quand tous voudraient l’oublier est douloureux. C’est pourtant, affirme Ludmilla Romanenko, pédopsychiatre à Popasna, la première étape de la thérapie. Employée dans les collèges et lycées, elle se consacre depuis 2014 aux traumas des enfants. Son premier patient fut son propre fils. Il avait 2 ans quand un obus a atterri dans le jardin familial. Après cet épisode, son visage s’est agité de tics, il ne dormait plus. Mme Romanenko l’a alors soumis à une technique pour laquelle elle venait d’être formée à Kiev et qui, dit-elle, produit des effets miraculeux. Celle dite du « jeu de sable ».
D’inspiration jungienne, le traitement mis au point par la Suisse Dora M. Kalff dans les années 1950 puis remis d’actualité ces dernières années par l’Italienne Eva Pattis Zoja à travers divers ouvrages, consiste à mettre les enfants en groupe, chacun face à un bac de sable mouillé, où ils devront jouer, seul et en silence, pendant 45 minutes en utilisant des miniatures représentant des chars de guerre, des princesses, des insectes, des maisons… « On dit que lorsque l’enfant joue seul, c’est son subconscient qui parle », indique la pédopsychiatre ukrainienne. A la fin des cinq dernières minutes, il doit expliquer ce qu’il a voulu décrire à un adulte référent. Les parents n’ont pas le droit d’assister aux séances.
A gauche, des jouets utilisés pour la thérapie du jeu de sable. A droite, un dessin fait par un enfant souffrant de syndromes post-traumatiques. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Devant son ordinateur, Mme Romanenko fait défiler les photos des bacs de sable de ses petits patients. On y voit des décors chaotiques ou très ordonnés, des scènes de guerre, des paysages féeriques et, parfois, rien. Enurésie, mutisme, bégaiement, diabète ou problèmes cardiaques, les motifs de consultation sont variés. La médecin s’arrête sur le cas d’une fillette, Cristina, née en 2012. Alors qu’elle avait 3 ans, une bombe a explosé près de sa maison. Quelques jours plus tard, elle perdait l’intégralité de ses cheveux, de ses cils et de ses sourcils. Sa mère ne pouvait plus s’éloigner d’elle, pas même pour aller aux toilettes. « Elle se cachait, ne parlait plus », raconte Mme Romanenko. Cristina a 5 ans quand elle est prise en charge. Pendant les quatre premières séances, la petite demeure immobile, inactive et muette. A la cinquième, elle commence à jouer en s’installant sur les genoux d’un adulte. Au bout de la neuvième séance, ses cils ont commencé à repousser.
Claire Gatinois Zoloté, région du Donbass, Ukraine, envoyée spéciale
Lien vers l'article : https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/26/en-ukraine-avec-les-enfants-sans-reve_6024055_3210.html
Par Claire Gatinois
Publié hier à 00h44, mis à jour hier à 05h57
Le conflit qui secoue le pays depuis 2014 a de lourdes conséquences psychologiques pour de nombreux mineurs, confrontés à la violence et aux déplacements forcés.
La mère parle de la guerre à son fils. De ses cauchemars d’enfant. De cette paix qui ressemble à une utopie. Mais jamais Ioulia Lovena n’essaie d’expliquer pourquoi la maison où ils vivaient tous deux a été bombardée. « Personne, ni lui ni moi, ne sait pourquoi on se bat. Alors… », tranche-t-elle sans se départir d’un ton sans chagrin ni colère. La jeune femme aux yeux couleur de glace bleutée poursuit son récit sans retirer son bonnet d’où s’échappe une mèche blonde. Nous voici projetés cinq ans en arrière à Pervomaïsk, ville industrielle de l’Est de l’Ukraine.
En 2014, Ioulia habite avec son enfant et ses parents. Agée de 26 ans, elle est employée à l’usine et mène une vie humble, sans passion ni drame. Le père du petit, dont elle a divorcé, est parti depuis longtemps. « Il n’était pas mûr pour avoir un enfant », pense-t-elle. Dans le haut de la rue Lermontov, sa maison fait face à une école abandonnée, devenue le fief des séparatistes et de leurs parrains russes. Ces rebelles, menaçants, ripostent à la prise de pouvoir, à Kiev, des proeuropéens galvanisés par la « révolution de Maïdan », du nom de cette place de la capitale où tout a commencé.
Barrage de l’armée ukrainienne sur une route à la sortie du village de Rodina, le 19 novembre. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Cette révolte, ni Ioulia ni ses amis n’y comprennent grand-chose. Mais c’est peu de temps après Maïdan et l’annexion de la Crimée par la Russie que la jeune femme croise chaque jour avec Anton, 5 ans, des hommes en treillis, kalashnikov en bandoulière. Elle a peur, son fils aussi. Cette ville, où elle a toujours vécu en tant qu’Ukrainienne, appartient depuis quelques mois à la « République populaire de Lougansk », un Etat de pacotille à ce stade. Un champ de bataille, surtout, où les séparatistes s’opposent à l’armée ukrainienne au milieu de civils apeurés. Selon l’Organisation des nations unies, le conflit a fait plus de 13 000 morts en cinq ans, dont quelque 3 300 civils dans l’ensemble du pays.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi La paix en Ukraine toujours lointaine
« Maman, je ne veux pas mourir »
Nous sommes en décembre de cette maudite année 2014. C’est la nuit. Ioulia ne dort pas. Les obus tombent si près ! La terre tremble. « Je voyais la lumière à travers les rideaux en plastique », dit-elle. Soudain, un éclat d’obus transperce le toit. Elle prend Anton dans ses bras et se plaque contre le mur. Le garçon la serre si fort qu’elle manque d’étouffer, puis il murmure : « Maman, je ne veux pas mourir, je veux vivre. » « Dit-on des choses comme ça à 5 ans ? », demande-t-elle aujourd’hui. Après cette nuit, Ioulia est partie vivre dans l’appartement d’une amie avant de fuir, en bus, avec une petite valise dans chaque main et le chien en peluche d’Anton sous le bras, en direction de la cité minière de Hirske, plus à l’ouest, en territoire ukrainien.
« Il ne contrôlait pas ses émotions, attaquait les autres enfants, volait les jouets des filles », raconte Ioulia
Elle se pense à l’abri, loin des cauchemars et d’un quotidien ponctué de bruits d’obus, de cris et de descentes précipitées dans les caves. Mais c’est à ce moment-là que le comportement du garçonnet se met à changer. A la maison, c’est un ange ; à l’école, un démon. Il devient agressif et irritable. « Il ne contrôlait pas ses émotions, attaquait les autres enfants, volait les jouets des filles », raconte Ioulia. Anton reste seul, tantôt muré dans le silence, tantôt hyperactif. Une pédopsychiatre pense qu’il est maltraité, que sa mère est trop autoritaire, avant de se rendre à l’évidence : il souffre de syndrome post-traumatique.
Les années ont passé. Après un long suivi, Anton a su discipliner ses humeurs, calmer ses angoisses. « Il veut être Brad Pitt », s’amuse sa mère. Mais à défaut d’Hollywood, il songe toujours à Pervomaïsk. « Il veut rentrer à la maison et revoir son grand-père. » Iloulia nous montre une photo. Anton a maintenant 10 ans, l’air sage, les cheveux peignés sur le côté. Est-il pour autant guéri ? « Tant qu’il y aura la guerre… », soupire-t-elle, lucide, en baissant les yeux.
Suivi psychologique
Patrouille de soldats ukrainiens, non loin de l’école du village de Rodina. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »La détresse psychologique des enfants ukrainiens est délicate à estimer. D’après l’Unicef, 430 000 enfants vivent dans les zones où les tirs de snipers, d’obus ou de mortiers sont quotidiens. « La plupart ne peuvent pas partir car leurs familles n’ont pas assez d’argent. Tous connaissent des gens morts, blessés, amputés, handicapés par la guerre. Et tous, en réalité, auraient besoin d’un suivi psychologique », estime Lotta Sylwander, représentante de l’Unicef en Ukraine.
Présente dans le pays depuis les années 1990, vouée à la protection des enfants dont un tiers vivait déjà, avant la guerre, en situation de pauvreté (avec moins de 2 dollars par jour, environ 1,80 euro), l’agence des Nations unies s’est focalisée depuis 2014 sur l’Est du pays, en offrant des formations aux pédagogues et enseignants pour suppléer un gouvernement dépassé. « L’Etat n’offre pas de services d’assistance psychologique aux enfants, il n’y a pas de spécialistes pour gérer les syndromes post-traumatiques », regrette Mykola Kuleba, commissaire auprès de la présidence ukrainienne pour les droits des enfants.
Un enfant se rendant à l’école du village. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »« Le principal défi est d’avoir accès aux villes et villages côté séparatiste. Les autorités sont méfiantes et ne voient pas la nécessité de ce que nous faisons », souligne Lotta Sylwander
Dans un pays où l’on préfère souvent taire ses maux, la prise en compte de tels dégâts psychologiques peine à s’imposer. La psychiatrie réveille aussi, chez certains, les peurs enfouies des répressions soviétiques. Mais dès lors qu’il s’agit de mineurs, les portes s’ouvrent plus facilement. « Nous expliquons que nous ne sommes pas là pour soigner des malades mais pour leur venir en aide. Aucun parent ne peut refuser cela, souligne Lotta Sylwander. Le principal défi est en réalité d’avoir accès aux villes et villages côté séparatiste. Les autorités sont méfiantes et ne voient pas la nécessité de ce que nous faisons. »
Des traumatismes aux conséquences multiples
Les traumatismes provoqués par les bombardements, la perte de proches, les déménagements forcés ont des conséquences multiples : crises d’épilepsie, cauchemars, alopécies diffuses (chute de cheveux et/ou de poils), hyperactivité, mutisme… Parfois, le problème passe inaperçu. Mais il n’en est pas moins grave. Il y a beaucoup d’« enfants sans rêve », selon la porte-parole de l’Unicef. Ceux qui ne s’imaginent pas d’avenir, persuadés que le monde ne va pas au-delà d’une ligne de front.
Dans l’école du village. Photo de gauche : Kyril (au premier plan) et Daniel Doudtchak. Photo de droite : Olga Rogatuyk. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Genoux serrés sous son pupitre, cheveux bruns noués dans une natte, Olga Rogatuyk, élève modèle de 13 ans, fait sans doute partie de ces gamins ukrainiens à l’enfance volée. C’est dans les plaines glacées du Donbass, tout près de la frontière séparatiste, qu’elle suit ses cours à Chakhtar, seul établissement public du petit village de Zolote. En 2015, l’école a été bombardée. Près des deux tiers des élèves sont partis. Mais en cette fin novembre, à quelques centaines de mètres des tranchées où les militaires ukrainiens naviguent dans la boue, arme au poing, les classes ont été maintenues par la seule dévotion des professeurs et de la directrice, Galina Ereméeva. « Si j’étais partie, je les aurais trahis », dit-elle.
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Olga, l’enfant sage, consacre ses loisirs à aider ses parents avec les yeux d’une petite adulte dont la seule ambition semble être de ne causer aucun tracas
C’est ici, au milieu de maisons aux palissades sombres et décaties qu’Olga, dont le père travaille à la mine de charbon, collectionne les récompenses. A-t-elle peur ? « Je me suis habituée. » Aime-t-elle lire ? Non. Regarder la télévision ? Pas plus. Ses rêves ? « Je n’en ai pas. » Olga, l’enfant sage, consacre ses loisirs à aider ses parents avec les yeux d’une petite adulte dont la seule ambition semble être de ne causer aucun tracas. Au premier rang de la même classe, Kiril ne répondra, lui, à aucune de nos questions. Cet ado à l’allure gracile est dispensé. Ses parents, nous glissera plus tard la directrice, sont partis en Russie quand il avait 8 ans, le laissant, avec son frère, à Zolote. « Pourquoi ne pas les avoir emmenés ? Je ne sais pas. Peut-être estiment-ils que l’argent remplace l’affection, peut-être », s’interroge Mme Ereméeva, sans les blâmer. Les premières années, Kiril était très triste. Maintenant, il ne parle plus.
La thérapie du « jeu de sable »
Dans le village, où chacun a souvent de la famille en Russie ou des proches côté séparatiste, on peine à comprendre le sens véritable de cette guerre. Certains l’imaginent même montée de toutes pièces pour enrichir quelques oligarques. Qu’en pense Sergueï Kovalchuk ? En ce matin d’automne, le bonhomme de 7 ans, dernier d’une fratrie de cinq enfants, rejoint la classe des petits, d’un pas allant, cartable sur le dos. Comme ses camarades, il ne s’éloigne pas de la route, de peur de poser le pied sur une mine antipersonnel ou un dispositif anti-tank. Les équipes de déminage ont expliqué, à grand renfort de dessins et de bandes dessinées, qu’il ne fallait pas jouer au foot sur un terrain barré par une affichette à tête de mort. Sergueï a retenu la leçon.
A Zolote, le 18 novembre. Sergueï, 7 ans, réagit en se cachant le visage lorsqu’il entend le mot « bombardement ». GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Sous son œil malicieux, une balafre longue comme la lame d’un canif traverse son petit visage. La guerre ? Un coup ? Une morsure de chien, peut-être. Personne n’en connaît l’origine. Ou fait mine de ne pas savoir. Dans sa classe, ils ne sont plus que quatre. Sergueï s’assoie au premier rang, à côté de Stace Osinki, 9 ans, qui, dans le désordre, rêve d’être « inventeur » et d’« aller au McDo ». Derrière lui, Maxime Chickov, dont l’allure chétive masque la vivacité de ses 9 ans, veut « être militaire pour protéger la patrie ». Lorsqu’on pose la question à Sergueï, il enfouit la tête dans ses bras.
Parler de la guerre quand tous voudraient l’oublier est douloureux. C’est pourtant, affirme Ludmilla Romanenko, pédopsychiatre à Popasna, la première étape de la thérapie. Employée dans les collèges et lycées, elle se consacre depuis 2014 aux traumas des enfants. Son premier patient fut son propre fils. Il avait 2 ans quand un obus a atterri dans le jardin familial. Après cet épisode, son visage s’est agité de tics, il ne dormait plus. Mme Romanenko l’a alors soumis à une technique pour laquelle elle venait d’être formée à Kiev et qui, dit-elle, produit des effets miraculeux. Celle dite du « jeu de sable ».
« Elle se cachait, ne parlait plus »
D’inspiration jungienne, le traitement mis au point par la Suisse Dora M. Kalff dans les années 1950 puis remis d’actualité ces dernières années par l’Italienne Eva Pattis Zoja à travers divers ouvrages, consiste à mettre les enfants en groupe, chacun face à un bac de sable mouillé, où ils devront jouer, seul et en silence, pendant 45 minutes en utilisant des miniatures représentant des chars de guerre, des princesses, des insectes, des maisons… « On dit que lorsque l’enfant joue seul, c’est son subconscient qui parle », indique la pédopsychiatre ukrainienne. A la fin des cinq dernières minutes, il doit expliquer ce qu’il a voulu décrire à un adulte référent. Les parents n’ont pas le droit d’assister aux séances.
A gauche, des jouets utilisés pour la thérapie du jeu de sable. A droite, un dessin fait par un enfant souffrant de syndromes post-traumatiques. GUILAUME HERBAUT AVEC LE SOUTIEN DU CNAP POUR « LE MONDE »
Devant son ordinateur, Mme Romanenko fait défiler les photos des bacs de sable de ses petits patients. On y voit des décors chaotiques ou très ordonnés, des scènes de guerre, des paysages féeriques et, parfois, rien. Enurésie, mutisme, bégaiement, diabète ou problèmes cardiaques, les motifs de consultation sont variés. La médecin s’arrête sur le cas d’une fillette, Cristina, née en 2012. Alors qu’elle avait 3 ans, une bombe a explosé près de sa maison. Quelques jours plus tard, elle perdait l’intégralité de ses cheveux, de ses cils et de ses sourcils. Sa mère ne pouvait plus s’éloigner d’elle, pas même pour aller aux toilettes. « Elle se cachait, ne parlait plus », raconte Mme Romanenko. Cristina a 5 ans quand elle est prise en charge. Pendant les quatre premières séances, la petite demeure immobile, inactive et muette. A la cinquième, elle commence à jouer en s’installant sur les genoux d’un adulte. Au bout de la neuvième séance, ses cils ont commencé à repousser.
Claire Gatinois Zoloté, région du Donbass, Ukraine, envoyée spéciale
Lien vers l'article : https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/26/en-ukraine-avec-les-enfants-sans-reve_6024055_3210.html
Gilles- Messages : 2455
Date d'inscription : 16/02/2019
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
Merci de l'article Gilles ! ça m'a remémoré aussi tous ces reportages qu'on a publié il y a 5 ans au plus fort du conflit...
Bon, maintenant, on n'a plus beaucoup de choses à relater. C'est la "drôle de guerre" sur un front figé dont nul ne peut prédire comment elle finira...
Bon, maintenant, on n'a plus beaucoup de choses à relater. C'est la "drôle de guerre" sur un front figé dont nul ne peut prédire comment elle finira...
Krispoluk- Messages : 9858
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
Vice-premier ministre Reznikov : la réintégration du Donbass durera au moins 25 ans
La réintégration en toute sécurité des zones temporairement occupées des régions de Donetsk et de Louhansk prendra au moins 25 ans.
Oleksiy Reznikov, vice-premier ministre ukrainien, ministre de la Réintégration des territoires temporairement occupés, a exprimé une telle opinion dans une interview accordée au média en ligne « Glavkom ».
« L'Ukraine doit être prête pour le fait qu'une réintégration sûre prendra beaucoup de temps. La réintégration sûre est ma ligne rouge. Même si demain, nous tenons des élections dans ces territoires, ce qui signifie qu'ils seront libres des forces d'occupation, il y aura pas de formations armées illégales et des drapeaux ukrainiens y seront hissés, ce territoire restera longtemps un territoire de guerre en termes du minage et de la mentalité des gens… Par conséquent, une réintégration sûre prendra au moins 25 ans », a-t-il déclaré.
Selon lui, une nouvelle génération devrait apparaître afin que le contrôle rétabli de l’Ukraine sur les territoires des régions de Donetsk et de Louhansk se traduise également par une sortie de la discorde.
« Parce qu’il y a des enfants qui sont nés là-bas et qui ne connaissent pas une Ukraine libre, et aujourd'hui ils vont à l'école. Par conséquent, cela [cette réintégration - NDLR] prendra beaucoup de temps dans tous les cas, et nous devons nous y préparer », considère M. Reznikov.
Source : https://www.ukrinform.fr/rubric-polytics/3061266-vicepremier-ministre-reznikov-la-reintegration-du-donbass-durera-au-moins-25-ans.html
La réintégration en toute sécurité des zones temporairement occupées des régions de Donetsk et de Louhansk prendra au moins 25 ans.
Oleksiy Reznikov, vice-premier ministre ukrainien, ministre de la Réintégration des territoires temporairement occupés, a exprimé une telle opinion dans une interview accordée au média en ligne « Glavkom ».
« L'Ukraine doit être prête pour le fait qu'une réintégration sûre prendra beaucoup de temps. La réintégration sûre est ma ligne rouge. Même si demain, nous tenons des élections dans ces territoires, ce qui signifie qu'ils seront libres des forces d'occupation, il y aura pas de formations armées illégales et des drapeaux ukrainiens y seront hissés, ce territoire restera longtemps un territoire de guerre en termes du minage et de la mentalité des gens… Par conséquent, une réintégration sûre prendra au moins 25 ans », a-t-il déclaré.
Selon lui, une nouvelle génération devrait apparaître afin que le contrôle rétabli de l’Ukraine sur les territoires des régions de Donetsk et de Louhansk se traduise également par une sortie de la discorde.
« Parce qu’il y a des enfants qui sont nés là-bas et qui ne connaissent pas une Ukraine libre, et aujourd'hui ils vont à l'école. Par conséquent, cela [cette réintégration - NDLR] prendra beaucoup de temps dans tous les cas, et nous devons nous y préparer », considère M. Reznikov.
Source : https://www.ukrinform.fr/rubric-polytics/3061266-vicepremier-ministre-reznikov-la-reintegration-du-donbass-durera-au-moins-25-ans.html
Gilles- Messages : 2455
Date d'inscription : 16/02/2019
Re: Dure actualité de Guerre : Bataillon "Donbass"
Gilles a écrit:Vice-premier ministre Reznikov : la réintégration du Donbass durera au moins 25 ans
En somme, quand il n'y sera plus depuis longtemps et que toute action pénale et/ou civile à son encontre pour ses fautes et/ou ses crimes/délits sera prescrite. Un cas typique de l'exemplarité et de la clairvoyance politique ukrainienne !
Thuramir- Messages : 3677
Date d'inscription : 11/07/2010
Localisation : Bruxelles
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