Ne fermons pas la porte à Kiev
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Ne fermons pas la porte à Kiev
UE-Ukraine
Ne fermons pas la porte à Kiev
25 octobre 2011 Postimees Tallinn
Si la récente condamnation de l’ancienne égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko soulève des doutes quant à l’indépendance de la justice ukrainienne, l’UE ne doit pas pour autant renoncer au dialogue avec Kiev, dont la vocation reste européenne.
Roman Kalytchak
La décision de condamner l’ancien Premier ministre Ioulia Timochenko à sept ans de prison, le 11 octobre, a été largement reprise et commentée par la presse européenne. C’est probablement la première fois depuis ce qu’on a appelé la Révolution orange (2005) que les événements de la politique intérieure de l’Ukraine, pays de 45 millions d’habitants, font la une de l’actualité internationale.
Si les gouvernements de l’UE et des Etats-Unis ont adopté à l’égard de cette décision de justice une position ferme, la réaction de la société ukrainienne, quant à elle, est restée limitée. Il ne sert à rien de mettre tout sur le dos du président Viktor Ianoukovitch, au pouvoir depuis un an et demi. Il conviendrait cependant d’admettre que ce qui se passe à présent dans ce pays est le résultat prévisible et logique de l’évolution de l’Ukraine depuis vingt ans.
Une société apathique
Le fait que le système judiciaire ukrainien soit encore guidé par des normes datant de l’époque soviétique prouve une fois de plus l’ampleur des réformes que ce pays devrait instituer. Si le public européen n’avait pas pris conscience de la complexité de la situation intérieure de l’Ukraine qu’une fois le jugement prononcé, les citoyens ukrainiens, eux, n’on pas été surpris par cette décision. Ils sont en effet habitués à lutter contre un système bureaucratique et à être sur leurs gardes, et ce indépendamment de qui gouverne le pays.
Les espoirs que les Ukrainiens avaient mis sur les partis arrivés au pouvoir suite à la Révolution orange et qui ne se sont finalement pas concrétisés, ont rendu la société apathique. Deux fois de suite, les élections (en 2006 et 2007) avaient assuré la majorité au Parlement aux “partis Oranges”, mais les querelles incessantes, les réformes manquées ont fini par saper toute confiance en eux.
Après tout, l’exemple de l’Ukraine montre bien combien il est vain et irréaliste de bâtir la démocratie et l’Etat de droit dans un pays qui manque d’une telle expérience, même si l’Ukraine a toujours fait preuve de son envie d'ouverture. Sans doute, la responsabilité repose avant tout sur les Ukrainiens, mais il ne faut pas non plus exclure la part que peuvent représenter les forces étrangères dans l’évolution d’un pays.
Sans la contribution remarquable des différentes organisations internationales à la mise en place des réformes dans les pays d’Europe centrale et orientale, certains d’entre eux ne seraient vraisemblablement toujours pas membres de l’UE. Cette situation n’est pas nouvelle : après la Seconde guerre mondiale, les vieux pays d’Europe n’auraient pas non plus réussi à s’en sortir sans une assistance extérieure ou sans leur engagement dans la construction européenne.
L'Estonie : la clé pour rapprocher l'Ukraine de l'UE
Le choix d’intégrer l’Europe a été déjà pris par Kiev dès le milieu des années 1990. Un choix que tous les présidents ukrainiens ont soutenu. L’Europe quant à elle a depuis vingt ans tenté de retarder les avancées du pays vers elle, considérant que l’Ukraine était une zone grise ou un cordon sanitaire [vis-à-vis de la Russie]. L’élargissement vers l’Est a été suivi de la construction d’un nouveau mur qui s’arrête devant l’Ukraine.
Et ce n’est que maintenant que les relations entre l’UE et l’Ukraine sont en train de faire une percée significative : l’accord d’association dont les aspects techniques ont été bouclés le 20 octobre et dans le cadre duquel une zone de marché libre pourrait être créée d’ici la fin de l’année, empêcherait l’Ukraine de revenir sur son impasse post-soviétique.
Face à la condamnation de Ioulia Timochenko, l’Ukraine et l’Union européenne doivent faire leur choix : repousser, voire abandonner les négociations ou imposer des sanctions ce qui isolerait l’Ukraine plus encore. Ce faisant, Bruxelles poursuivra la politique du report qu’elle a mené jusqu’à présent. Or, afin de dépasser cette situation critique, les deux parties doivent continuer à dialoguer directement et chercher des compromis.
C’est ici que les nouveaux pays membres, tels que l’Estonie, qui comprend bien mieux les réalités de l’espace postsoviétique et la démarche difficile de la transition, ont un rôle à jouer. Tallinn soutien depuis longtemps l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Et l’implantation du Centre du partenariat oriental, où l’Estonie partage son expérience avec les fonctionnaires des pays partenaires, est un signe encourageant. Tous ces petits pas, dont le nombre devrait augmenter à l’avenir, sont l’un des moyens les plus efficaces pour rapprocher l’Ukraine des autres membres de l’Union. Les tentatives d’isoler l’Ukraine vont donner un résultat inverse.
Ne fermons pas la porte à Kiev
25 octobre 2011 Postimees Tallinn
Si la récente condamnation de l’ancienne égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko soulève des doutes quant à l’indépendance de la justice ukrainienne, l’UE ne doit pas pour autant renoncer au dialogue avec Kiev, dont la vocation reste européenne.
Roman Kalytchak
La décision de condamner l’ancien Premier ministre Ioulia Timochenko à sept ans de prison, le 11 octobre, a été largement reprise et commentée par la presse européenne. C’est probablement la première fois depuis ce qu’on a appelé la Révolution orange (2005) que les événements de la politique intérieure de l’Ukraine, pays de 45 millions d’habitants, font la une de l’actualité internationale.
Si les gouvernements de l’UE et des Etats-Unis ont adopté à l’égard de cette décision de justice une position ferme, la réaction de la société ukrainienne, quant à elle, est restée limitée. Il ne sert à rien de mettre tout sur le dos du président Viktor Ianoukovitch, au pouvoir depuis un an et demi. Il conviendrait cependant d’admettre que ce qui se passe à présent dans ce pays est le résultat prévisible et logique de l’évolution de l’Ukraine depuis vingt ans.
Une société apathique
Le fait que le système judiciaire ukrainien soit encore guidé par des normes datant de l’époque soviétique prouve une fois de plus l’ampleur des réformes que ce pays devrait instituer. Si le public européen n’avait pas pris conscience de la complexité de la situation intérieure de l’Ukraine qu’une fois le jugement prononcé, les citoyens ukrainiens, eux, n’on pas été surpris par cette décision. Ils sont en effet habitués à lutter contre un système bureaucratique et à être sur leurs gardes, et ce indépendamment de qui gouverne le pays.
Les espoirs que les Ukrainiens avaient mis sur les partis arrivés au pouvoir suite à la Révolution orange et qui ne se sont finalement pas concrétisés, ont rendu la société apathique. Deux fois de suite, les élections (en 2006 et 2007) avaient assuré la majorité au Parlement aux “partis Oranges”, mais les querelles incessantes, les réformes manquées ont fini par saper toute confiance en eux.
Après tout, l’exemple de l’Ukraine montre bien combien il est vain et irréaliste de bâtir la démocratie et l’Etat de droit dans un pays qui manque d’une telle expérience, même si l’Ukraine a toujours fait preuve de son envie d'ouverture. Sans doute, la responsabilité repose avant tout sur les Ukrainiens, mais il ne faut pas non plus exclure la part que peuvent représenter les forces étrangères dans l’évolution d’un pays.
Sans la contribution remarquable des différentes organisations internationales à la mise en place des réformes dans les pays d’Europe centrale et orientale, certains d’entre eux ne seraient vraisemblablement toujours pas membres de l’UE. Cette situation n’est pas nouvelle : après la Seconde guerre mondiale, les vieux pays d’Europe n’auraient pas non plus réussi à s’en sortir sans une assistance extérieure ou sans leur engagement dans la construction européenne.
L'Estonie : la clé pour rapprocher l'Ukraine de l'UE
Le choix d’intégrer l’Europe a été déjà pris par Kiev dès le milieu des années 1990. Un choix que tous les présidents ukrainiens ont soutenu. L’Europe quant à elle a depuis vingt ans tenté de retarder les avancées du pays vers elle, considérant que l’Ukraine était une zone grise ou un cordon sanitaire [vis-à-vis de la Russie]. L’élargissement vers l’Est a été suivi de la construction d’un nouveau mur qui s’arrête devant l’Ukraine.
Et ce n’est que maintenant que les relations entre l’UE et l’Ukraine sont en train de faire une percée significative : l’accord d’association dont les aspects techniques ont été bouclés le 20 octobre et dans le cadre duquel une zone de marché libre pourrait être créée d’ici la fin de l’année, empêcherait l’Ukraine de revenir sur son impasse post-soviétique.
Face à la condamnation de Ioulia Timochenko, l’Ukraine et l’Union européenne doivent faire leur choix : repousser, voire abandonner les négociations ou imposer des sanctions ce qui isolerait l’Ukraine plus encore. Ce faisant, Bruxelles poursuivra la politique du report qu’elle a mené jusqu’à présent. Or, afin de dépasser cette situation critique, les deux parties doivent continuer à dialoguer directement et chercher des compromis.
C’est ici que les nouveaux pays membres, tels que l’Estonie, qui comprend bien mieux les réalités de l’espace postsoviétique et la démarche difficile de la transition, ont un rôle à jouer. Tallinn soutien depuis longtemps l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Et l’implantation du Centre du partenariat oriental, où l’Estonie partage son expérience avec les fonctionnaires des pays partenaires, est un signe encourageant. Tous ces petits pas, dont le nombre devrait augmenter à l’avenir, sont l’un des moyens les plus efficaces pour rapprocher l’Ukraine des autres membres de l’Union. Les tentatives d’isoler l’Ukraine vont donner un résultat inverse.
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