Lettre ouverte à Viktor Ianoukovitch, président de l'Ukraine
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Lettre ouverte à Viktor Ianoukovitch, président de l'Ukraine
Lettre ouverte à Viktor Ianoukovitch, président de l'Ukraine - Appel à la libération de Ioulia Timochenko
Paris - Bruxelles, le 15 août 2011
Monsieur le Président,
Il y a une semaine déjà que nous avons lancé à votre gouvernement, au nom des droits de l’homme et de la femme, ainsi que du respect de leur liberté de parole et de pensée, un appel à la libération de Ioulia Timochenko, égérie de la « révolution orange » en Ukraine, mais dont le tribunal de Kiev a ordonné, le 5 août dernier, l’arbitraire incarcération pour un hypothétique « abus de pouvoir ».
Ce fait – arrêter une personne en pleine audience de son procès, alors qu’elle comparaissait libre et avant même que tout verdict ne soit prononcé à son égard – constitue, y compris dans votre propre pays, une grave violation du droit pénal : ce qui, à l’heure où notre Union Européenne tente de propager ses valeurs de solidarité et de tolérance, ne peut que heurter la conscience de tout authentique démocrate.
Davantage, il rappelle, de sinistre mémoire, les pires méthodes policières et judiciaires sous la dictature stalinienne : celles-là mêmes que bon nombre de vos compatriotes eurent naguère à subir, parfois au prix d’un redoutable exil en quelque obscur goulag, à l’époque des tristement célèbres procès Vychinski.
Certes avez-vous invoqué, pour vous justifier, le fait que, prônant tout comme nous la séparation des pouvoirs, vous ne souhaitiez pas vous immiscer, en tant qu’élu politique, en un dossier relevant, avez-vous argué, des seules instances juridiques.
Nous nous permettons cependant d’en douter, Monsieur le Président, lorsque l’on sait que votre pouvoir est aujourd’hui tel, en Ukraine, que c’est précisément grâce à l’un de vos très personnels « décrets présidentiels », daté du 12 juillet 2010, que vous avez tout aussi arbitrairement modifié, au gré de vos seuls intérêts idéologico-culturels, la composition, par exemple, du prestigieux comité du Prix Chevtchenko (en hommage à votre grand poète national), censé récompensé chaque année vos meilleurs artistes et écrivains, parmi lesquels figurèrent jadis un Nicolas Gogol, un Mikhaïl Boulgakov ou un Sergei Prokofiev.
Ce sont là, laissez-nous vous le dire, d’ignominieuses pratiques de censure, qui se révèlent en outre, au regard du monde libre, autant d’étonnantes et préjudiciables erreurs diplomatiques de votre part !
Nous n’ignorons pas, non plus, que cette honteuse purge, typique de l’ère soviétique, s’est effectuée sous le contrôle musclé des services secrets ukrainiens (SBU), lesquels dépendent étroitement, non seulement de votre Ministère de l’Intérieur, mais, chose inacceptable en toute démocratie digne de ce nom, de votre Ministère de la Justice !
Mais, pour en revenir à notre très contemporaine Ioulia Timochenko, si nous vous adressons cette seconde pétition en sa faveur, c’est que la cour d’appel du tribunal de Kiev, encore lui, vient de refuser, ce vendredi 12 août, sa remise en liberté, fût-elle, le temps de son procès, conditionnelle.
C’est là, Monsieur le Président, une nouvelle et scandaleuse atteinte, en matière de procédure judiciaire, aux droits les plus élémentaires de tout citoyen lorsqu’il est amené à se défendre face à ses juges : une décision inadmissible en même temps qu’un acte révoltant, contraires aux principes de toute législation, sinon constitution, démocratique et qui, comme tels, s’avèrent lourds de conséquences, aux quatre coins de la planète, pour l’image de votre pays.
Ainsi, en une aussi regrettable et surtout déplorable situation, où toute équité se voit bafouée par cette magistrature d’un autre âge, porterons-nous à présent cette « Affaire Timochenko » devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, institution faisant partie intégrante du Conseil de l’Europe (Strasbourg), ainsi que devant la Cour Européenne de Justice (Luxembourg).
Nous en appellerons aussi officiellement, désormais, à Madame Catherine Ashton, Haute-Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères (Bruxelles), afin que cette même Union revoie le statut de l’Ukraine, présent et dans un futur proche, en son sein.
Si cela ne devait pas suffire à infléchir votre position au regard de ces iniques conditions de détention de votre ressortissante, nous demanderons alors tout aussi fermement à la Fédération Internationale de Football, la FIFA, qu’elle renonce à voir la prochaine « Coupe d’Europe des Nations » (compétition sportive) se dérouler comme initialement prévu, du 8 juin au 1er juillet 2012, sur votre territoire national.
Sachez enfin, Monsieur le Président, que nous n’entreprenons pas de telles initiatives de gaieté de cœur. Mais, face à cette parodie de justice qu’est celle de l’actuel procès de Ioulia Timochenko, le seul tribunal qui vaille, à nos yeux épris d’humanisme, est celui, conformément à ces principes que nous voudrions universels, de notre conscience !
Signataires :
Jacques De Decker, écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique.
Luc Ferry, philosophe, ancien Ministre français de l’Education Nationale.
Alexandre Jardin, écrivain.
Daniel Mesguich, comédien, metteur en scène, directeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Paris).
Michelle Perrot, historienne, professeur émérite des universités.
Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain, professeur à l’Ecole Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège et professeur invité au « Collège Belgique », sous l’égide de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et le parrainage du Collège de France.
Jacques Sojcher, philosophe, directeur de la revue « Ah ! » (Université Libre de Bruxelles).
Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, association créée par Simone de Beauvoir.
Michel Wieviorka, sociologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris) et administrateur de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (France).
Moui, bon, je ne pense pas que ça fasse avancer le smilblik.
Paris - Bruxelles, le 15 août 2011
Monsieur le Président,
Il y a une semaine déjà que nous avons lancé à votre gouvernement, au nom des droits de l’homme et de la femme, ainsi que du respect de leur liberté de parole et de pensée, un appel à la libération de Ioulia Timochenko, égérie de la « révolution orange » en Ukraine, mais dont le tribunal de Kiev a ordonné, le 5 août dernier, l’arbitraire incarcération pour un hypothétique « abus de pouvoir ».
Ce fait – arrêter une personne en pleine audience de son procès, alors qu’elle comparaissait libre et avant même que tout verdict ne soit prononcé à son égard – constitue, y compris dans votre propre pays, une grave violation du droit pénal : ce qui, à l’heure où notre Union Européenne tente de propager ses valeurs de solidarité et de tolérance, ne peut que heurter la conscience de tout authentique démocrate.
Davantage, il rappelle, de sinistre mémoire, les pires méthodes policières et judiciaires sous la dictature stalinienne : celles-là mêmes que bon nombre de vos compatriotes eurent naguère à subir, parfois au prix d’un redoutable exil en quelque obscur goulag, à l’époque des tristement célèbres procès Vychinski.
Certes avez-vous invoqué, pour vous justifier, le fait que, prônant tout comme nous la séparation des pouvoirs, vous ne souhaitiez pas vous immiscer, en tant qu’élu politique, en un dossier relevant, avez-vous argué, des seules instances juridiques.
Nous nous permettons cependant d’en douter, Monsieur le Président, lorsque l’on sait que votre pouvoir est aujourd’hui tel, en Ukraine, que c’est précisément grâce à l’un de vos très personnels « décrets présidentiels », daté du 12 juillet 2010, que vous avez tout aussi arbitrairement modifié, au gré de vos seuls intérêts idéologico-culturels, la composition, par exemple, du prestigieux comité du Prix Chevtchenko (en hommage à votre grand poète national), censé récompensé chaque année vos meilleurs artistes et écrivains, parmi lesquels figurèrent jadis un Nicolas Gogol, un Mikhaïl Boulgakov ou un Sergei Prokofiev.
Ce sont là, laissez-nous vous le dire, d’ignominieuses pratiques de censure, qui se révèlent en outre, au regard du monde libre, autant d’étonnantes et préjudiciables erreurs diplomatiques de votre part !
Nous n’ignorons pas, non plus, que cette honteuse purge, typique de l’ère soviétique, s’est effectuée sous le contrôle musclé des services secrets ukrainiens (SBU), lesquels dépendent étroitement, non seulement de votre Ministère de l’Intérieur, mais, chose inacceptable en toute démocratie digne de ce nom, de votre Ministère de la Justice !
Mais, pour en revenir à notre très contemporaine Ioulia Timochenko, si nous vous adressons cette seconde pétition en sa faveur, c’est que la cour d’appel du tribunal de Kiev, encore lui, vient de refuser, ce vendredi 12 août, sa remise en liberté, fût-elle, le temps de son procès, conditionnelle.
C’est là, Monsieur le Président, une nouvelle et scandaleuse atteinte, en matière de procédure judiciaire, aux droits les plus élémentaires de tout citoyen lorsqu’il est amené à se défendre face à ses juges : une décision inadmissible en même temps qu’un acte révoltant, contraires aux principes de toute législation, sinon constitution, démocratique et qui, comme tels, s’avèrent lourds de conséquences, aux quatre coins de la planète, pour l’image de votre pays.
Ainsi, en une aussi regrettable et surtout déplorable situation, où toute équité se voit bafouée par cette magistrature d’un autre âge, porterons-nous à présent cette « Affaire Timochenko » devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme, institution faisant partie intégrante du Conseil de l’Europe (Strasbourg), ainsi que devant la Cour Européenne de Justice (Luxembourg).
Nous en appellerons aussi officiellement, désormais, à Madame Catherine Ashton, Haute-Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères (Bruxelles), afin que cette même Union revoie le statut de l’Ukraine, présent et dans un futur proche, en son sein.
Si cela ne devait pas suffire à infléchir votre position au regard de ces iniques conditions de détention de votre ressortissante, nous demanderons alors tout aussi fermement à la Fédération Internationale de Football, la FIFA, qu’elle renonce à voir la prochaine « Coupe d’Europe des Nations » (compétition sportive) se dérouler comme initialement prévu, du 8 juin au 1er juillet 2012, sur votre territoire national.
Sachez enfin, Monsieur le Président, que nous n’entreprenons pas de telles initiatives de gaieté de cœur. Mais, face à cette parodie de justice qu’est celle de l’actuel procès de Ioulia Timochenko, le seul tribunal qui vaille, à nos yeux épris d’humanisme, est celui, conformément à ces principes que nous voudrions universels, de notre conscience !
Signataires :
Jacques De Decker, écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique.
Luc Ferry, philosophe, ancien Ministre français de l’Education Nationale.
Alexandre Jardin, écrivain.
Daniel Mesguich, comédien, metteur en scène, directeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Paris).
Michelle Perrot, historienne, professeur émérite des universités.
Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain, professeur à l’Ecole Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège et professeur invité au « Collège Belgique », sous l’égide de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et le parrainage du Collège de France.
Jacques Sojcher, philosophe, directeur de la revue « Ah ! » (Université Libre de Bruxelles).
Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, association créée par Simone de Beauvoir.
Michel Wieviorka, sociologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris) et administrateur de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (France).
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