Ianoukovitch : «L'objectif de l'Ukraine reste l'Europe»
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Ianoukovitch : «L'objectif de l'Ukraine reste l'Europe»
LE FIGARO - INTERVIEW 07/10/2010 - Le président ukrainienViktor Ianoukovitch compte sur sa visite jeudi à Paris pour rééquilibrer une diplomatie orientée vers la réconciliation avec la Russie.
Le FIGARO - La Cour constitutionnelle vient d'annuler la réforme de la Constitution adoptée lors de la «révolution orange» de 2004. Cela se traduit par un renforcement des pouvoirs présidentiels que l'opposition qualifie de dérive autoritaire. Que répondez-vous ?
Viktor Ianoukovitch : La décision de la Cour constitutionnelle s'est faite en toute régularité, contrairement à la réforme de 2004. Je suis convaincu que le retour à la Constitution de 1996 est une bonne décision pour l'Ukraine. Elle met fin au déséquilibre des pouvoirs, qui faisait que les conflits étaient permanents au sommet de l'État. Ces conflits ont affecté notre situation politique, notre économie et l'image de l'Ukraine dans le monde parce que nous ne pouvions plus honorer les obligations internationales que l'Ukraine avait contractées. Nous allons maintenant mettre notre législation en accord avec la Constitution de 1996. Ce ne sont pas des considérations d'intérêt politique qui doivent nous guider mais le strict respect de la loi.
Que répondez-vous à l'inquiétude plus générale quant à un recul de la démocratie en Ukraine ?
Nous avons rétabli la Constitution de 1996 en corrigeant une faute juridique importante. Nous avons donc fait triompher l'État de droit. C'est l'État de droit qui est le garant des libertés démocratiques.
Vous souhaitez que l'Ukraine ait des relations équilibrées avec ses voisins. Mais depuis votre arrivée au pouvoir, en février, vous avez surtout rétabli de bonnes relations avec Moscou, en acceptant notamment de prolonger l'accord sur le stationnement de la flotte russe à Sébastopol. Votre politique ne semble pas très équilibrée…
Je porte une attention particulière à nos relations avec la Russie parce qu'elles s'étaient considérablement détériorées. Cela a eu des conséquences terribles. Une méfiance immense s'est installée. Les échanges commerciaux ont chuté pour passer de 40 à 13 milliards de dollars. Nos engagements internationaux en ont souffert, notamment ceux vis-à-vis de l'Europe en matière de transport de gaz. Il est très difficile de rétablir la confiance qui existait auparavant. Cela nécessite beaucoup d'efforts et beaucoup de temps. Actuellement, il est très important de lancer les mécanismes pratiques de la coopération économique entre l'Ukraine et la Russie. En sept mois, nos échanges ont crû de 70%. Cela relève de notre intérêt national et de notre capacité à venir à bout de la crise économique. Mais l'objectif stratégique de l'Ukraine n'a pas changé. L'Ukraine continue d'œuvrer pour s'intégrer à l'Union européenne. La Russie ne nous empêche pas de mettre en œuvre les réformes que nous entreprenons dans ce but. Au contraire, la Russie contribue au bon développement de ces programmes.
Un accord sera-t-il possible au sommet UE-Ukraine du 22 novembre sur le traité d'association, comprenant un accord de libre-échange et un plan d'action pour la suppression des visas ?
Je suis sûr que nous nous rapprocherons de manière très sensible de la signature de ces documents. Le travail doit être fait des deux côtés. J'accomplirai une partie de ce travail pendant cette visite en France. Il nous faut discuter de certains aspects de l'accord de libre-échange parce qu'il y a des points sensibles aussi bien pour notre pays que pour le vôtre.
L'agriculture ?
Oui. Je n'entrerai pas dans les détails. Je souhaite seulement que la discussion soit complète et tienne compte de la sensibilité des uns et des autres, sur la forme, en premier lieu.
Vladimir Poutine a indiqué qu'il serait prêt à réduire le prix du gaz vendu à l'Ukraine si Gazprom était autorisé à fusionner avec Naftogaz, la compagnie gazière ukrainienne. Pouvez-vous accepter un tel marché ?
Nous discutons avec la Russie de la création d'une société conjointe mais cela ne signifie pas une fusion des deux structures. Ce qui nous intéresse le plus c'est la possibilité d'extraire le gaz sur le territoire de la Russie et de transporter ce gaz en Ukraine. Ce qui intéresse la Russie c'est d'avoir accès à la gestion des gazoducs ukrainiens. Nous sommes prêts à discuter de ces questions avec la Russie. Il est tout à fait probable que la Russie et l'Ukraine se mettront d'accord pour moderniser ensemble nos gazoducs, notamment à travers une gestion commune des nouvelles tranches de ce système de transport de gaz. Notre but est de rétablir la confiance entre le fournisseur, la Russie, et l'acheteur, l'Europe, par l'intermédiaire de l'Ukraine. Nous allons tout faire pour installer cette confiance.
Ne doit-on pas craindre que la Russie cherche à prendre le contrôle de la distribution du gaz et à remettre la main sur d'autres secteurs industriels stratégiques ukrainiens, comme le nucléaire ou l'aéronautique ?
La Russie va chercher à étendre son influence sur l'Ukraine et cela est tout a fait naturel. Il est tout aussi naturel que l'Ukraine défende son indépendance dans les domaines que vous venez de citer. Ce principe est clair et ne sera jamais l'objet d'un marchandage. J'insiste: nous aspirons à ce que le développement de nos relations économiques avec la Russie ne mette nullement en question la défense des intérêts nationaux et l'indépendance de l'Ukraine.
L'idée d'un consortium gazier entre l'UE, l'Ukraine et la Russie est-elle toujours viable ? La France peut-elle y jouer un rôle ?
Les négociations sont en cours. Nous avons proposé à nos partenaires européens et russes de donner leur avis. Nous souhaitons avoir un partenaire en Europe mais quant à savoir quelles seront les sociétés concernées, je dirai que les plus actives et les plus intéressées figureront parmi celles qui seront retenues.
Le président Sarkozy a proposé la création d'un espace économique commun entre l'UE et la Russie dont il sera sans doute question lors du sommet de Deauville avec Vladimir Poutine et Angela Merkel. L'Ukraine pourrait-elle se joindre à une telle initiative ?
L'Ukraine sera difficile à contourner lorsque l'on créera cet espace économique commun.
Qu'attendez-vous de votre visite à Paris ?
J'aime beaucoup la France. Aller à Paris est pour moi un très grand plaisir. J'ai l'impression qu'il y a eu une pause dans les relations à haut niveau entre nos deux pays. Je vais proposer au président Sarkozy de tout faire pour activer nos relations économiques et politiques. Je suis certain que cela répond aux intérêts de nos deux pays. J'attends des décisions positives qui découleront de cette visite car nous avons beaucoup à faire ensemble.
La France peut aider l'Ukraine dans ses négociations avec l'UE ?
Nous en avons grand besoin. J'ai de bonnes relations avec le président Sarkozy et nous devons traduire ces bonnes relations dans des décisions très concrètes.
Le FIGARO - La Cour constitutionnelle vient d'annuler la réforme de la Constitution adoptée lors de la «révolution orange» de 2004. Cela se traduit par un renforcement des pouvoirs présidentiels que l'opposition qualifie de dérive autoritaire. Que répondez-vous ?
Viktor Ianoukovitch : La décision de la Cour constitutionnelle s'est faite en toute régularité, contrairement à la réforme de 2004. Je suis convaincu que le retour à la Constitution de 1996 est une bonne décision pour l'Ukraine. Elle met fin au déséquilibre des pouvoirs, qui faisait que les conflits étaient permanents au sommet de l'État. Ces conflits ont affecté notre situation politique, notre économie et l'image de l'Ukraine dans le monde parce que nous ne pouvions plus honorer les obligations internationales que l'Ukraine avait contractées. Nous allons maintenant mettre notre législation en accord avec la Constitution de 1996. Ce ne sont pas des considérations d'intérêt politique qui doivent nous guider mais le strict respect de la loi.
Que répondez-vous à l'inquiétude plus générale quant à un recul de la démocratie en Ukraine ?
Nous avons rétabli la Constitution de 1996 en corrigeant une faute juridique importante. Nous avons donc fait triompher l'État de droit. C'est l'État de droit qui est le garant des libertés démocratiques.
Vous souhaitez que l'Ukraine ait des relations équilibrées avec ses voisins. Mais depuis votre arrivée au pouvoir, en février, vous avez surtout rétabli de bonnes relations avec Moscou, en acceptant notamment de prolonger l'accord sur le stationnement de la flotte russe à Sébastopol. Votre politique ne semble pas très équilibrée…
Je porte une attention particulière à nos relations avec la Russie parce qu'elles s'étaient considérablement détériorées. Cela a eu des conséquences terribles. Une méfiance immense s'est installée. Les échanges commerciaux ont chuté pour passer de 40 à 13 milliards de dollars. Nos engagements internationaux en ont souffert, notamment ceux vis-à-vis de l'Europe en matière de transport de gaz. Il est très difficile de rétablir la confiance qui existait auparavant. Cela nécessite beaucoup d'efforts et beaucoup de temps. Actuellement, il est très important de lancer les mécanismes pratiques de la coopération économique entre l'Ukraine et la Russie. En sept mois, nos échanges ont crû de 70%. Cela relève de notre intérêt national et de notre capacité à venir à bout de la crise économique. Mais l'objectif stratégique de l'Ukraine n'a pas changé. L'Ukraine continue d'œuvrer pour s'intégrer à l'Union européenne. La Russie ne nous empêche pas de mettre en œuvre les réformes que nous entreprenons dans ce but. Au contraire, la Russie contribue au bon développement de ces programmes.
Un accord sera-t-il possible au sommet UE-Ukraine du 22 novembre sur le traité d'association, comprenant un accord de libre-échange et un plan d'action pour la suppression des visas ?
Je suis sûr que nous nous rapprocherons de manière très sensible de la signature de ces documents. Le travail doit être fait des deux côtés. J'accomplirai une partie de ce travail pendant cette visite en France. Il nous faut discuter de certains aspects de l'accord de libre-échange parce qu'il y a des points sensibles aussi bien pour notre pays que pour le vôtre.
L'agriculture ?
Oui. Je n'entrerai pas dans les détails. Je souhaite seulement que la discussion soit complète et tienne compte de la sensibilité des uns et des autres, sur la forme, en premier lieu.
Vladimir Poutine a indiqué qu'il serait prêt à réduire le prix du gaz vendu à l'Ukraine si Gazprom était autorisé à fusionner avec Naftogaz, la compagnie gazière ukrainienne. Pouvez-vous accepter un tel marché ?
Nous discutons avec la Russie de la création d'une société conjointe mais cela ne signifie pas une fusion des deux structures. Ce qui nous intéresse le plus c'est la possibilité d'extraire le gaz sur le territoire de la Russie et de transporter ce gaz en Ukraine. Ce qui intéresse la Russie c'est d'avoir accès à la gestion des gazoducs ukrainiens. Nous sommes prêts à discuter de ces questions avec la Russie. Il est tout à fait probable que la Russie et l'Ukraine se mettront d'accord pour moderniser ensemble nos gazoducs, notamment à travers une gestion commune des nouvelles tranches de ce système de transport de gaz. Notre but est de rétablir la confiance entre le fournisseur, la Russie, et l'acheteur, l'Europe, par l'intermédiaire de l'Ukraine. Nous allons tout faire pour installer cette confiance.
Ne doit-on pas craindre que la Russie cherche à prendre le contrôle de la distribution du gaz et à remettre la main sur d'autres secteurs industriels stratégiques ukrainiens, comme le nucléaire ou l'aéronautique ?
La Russie va chercher à étendre son influence sur l'Ukraine et cela est tout a fait naturel. Il est tout aussi naturel que l'Ukraine défende son indépendance dans les domaines que vous venez de citer. Ce principe est clair et ne sera jamais l'objet d'un marchandage. J'insiste: nous aspirons à ce que le développement de nos relations économiques avec la Russie ne mette nullement en question la défense des intérêts nationaux et l'indépendance de l'Ukraine.
L'idée d'un consortium gazier entre l'UE, l'Ukraine et la Russie est-elle toujours viable ? La France peut-elle y jouer un rôle ?
Les négociations sont en cours. Nous avons proposé à nos partenaires européens et russes de donner leur avis. Nous souhaitons avoir un partenaire en Europe mais quant à savoir quelles seront les sociétés concernées, je dirai que les plus actives et les plus intéressées figureront parmi celles qui seront retenues.
Le président Sarkozy a proposé la création d'un espace économique commun entre l'UE et la Russie dont il sera sans doute question lors du sommet de Deauville avec Vladimir Poutine et Angela Merkel. L'Ukraine pourrait-elle se joindre à une telle initiative ?
L'Ukraine sera difficile à contourner lorsque l'on créera cet espace économique commun.
Qu'attendez-vous de votre visite à Paris ?
J'aime beaucoup la France. Aller à Paris est pour moi un très grand plaisir. J'ai l'impression qu'il y a eu une pause dans les relations à haut niveau entre nos deux pays. Je vais proposer au président Sarkozy de tout faire pour activer nos relations économiques et politiques. Je suis certain que cela répond aux intérêts de nos deux pays. J'attends des décisions positives qui découleront de cette visite car nous avons beaucoup à faire ensemble.
La France peut aider l'Ukraine dans ses négociations avec l'UE ?
Nous en avons grand besoin. J'ai de bonnes relations avec le président Sarkozy et nous devons traduire ces bonnes relations dans des décisions très concrètes.
Caduce62- Messages : 15239
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Re: Ianoukovitch : «L'objectif de l'Ukraine reste l'Europe»
Si le titre s'intitulait "L'objectif de l'Ukraine reste l'aide financière européenne", il serait plus conforme à la réalité.
Thuramir- Messages : 3677
Date d'inscription : 11/07/2010
Localisation : Bruxelles
Re: Ianoukovitch : «L'objectif de l'Ukraine reste l'Europe»
Sentiment partagé.
J'ai un sentiment de retour à une période pas très faste pour l'Ukraine.
Quand on pense à son potentiel . . . quel gâchis.
J'ai un sentiment de retour à une période pas très faste pour l'Ukraine.
Quand on pense à son potentiel . . . quel gâchis.
Re: Ianoukovitch : «L'objectif de l'Ukraine reste l'Europe»
Je suis bien d'accord avec toi. Quel gâchis innommable !
Thuramir- Messages : 3677
Date d'inscription : 11/07/2010
Localisation : Bruxelles
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