L'Ukraine doit libérer Ioulia Timochenko sans attendre

[Matt]

L'Ukraine doit libérer Ioulia Timochenko sans attendre

Au nom du quotidien Gazeta Wyborcza que je dirige, j'ajoute ma voix aux appels internationaux pour demander à Kiev la remise en liberté de l'ancienne première ministre Ioulia Timochenko ainsi que celle des autres prisonniers politiques ukrainiens.

L'attitude du président Viktor Ianoukovitch porte atteinte à l'Ukraine indépendante. Emprisonner et torturer Ioulia Timochenko, voilà qui ne pouvait que soulever l'indignation des démocraties occidentales.

Un responsable politique qui entame à ce point à l'image de son pays sur la scène internationale et qui, contre l'avis d'une large part de sa propre opinion publique, recourt à la contrainte physique plutôt qu'à la conviction pour régler un différend politique creuse sa propre tombe. Pis encore, il déshonore son propre peuple.

De telles dérives sont indignes de l'Ukraine.

Société civile

Après l'échec des négociations pour apaiser la situation par la voie diplomatique, la réaction des pays démocratiques a été digne. L'emprisonnement de Ioulia Timochenko, ainsi que de plusieurs démocrates, a été condamné sans aucune ambiguïté.

Nous, Polonais, partageons les raisons pour lesquelles le président allemand, Joachim Gauck, affirme ne pas vouloir serrer la main du président Ianoukovitch, dès lors que ce dernier ose livrer la dirigeante d'un parti d'opposition à ses tortionnaires. La Pologne n'est pas un pays comme un autre dans cette affaire. En juin, notre pays et l'Ukraine accueilleront le Championnat d'Europe de football. Nous ne pouvons donc pas lancer un appel au boycottage de cet événement (comme cela a été fait en Allemagne).

La voix de la société civile polonaise n'en est que plus importante.

Les Ukrainiens doivent savoir que les Polonais souhaitent que la liberté prévale en Ukraine et qu'ils sont opposés à ceux qui foulent aux pieds ce principe fondamental.

Ce sont les traditions polonaises, les intérêts de l'Etat polonais ainsi que la dignité du peuple polonais qui l'exigent.

Nous nous adressons donc au président Ianoukovitch pour lui demander la remise en liberté de Ioulia Timochenko.

. . . Rien de plus à dire, tout est dit!!

[Thuramir]

Je ne peux être d'accord sur le fond, même si je pense que le respect du principe est bon.

Si un dirigeant a violé la loi du pays qu'il dirigeait, il doit subir la loi de son pays, et il ne peut prétendre à une immunité parce qu'il serait un ancien dirigeant qui se retrouverait dans l'opposition.

En d'autres termes, le principe est que chacun est présumé innocent et qu'il ne faut pas faire payer des divergences politiques à des adversaires par des procès de droit commun fabriqués de toutes pièces, mais si les poursuites pénales se fondent sur des faits délictueux constatés, rien n'empêche les poursuites pénales et les peines afflictives, quelle que soit la qualité politique de l'ancien dirigeant.

Sinon, avec les exigences posées par la Pologne et certains membres de l'UE, on aboutirait à ne plus pouvoir juger les anciens dirigeants, fussent-ils corrompus ou criminels. Cela n'est pas de la justice non plus, et c'est totalement antidémocratique.

[Caduce62]

Au fait : l'Ukraine a t'elle ratifié le traité de Rome reconnaissant le Tribunal Pénal International ?

[Thuramir]

Le Traité de Rome du 17 juillet 1998, entré en vigueur le 1er juillet 2002, a instauré la Cour Pénale Internationale et pas le Tribunal Pénal International (ce dernier n'est compétent que pour poursuivre et juger des individus présumés responsables de quatre catégories de crimes sur le territoire de l'ex-Yougoslavie : infractions graves aux Conventions de Genève de 1949, violations des lois ou coutumes de la guerre, génocide et crimes contre l’humanité).

121 pays sont États Parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale, mais l'Ukraine n'est pas partie au Statut de Rome.

[Thuramir]

En Ukraine, des milliers d'opposants se rassemblent pour soutenir Timochenko
Le Monde.fr avec AFP | 12.05.2012 à 12h23

Plus de 2 000 Ukrainiens ont participé samedi12 mai à un congrès de l'opposition en plein air à Kiev pour protester contre le régime du président Viktor Ianoukovitch et réclamer la libération des opposants emprisonnés, notamment de l'ex-premier ministre, Ioulia Timochenko.

Les manifestants se sont réunis sur une place dans le centre-ville à l'appel de plusieurs partis d'opposition, dont celui de Mme Timochenko, qui purge une peine de sept ans de prison et a été transférée cette semaine de sa colonie pénitentiaire à l'hôpital, souffrant de hernies discales.

"Liberté pour l'Ukraine ! Liberté pour Ioulia !", a scandé Olexandre Tourtchinov, le chef adjoint du parti de l'opposante. Evguenia Timochenko, la fille de l'ancien premier ministre, a de son côté lu un message rédigé par sa mère en prison où elle expose son projet de réformes politiques afin de démocratiser le pays. "Maman, je sais que tu m'entends maintenant et je suis sûre que tu seras de retour parmi nous", a déclaré Evguenia, les larmes aux yeux. Le rassemblement a été retransmis en direct par au moins une chaîne de télévision.

"CE POUVOIR NE PEUT PLUS DIRIGER LE PAYS"

Des dirigeants de l'opposition ont également dévoilé à l'occasion un plan d'action commun en vue des législatives du 28 octobre, considérées par l'Occident comme un test pour le pouvoir ukrainien, vivement critiqué pour le recul de la démocratie dans cette ancienne république soviétique. "Notre première préoccupation (après les législatives) doit être la libération des prisonniers politiques dont Timochenko" et son ex-ministre de l'intérieur, Iouri Loutsenko, a lancé un des députés, Viatcheslav Kirilenko. "Ce pouvoir ne peut plus diriger le pays", a insisté M. Tourtchinov. "Nous devons retirer le pouvoir à Ianoukovitch (...) et remettre l'Ukraine sur la voie européenne", a-t-il ajouté.

Incarcérée depuis août dernier, Mme Timochenko, qui a été condamnée en octobre à sept ans de prison pour abus de pouvoir, est visée par une série d'autres enquêtes judiciaires. Cette affaire a provoqué une grave crise dans les relations entre Kiev et l'Union européenne qui y décèle une motivation politique.

Une dizaine de présidents européens ont boycotté un sommet prévu cette semaine en Ukraine.

La Commission européenne a par ailleurs annoncé qu'aucun commissaire ne se rendrait en Ukraine pour l'Euro-2012 de football, co-organisé du 8 juin au 1er juillet avec la Pologne, et plusieurs pays européens ont menacé de faire de même.

Le ras-le-bol contre le pouvoir en place semble en tout cas gagner la population et les autres partis du pays. Cet accord entre les partis de l'opposition est annonciateur de tensions après les prochaines élections, je pense, et plus particulièrement si des fraudes électorales étaient constatées.

[Matt]

Sans vouloir être maivaise langue, mais Ukraine et fraude . . .
C'est bien que l'opposition s'unisse. Maintenant quel en seront les résultats, c'est autre chose.

PS: je vois en ce moment la manifestation sur ICTV.

[Thuramir]

S'il y avait des fraudes électorales massives, la situation pourrait sérieusement déraper.

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