regard nato et EU !
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regard nato et EU !
à voir ! faites leurs confiance !!!!
http://echelledejacob.blogspot.fr/2015/05/decadence-obscene-de-beuverie-pour-le.html#more
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smartleo44- Messages : 130
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Re: regard nato et EU !
excuse moi, au vu de la source (le saker) on a droit à une des innombrables saillies d'empoutinés. Ce site est une cuvette à chiotte.
tarkan- Messages : 718
Date d'inscription : 05/05/2014
Age : 40
Re: regard nato et EU !
NATO - June 2
In the Black Sea -- USS Ross, left, transits with the Ukranian navy frigate Hetman Sahaydachniy
In the Black Sea -- USS Ross, left, transits with the Ukranian navy frigate Hetman Sahaydachniy
Caduce62- Messages : 15239
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Re: regard nato et EU !
Les ministres des Affaires étrangères de l'Otan ont invité mercredi le Monténégro à devenir son 29e Etat membre, poursuivant l'élargissement de l'Alliance de l'Atlantique nord dans les Balkans que Moscou conteste.
Cette "décision historique d'entamer des pourparlers d'adhésion avec le Monténégro" a été prise à l'unanimité par les 28 chefs de la diplomatie de l'Otan lors d'une réunion à Bruxelles, a constaté le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.
Cette "décision historique d'entamer des pourparlers d'adhésion avec le Monténégro" a été prise à l'unanimité par les 28 chefs de la diplomatie de l'Otan lors d'une réunion à Bruxelles, a constaté le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg.
Caduce62- Messages : 15239
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Re: regard nato et EU !
Strictement européen:
Réfugiés: un corps de gardes-frontières européens pour "sauver" Schengen?
Des migrants en attente au terminal des Bus Esenler le 16 septembre 2015 à Istanbul - © YASIN AKGUL
L'UE abat mardi une nouvelle carte pour reprendre le contrôle de ses frontières extérieures, avec le projet d'un corps européen de gardes-frontières et de gardes-côtes, que la Commission souhaite pouvoir déployer y compris dans un Etat récalcitrant.
Cette prérogative détonante, qui toucherait à la souveraineté des Etats membres, promet de susciter de fortes résistances. Mais l'exécutif bruxellois, qui doit détailler sa proposition devant le Parlement européen réuni à Strasbourg à 14H00 GMT, est décidé à faire preuve d'audace face à la crise migratoire la plus grave depuis 1945 qui ébranle l'UE.
L'enjeu est d'éviter que le chaos aux frontières extérieures ne provoque la fin de la libre circulation dans l'espace Schengen, un des piliers de l'UE. Selon la Commission, il y a eu près de 1,5 million de franchissements illégaux de frontières depuis janvier par des migrants poursuivant leur route sans être dûment enregistrés.
Cette situation a conduit plusieurs pays, comme l'Allemagne, l'Autriche ou encore la Suède, à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières intérieures, illustrant la confiance perdue dans le rôle de filtre des pays en première ligne.
Un 'projet audacieux'
Les Etats membres "ne sont pas préparés" pour faire face à l'afflux des demandeurs d'asile et "ils ne peuvent pas agir tout seuls", a fait valoir le Commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos, vendredi à Rome.
"Nous avons besoin de quelque chose de plus complet et de mieux structuré" que les outils actuels, a plaidé M. Avramopoulos, qualifiant le nouveau corps européen de "projet audacieux".
Bâti sur les bases de l'agence européenne Frontex, il pourrait être doté d'un effectif de quelque 1.000 personnes à l'horizon 2020, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.
Et "les Etats membres devront rendre disponibles au moins 1.500 gardes-frontières" mobilisables en quelques jours, est-il indiqué dans un document de la Commission, consulté par l'AFP, alors que les Etats membres tardent actuellement à fournir à Frontex des moyens humains.
Surtout, "dans des situations urgentes", le nouveau corps "doit être en mesure d'intervenir pour veiller à ce que des mesures soient prises sur le terrain, même là où il n'y a pas de demande d'aide de l'Etat membre concerné ou lorsque cet Etat membre estime qu'il n'y a pas besoin d'une intervention".
Aucun pays n'est nommé, mais le cas de la Grèce illustre le propos. Car si Athènes vient de solliciter une intervention de Frontex à ses frontières, c'est après avoir résisté à la pression de Bruxelles qui veut disposer à l'avenir d'outils plus contraignants.
Le droit d'intervenir n'interviendrait toutefois qu'au terme d'un processus graduel, en cas de "défaillances" persistantes. Mais la Commission aurait, in fine, le pouvoir de "prendre les mesures opérationnelles appropriées" de sa propre initiative, selon la proposition qu'elle formule.
"Il ne sera jamais possible pour un garde-frontière européen d'intervenir dans une opération à une frontière sans l'accord du pays concerné", a cependant assuré à l'AFP une source proche du dossier, laissant entendre qu'il s'agissait d'augmenter la pression pour qu'un Etat visé fasse le nécessaire de lui-même, et avec l'aide européenne.
'Choquant'
Quoi qu'il en soit, le projet présenté mardi devra ensuite être examiné par le Parlement et le Conseil de l'UE, l'instance regroupant les Etats membres. Et malgré le soutien de Berlin et de Paris, il devrait se heurter à de vives réticences de nations peu enclines à abandonner une part de leur souveraineté.
Remplacer Frontex "par une structure indépendante des Etats membres est choquant", a déjà réagi lundi le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski.
La création d'un nouveau corps européen de gardes-frontières fait partie d'une salve de nouvelles mesures présentées mardi, qui incluent aussi une révision ciblée du Code Schengen, demandée avec insistance par la France.
La retouche n'est pas anodine: elle doit permettre d'étendre aux ressortissants européens les contrôles systématiques et poussés qui sont pratiqués à l'entrée de l'espace Schengen.
Depuis les attentats de Paris (130 morts), dont certains auteurs ont emprunté la route des migrants, la question migratoire s'est en effet doublée d'une inquiétude sécuritaire de plus en plus forte.
Réfugiés: un corps de gardes-frontières européens pour "sauver" Schengen?
Des migrants en attente au terminal des Bus Esenler le 16 septembre 2015 à Istanbul - © YASIN AKGUL
L'UE abat mardi une nouvelle carte pour reprendre le contrôle de ses frontières extérieures, avec le projet d'un corps européen de gardes-frontières et de gardes-côtes, que la Commission souhaite pouvoir déployer y compris dans un Etat récalcitrant.
Cette prérogative détonante, qui toucherait à la souveraineté des Etats membres, promet de susciter de fortes résistances. Mais l'exécutif bruxellois, qui doit détailler sa proposition devant le Parlement européen réuni à Strasbourg à 14H00 GMT, est décidé à faire preuve d'audace face à la crise migratoire la plus grave depuis 1945 qui ébranle l'UE.
L'enjeu est d'éviter que le chaos aux frontières extérieures ne provoque la fin de la libre circulation dans l'espace Schengen, un des piliers de l'UE. Selon la Commission, il y a eu près de 1,5 million de franchissements illégaux de frontières depuis janvier par des migrants poursuivant leur route sans être dûment enregistrés.
Cette situation a conduit plusieurs pays, comme l'Allemagne, l'Autriche ou encore la Suède, à rétablir provisoirement des contrôles aux frontières intérieures, illustrant la confiance perdue dans le rôle de filtre des pays en première ligne.
Un 'projet audacieux'
Les Etats membres "ne sont pas préparés" pour faire face à l'afflux des demandeurs d'asile et "ils ne peuvent pas agir tout seuls", a fait valoir le Commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos, vendredi à Rome.
"Nous avons besoin de quelque chose de plus complet et de mieux structuré" que les outils actuels, a plaidé M. Avramopoulos, qualifiant le nouveau corps européen de "projet audacieux".
Bâti sur les bases de l'agence européenne Frontex, il pourrait être doté d'un effectif de quelque 1.000 personnes à l'horizon 2020, a précisé à l'AFP une source proche du dossier.
Et "les Etats membres devront rendre disponibles au moins 1.500 gardes-frontières" mobilisables en quelques jours, est-il indiqué dans un document de la Commission, consulté par l'AFP, alors que les Etats membres tardent actuellement à fournir à Frontex des moyens humains.
Surtout, "dans des situations urgentes", le nouveau corps "doit être en mesure d'intervenir pour veiller à ce que des mesures soient prises sur le terrain, même là où il n'y a pas de demande d'aide de l'Etat membre concerné ou lorsque cet Etat membre estime qu'il n'y a pas besoin d'une intervention".
Aucun pays n'est nommé, mais le cas de la Grèce illustre le propos. Car si Athènes vient de solliciter une intervention de Frontex à ses frontières, c'est après avoir résisté à la pression de Bruxelles qui veut disposer à l'avenir d'outils plus contraignants.
Le droit d'intervenir n'interviendrait toutefois qu'au terme d'un processus graduel, en cas de "défaillances" persistantes. Mais la Commission aurait, in fine, le pouvoir de "prendre les mesures opérationnelles appropriées" de sa propre initiative, selon la proposition qu'elle formule.
"Il ne sera jamais possible pour un garde-frontière européen d'intervenir dans une opération à une frontière sans l'accord du pays concerné", a cependant assuré à l'AFP une source proche du dossier, laissant entendre qu'il s'agissait d'augmenter la pression pour qu'un Etat visé fasse le nécessaire de lui-même, et avec l'aide européenne.
'Choquant'
Quoi qu'il en soit, le projet présenté mardi devra ensuite être examiné par le Parlement et le Conseil de l'UE, l'instance regroupant les Etats membres. Et malgré le soutien de Berlin et de Paris, il devrait se heurter à de vives réticences de nations peu enclines à abandonner une part de leur souveraineté.
Remplacer Frontex "par une structure indépendante des Etats membres est choquant", a déjà réagi lundi le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski.
La création d'un nouveau corps européen de gardes-frontières fait partie d'une salve de nouvelles mesures présentées mardi, qui incluent aussi une révision ciblée du Code Schengen, demandée avec insistance par la France.
La retouche n'est pas anodine: elle doit permettre d'étendre aux ressortissants européens les contrôles systématiques et poussés qui sont pratiqués à l'entrée de l'espace Schengen.
Depuis les attentats de Paris (130 morts), dont certains auteurs ont emprunté la route des migrants, la question migratoire s'est en effet doublée d'une inquiétude sécuritaire de plus en plus forte.
Александр- Messages : 5390
Date d'inscription : 23/03/2010
Localisation : Leuven, België
Re: regard nato et EU !
Suite à le menace, l'UE réagit:
Commission européenne - Communiqué de presse
Sécurité: l'UE renforce sa réponse aux menaces hybrides
La Commission européenne et la haute représentante ont adopté ce jour un cadre commun pour contrer les menaces hybrides et renforcer la résilience de l'UE, de ses États membres et de ses partenaires en intensifiant parallèlement sa coopération avec l'OTAN dans la lutte contre ces menaces.
Au cours de ces dernières années, l’UE et ses États membres ont été de plus en plus exposés à des menaces hybrides sous la forme notamment d'actions hostiles visant à déstabiliser une région ou un État. La Commission européenne et la haute représentante ont adopté ce jour un cadre commun pour contrer les menaces hybrides et renforcer la résilience de l'UE, de ses États membres et de ses partenaires en intensifiant parallèlement sa coopération avec l'OTAN dans la lutte contre ces menaces.
La haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Federica Mogherini, a déclaré ce qui suit: «Au cours de ces dernières années, les conditions de sécurité ont considérablement évolué. Nous avons assisté à la montée des menaces hybrides aux frontières de l’UE. Des appels pressants ont été lancés pour que l'Union s’adapte et renforce ses capacités en tant que garant de la sécurité. Il convient d'établir une relation encore plus étroite entre sécurité intérieure et sécurité extérieure. Avec ces nouvelles propositions, nous voulons renforcer notre capacité à lutter contre les menaces à caractère hybride. Dans le cadre de ces efforts, nous intensifierons également la coopération et la coordination avec l’OTAN.»
Mme Elżbieta Bieńkowska, commissaire pour le marché intérieur, l'industrie, l'entrepreneuriat et les PME, a pour sa part ajouté: «L'UE doit devenir un acteur de la sécurité, capable de s'adapter à l'évolution de la nature des menaces auxquelles elle est confrontée, de l'anticiper et d'y réagir. Cela implique un renforcement de notre résilience et de la sécurité à l'intérieur de l'Union, mais également de notre capacité à lutter contre les nouvelles menaces extérieures. Ce cadre nous permet d'agir ensemble pour contrer les menaces hybrides communes. Nous présentons des propositions concrètes pour l’Union et ses États membres afin de renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense, d’améliorer la résilience, de remédier aux vulnérabilités stratégiques et de préparer une réponse coordonnée.»
Le cadre commun propose une approche globale visant à améliorer la réponse commune aux défis posés par les menaces hybrides aux États membres, aux citoyens et à la sécurité collective en Europe. Il associe l'ensemble des acteurs, des politiques et des instruments dans ce domaine dans le but de contrer les menaces hybrides et d'en atténuer les effets de manière plus coordonnée. Il s'appuie en particulier sur le programme européen en matière de sécurité adopté par la Commission en avril 2015, ainsi que sur des stratégies sectorielles, notamment la stratégie de cybersécurité de l'Union européenne, la stratégie pour la sécurité énergétique et la stratégie de sûreté maritime de l’Union européenne.
Le cadre commun rassemble les politiques existantes et propose vingt-deux actions opérationnelles visant à:
Le cadre est conçu pour fournir une base solide aux États membres afin qu'ils puissent lutter ensemble contre les menaces hybrides en s'appuyant sur un large éventail d'instruments et d'initiatives de l’UE et en faisant pleinement usage des possibilités offertes par les traités.
Contexte
Les menaces hybrides renvoient à une combinaison d'activités, mêlant souvent méthodes conventionnelles et non conventionnelles, qui peuvent être utilisées de manière coordonnée par des acteurs étatiques et non étatiques, sans que le seuil d'une guerre déclarée officiellement ne soit dépassé. Le but est non seulement de causer des dommages directs et d'exploiter les vulnérabilités, mais également de déstabiliser les sociétés et de créer une certaine ambiguïté pour entraver les processus décisionnels.
La lutte contre les menaces hybrides relève essentiellement de la compétence nationale, la responsabilité première incombant aux États membres. Néanmoins, le cadre commun présenté aujourd’hui par la Commission européenne et la haute représentante Mogherini vise à aider les États membres de l’UE et leurs partenaires à lutter contre les menaces hybrides et à renforcer leur résilience face à ces menaces en combinant les instruments européens et nationaux d’une manière plus efficace que par le passé. De plus, de nombreux États membres de l'UE sont confrontés à des menaces communes, qui peuvent cibler des réseaux ou des infrastructures transfrontières. Le cadre s'aligne sur les orientations politiques du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui a insisté sur la nécessité de «travailler à renforcer l'Europe en matière de sécurité et de défense». Il fait également suite à l’invitation lancée lors du Conseil des affaires étrangères du 18 mai 2015, de présenter des propositions qui puissent se traduire en actions pour contrer les menaces hybrides.
Prochaines étapes
Le cadre sera présenté au Conseil de l’Union européenne.
Commission européenne - Communiqué de presse
Sécurité: l'UE renforce sa réponse aux menaces hybrides
La Commission européenne et la haute représentante ont adopté ce jour un cadre commun pour contrer les menaces hybrides et renforcer la résilience de l'UE, de ses États membres et de ses partenaires en intensifiant parallèlement sa coopération avec l'OTAN dans la lutte contre ces menaces.
Au cours de ces dernières années, l’UE et ses États membres ont été de plus en plus exposés à des menaces hybrides sous la forme notamment d'actions hostiles visant à déstabiliser une région ou un État. La Commission européenne et la haute représentante ont adopté ce jour un cadre commun pour contrer les menaces hybrides et renforcer la résilience de l'UE, de ses États membres et de ses partenaires en intensifiant parallèlement sa coopération avec l'OTAN dans la lutte contre ces menaces.
La haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Federica Mogherini, a déclaré ce qui suit: «Au cours de ces dernières années, les conditions de sécurité ont considérablement évolué. Nous avons assisté à la montée des menaces hybrides aux frontières de l’UE. Des appels pressants ont été lancés pour que l'Union s’adapte et renforce ses capacités en tant que garant de la sécurité. Il convient d'établir une relation encore plus étroite entre sécurité intérieure et sécurité extérieure. Avec ces nouvelles propositions, nous voulons renforcer notre capacité à lutter contre les menaces à caractère hybride. Dans le cadre de ces efforts, nous intensifierons également la coopération et la coordination avec l’OTAN.»
Mme Elżbieta Bieńkowska, commissaire pour le marché intérieur, l'industrie, l'entrepreneuriat et les PME, a pour sa part ajouté: «L'UE doit devenir un acteur de la sécurité, capable de s'adapter à l'évolution de la nature des menaces auxquelles elle est confrontée, de l'anticiper et d'y réagir. Cela implique un renforcement de notre résilience et de la sécurité à l'intérieur de l'Union, mais également de notre capacité à lutter contre les nouvelles menaces extérieures. Ce cadre nous permet d'agir ensemble pour contrer les menaces hybrides communes. Nous présentons des propositions concrètes pour l’Union et ses États membres afin de renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense, d’améliorer la résilience, de remédier aux vulnérabilités stratégiques et de préparer une réponse coordonnée.»
Le cadre commun propose une approche globale visant à améliorer la réponse commune aux défis posés par les menaces hybrides aux États membres, aux citoyens et à la sécurité collective en Europe. Il associe l'ensemble des acteurs, des politiques et des instruments dans ce domaine dans le but de contrer les menaces hybrides et d'en atténuer les effets de manière plus coordonnée. Il s'appuie en particulier sur le programme européen en matière de sécurité adopté par la Commission en avril 2015, ainsi que sur des stratégies sectorielles, notamment la stratégie de cybersécurité de l'Union européenne, la stratégie pour la sécurité énergétique et la stratégie de sûreté maritime de l’Union européenne.
Le cadre commun rassemble les politiques existantes et propose vingt-deux actions opérationnelles visant à:
- améliorer la connaissance de la situation, en mettant en place des mécanismes spécifiques pour l’échange d’informations entre les États membres et en coordonnant les actions de l’UE en matière de communications stratégiques;
- renforcer la résilience en se penchant sur les secteurs stratégiques et critiques potentiellement concernés tels que la cybersécurité, les infrastructures essentielles (énergie, transports, espace), la protection du système financier, la protection de la santé publique, et en soutenant les efforts de lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation;
- prévenir les crises, y faire face et s'en remettre en définissant des procédures efficaces à appliquer mais également en examinant l'applicabilité et les implications pratiques de la clause de solidarité (article 222 du TFUE) et de la clause de défense mutuelle (article 42, paragraphe 7, du TUE) en cas d'attaque hybride grave et de grande ampleur;
- intensifier la coopération entre l’UE, l’OTAN et d’autres organisations partenaires, dans un effort commun de lutte contre les menaces hybrides, tout en respectant les principes d’inclusion et d’autonomie décisionnelle de chaque organisation.
Le cadre est conçu pour fournir une base solide aux États membres afin qu'ils puissent lutter ensemble contre les menaces hybrides en s'appuyant sur un large éventail d'instruments et d'initiatives de l’UE et en faisant pleinement usage des possibilités offertes par les traités.
Contexte
Les menaces hybrides renvoient à une combinaison d'activités, mêlant souvent méthodes conventionnelles et non conventionnelles, qui peuvent être utilisées de manière coordonnée par des acteurs étatiques et non étatiques, sans que le seuil d'une guerre déclarée officiellement ne soit dépassé. Le but est non seulement de causer des dommages directs et d'exploiter les vulnérabilités, mais également de déstabiliser les sociétés et de créer une certaine ambiguïté pour entraver les processus décisionnels.
La lutte contre les menaces hybrides relève essentiellement de la compétence nationale, la responsabilité première incombant aux États membres. Néanmoins, le cadre commun présenté aujourd’hui par la Commission européenne et la haute représentante Mogherini vise à aider les États membres de l’UE et leurs partenaires à lutter contre les menaces hybrides et à renforcer leur résilience face à ces menaces en combinant les instruments européens et nationaux d’une manière plus efficace que par le passé. De plus, de nombreux États membres de l'UE sont confrontés à des menaces communes, qui peuvent cibler des réseaux ou des infrastructures transfrontières. Le cadre s'aligne sur les orientations politiques du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, qui a insisté sur la nécessité de «travailler à renforcer l'Europe en matière de sécurité et de défense». Il fait également suite à l’invitation lancée lors du Conseil des affaires étrangères du 18 mai 2015, de présenter des propositions qui puissent se traduire en actions pour contrer les menaces hybrides.
Prochaines étapes
Le cadre sera présenté au Conseil de l’Union européenne.
Александр- Messages : 5390
Date d'inscription : 23/03/2010
Localisation : Leuven, België
Re: regard nato et EU !
Confirmation au journal de France2:
Europe : le réarmement est en marche
C'est un virage pour l'Europe après des années de baisse continue de l'effort militaire. Le réarmement est en cours en France et au Royaume-Uni, mais surtout en Europe centrale. En cause, le réveil de la menace russe.
Europe : le réarmement est en marche
C'est un virage pour l'Europe. Après des années de baisse continue de l'effort militaire. Le réarmement est en cours en France et au Royaume-Uni, mais surtout en Europe centrale. En cause, le réveil de la menace russe. Les grandes manoeuvres sont en marche en Europe de l'Est. En Pologne, on teste de nouveaux missiles. Un exercice de plus en plus fréquent depuis deux ans. Jamais les budgets militaires n'ont été aussi élevés dans la région. "Nous devons avoir une armée forte et moderne", affirme Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense.
C'est un virage pour l'Europe. Après des années de baisse continue de l'effort militaire. Le réarmement est en cours en France et au Royaume-Uni, mais surtout en Europe centrale. En cause, le réveil de la menace russe. Les grandes manoeuvres sont en marche en Europe de l'Est. En Pologne, on teste de nouveaux missiles. Un exercice de plus en plus fréquent depuis deux ans. Jamais les budgets militaires n'ont été aussi élevés dans la région. "Nous devons avoir une armée forte et moderne", affirme Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense.
Les budgets militaires explosent
Objectif : se défendre contre le puissant voisin russe et éviter la répétition du scénario ukrainien. Partout, les dépenses militaires augmentent, plus 33% en Lituanie, plus 22% en Pologne, plus 17% en Slovaquie, et plus 11% en Roumanie. Des pays qui passent aujourd'hui commande, et leur liste est longue. La Pologne prévoit d'acheter 80 hélicoptères, un système sol-air, trois sous-marins, 60 drones armés et huit missiles Patriot. Total 40 milliards d'euros. La Lituanie, elle, a de nouveau rendu le service militaire obligatoire. L'armée recrute à tour de bras.
Europe : le réarmement est en marche
C'est un virage pour l'Europe après des années de baisse continue de l'effort militaire. Le réarmement est en cours en France et au Royaume-Uni, mais surtout en Europe centrale. En cause, le réveil de la menace russe.
Europe : le réarmement est en marche
C'est un virage pour l'Europe. Après des années de baisse continue de l'effort militaire. Le réarmement est en cours en France et au Royaume-Uni, mais surtout en Europe centrale. En cause, le réveil de la menace russe. Les grandes manoeuvres sont en marche en Europe de l'Est. En Pologne, on teste de nouveaux missiles. Un exercice de plus en plus fréquent depuis deux ans. Jamais les budgets militaires n'ont été aussi élevés dans la région. "Nous devons avoir une armée forte et moderne", affirme Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense.
C'est un virage pour l'Europe. Après des années de baisse continue de l'effort militaire. Le réarmement est en cours en France et au Royaume-Uni, mais surtout en Europe centrale. En cause, le réveil de la menace russe. Les grandes manoeuvres sont en marche en Europe de l'Est. En Pologne, on teste de nouveaux missiles. Un exercice de plus en plus fréquent depuis deux ans. Jamais les budgets militaires n'ont été aussi élevés dans la région. "Nous devons avoir une armée forte et moderne", affirme Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense.
Les budgets militaires explosent
Objectif : se défendre contre le puissant voisin russe et éviter la répétition du scénario ukrainien. Partout, les dépenses militaires augmentent, plus 33% en Lituanie, plus 22% en Pologne, plus 17% en Slovaquie, et plus 11% en Roumanie. Des pays qui passent aujourd'hui commande, et leur liste est longue. La Pologne prévoit d'acheter 80 hélicoptères, un système sol-air, trois sous-marins, 60 drones armés et huit missiles Patriot. Total 40 milliards d'euros. La Lituanie, elle, a de nouveau rendu le service militaire obligatoire. L'armée recrute à tour de bras.
Александр- Messages : 5390
Date d'inscription : 23/03/2010
Localisation : Leuven, België
Re: regard nato et EU !
"Si vis pacem, para bellum..."
Apparemment, la leçon de 1939 a servi...
Apparemment, la leçon de 1939 a servi...
Krispoluk- Messages : 9858
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
Re: regard nato et EU !
Tout à fait:
Attentats/Défense: Hollande annule 10.000 suppressions de postes et en crée 800 nets sur 3 ans
François Hollande a décidé mercredi d'annuler 10.000 suppressions de postes dans les armées et d'en créer même 800 supplémentaires au cours des trois prochaines années pour faire face à la menace terroriste, a annoncé l'Elysée dans un communiqué à l'issue d'un Conseil de défense et de sécurité nationale.
"Au cours de ce conseil, le Président de la République a décidé de renforcer de 10.000 postes au total au cours des années 2017 à 2019 les effectifs du ministère de la Défense prévus dans la loi de programmation militaire, actualisée en juillet 2015", a indiqué l'Elysée.
La réduction de 10.000 postes prévue par cette loi est ainsi annulée, la décision du chef de l'Etat se traduisant même "par un accroissement net des effectifs de la Défense de près de 800 postes au cours des trois prochaines années", de 2017 à 2019, a indiqué la présidence.
Ces créations se feront "au bénéfice des unités opérationnelles et de la cyberdéfense".
L'objet du Conseil de défense, toujours selon l'Elysée, était de "traduire dans les prochaines lois de finances les décisions sur les effectifs de la Défense (...) prises après les attentats de novembre 2015 et annoncées devant le Congrès" à Versailles.
"Le président de la République a décidé d’accroître en conséquence les ressources prévues pour le ministère de la Défense dans la loi de programmation militaire, afin notamment de financer les coûts de fonctionnement et d’équipement associés à ces effectifs supplémentaires", poursuit l'Elysée.
Il s'agit aussi "de renforcer les effectifs et le rôle des réserves tout en prenant en compte les contraintes spécifiques des armées en termes d’activité et de condition militaire au moment où elles sont de plus en plus employées en opération extérieure comme sur le territoire national", selon la présidence.
Trois jours après les attentats jihadistes du 13 novembre qui avaient fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis, François Hollande avait déclaré devant le Congrès réuni à Versailles, "qu’il n’y aurait aucune diminution d’effectifs dans la défense jusqu’en 2019".
Le chef de l'Etat et des armées avait fait valoir que ces dernières "sont de plus en plus sollicitées par les opérations extérieures" et "par la sécurité de nos compatriotes" sur le territoire national.
"Cette réorganisation de nos armées se fera au bénéfice des unités opérationnelles, de la cyberdéfense et du renseignement", avait-il alors précisé.
C'en fait du monde!!
Attentats/Défense: Hollande annule 10.000 suppressions de postes et en crée 800 nets sur 3 ans
François Hollande a décidé mercredi d'annuler 10.000 suppressions de postes dans les armées et d'en créer même 800 supplémentaires au cours des trois prochaines années pour faire face à la menace terroriste, a annoncé l'Elysée dans un communiqué à l'issue d'un Conseil de défense et de sécurité nationale.
"Au cours de ce conseil, le Président de la République a décidé de renforcer de 10.000 postes au total au cours des années 2017 à 2019 les effectifs du ministère de la Défense prévus dans la loi de programmation militaire, actualisée en juillet 2015", a indiqué l'Elysée.
La réduction de 10.000 postes prévue par cette loi est ainsi annulée, la décision du chef de l'Etat se traduisant même "par un accroissement net des effectifs de la Défense de près de 800 postes au cours des trois prochaines années", de 2017 à 2019, a indiqué la présidence.
Ces créations se feront "au bénéfice des unités opérationnelles et de la cyberdéfense".
L'objet du Conseil de défense, toujours selon l'Elysée, était de "traduire dans les prochaines lois de finances les décisions sur les effectifs de la Défense (...) prises après les attentats de novembre 2015 et annoncées devant le Congrès" à Versailles.
"Le président de la République a décidé d’accroître en conséquence les ressources prévues pour le ministère de la Défense dans la loi de programmation militaire, afin notamment de financer les coûts de fonctionnement et d’équipement associés à ces effectifs supplémentaires", poursuit l'Elysée.
Il s'agit aussi "de renforcer les effectifs et le rôle des réserves tout en prenant en compte les contraintes spécifiques des armées en termes d’activité et de condition militaire au moment où elles sont de plus en plus employées en opération extérieure comme sur le territoire national", selon la présidence.
Trois jours après les attentats jihadistes du 13 novembre qui avaient fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis, François Hollande avait déclaré devant le Congrès réuni à Versailles, "qu’il n’y aurait aucune diminution d’effectifs dans la défense jusqu’en 2019".
Le chef de l'Etat et des armées avait fait valoir que ces dernières "sont de plus en plus sollicitées par les opérations extérieures" et "par la sécurité de nos compatriotes" sur le territoire national.
"Cette réorganisation de nos armées se fera au bénéfice des unités opérationnelles, de la cyberdéfense et du renseignement", avait-il alors précisé.
C'en fait du monde!!
Александр- Messages : 5390
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Re: regard nato et EU !
Très intéressant articles en trois volets:
L’Europe de 2030 : Comprendre les dynamiques de l’UE
futureatlas.com/Flickr, CC BY
Nous publions le premier volet d’une série de trois articles signés par Nicolas Tenzer sur la crise multiforme à laquelle doit face l’Europe et les ressources dont elle dispose pour la surmonter. Aujourd’hui, l’heure du diagnostic.
Que l’Europe connaisse la crise la plus grave de son histoire paraît une évidence. Nombreux sont ceux qui mettent en garde contre une possible disparition de la plus fabuleuse construction politique des soixante dernières années. Or, l’appel au sursaut n’est que de peu de poids devant ce qui s’annonce comme une possible faillite historique. Mais si l’Europe est mortelle, on n’a pas suffisamment analysé l’enchaînement de causes qui pourrait conduire à son décès. Si l’Europe doit disparaître, elle ne sera pas victime d’une maladie unique, mais d’une accumulation de maux et de remèdes inadaptés.
Toutefois, ne nous hâtons pas de l’enterrer ! Les facteurs qui interagissent pour déterminer le futur de l’Europe peuvent aussi la sauver. L’histoire européenne n’est pas finie et nous disposons de multiples leviers. C’est sur le fond d’un malheur possible et d’une régénérescence qui ne relève pas de l’utopie qu’il sera possible d’émettre des recommandations concrètes aux gouvernements de l’Union européenne.
Certes les éléments sont réunis pour conclure à une appréhension pessimiste du futur de l’Europe. Sa crise est géostratégique : menace russe à ses frontières, déstabilisation du Moyen-Orient et d’une partie de l’Afrique, risque de sortie de certains membres, divergences accrues sur les choix géopolitiques de base. Mais elle est aussi politique (montée des partis extrémistes et tendances centrifuges), morale (gouvernements enclins à bafouer les droits fondamentaux et position plus que restrictive dans l’accueil des réfugiés), économique et sociale (chômage de masse et déséquilibres des comptes publics).
La conjonction de ces crises forme le substrat de l’Europe à un moment où aucun dirigeant ne paraît à même d’offrir une vue d’ensemble souhaitée. Le réveil des tensions géopolitiques, qui va de pair avec la mise en cause des valeurs de liberté et de droit, est le ferment le plus inquiétant.
Le malheur européen
Le malheur européen est d’abord politique. Peut-on citer un seul discours récent d’un dirigeant ayant présenté ce que l’Europe devait être dans les vingt ans à venir ? Les gouvernants ont eu le mérite de régler au mieux les crises financières (2008 et crise grecque), mais ils n’ont pas intégré la dimension géopolitique de l’Europe, comme si elle avait disparu de l’horizon. Ils se sont trouvés démunis lorsque l’histoire s’est réveillée à leurs portes. Sans doute sont-ils parvenus à mettre en place des institutions – service européen d’action extérieure – capables de porter une parole européenne et d’asseoir l’Europe à la table des négociations, mais sans définir un projet commun dans un contexte de menace directe sur le continent européen.
L’Europe ne dispose d’aucun leadership global, ni au sein des États, ni à la tête de ses institutions. Certes, Angela Merkel a fait preuve d’un magistère moral sur la question des réfugiés, mais peut-être peu durable, comme l’a montré l’accord contestable avec la Turquie. Aucune personnalité européenne ne porte de message sur l’Europe au-delà des frontières de son pays.
L’absence de vision géostratégique de l’Europe et de signification en termes de valeurs d’une construction qui paraît parfois limitée à une dimension économique a ouvert une brèche. S’y sont engouffrés les partis d’extrême droite, eurosceptiques et de gauche radicale. Non seulement ils rejettent simultanément l’Europe, l’ouverture, les principes de liberté et la globalisation en général, mais ils offrent un contre-discours opposé aux intérêts géopolitiques de l’Europe (tous soutiennent le régime de Poutine) et à ses valeurs.
L’objectif stratégique de Poutine en Europe : fragmenter l’UE. France Diplomatie/Flickr, CC BY-NC-SA
Cette tendance se manifeste aussi dans certains États proches qui aspirent à entrer dans l’Europe : la Serbie reste divisée entre ceux qui lorgnent vers la Russie et ceux qui font tout pour pousser Belgrade vers l’Europe, seule manière de rompre définitivement avec le nationalisme qui a ensanglanté les Balkans. La Turquie est partagée entre les partisans d’une voie européenne, réconciliant la tradition laïque d’Atatürk – mais sans ses valeurs autoritaires – et la démocratie, et un recroquevillement simultanément religieux et liberticide.
Cette tendance au sein de l’Europe est, même si ce n’en est pas l’origine, en conformité avec la stratégie de Poutine dont l’ambition est de fragmenter l’Europe et d’y instiller une vision contraire à ses traditions libérales. Le gouvernement Orban est devenu ainsi le cheval de Troie de Moscou en Europe ; indirectement, le parti polonais Droit et Justice (PiS), en promouvant des valeurs contraires aux principes fondamentaux de l’Europe, renforce la légitimité du discours russe antilibéral.
L’illusion de l’État fort
Même si la crise de la zone euro a pu être endiguée, il est difficile d’ignorer le caractère peu durable des plans de sauvetage, qui ne pourront se répéter indéfiniment. La réalité de nombreux pays est celle d’une croissance lente accompagnée d’une montée du chômage qui affecte logiquement la crise de légitimité des partis classiques et des élites dirigeantes.
Peut-être cette érosion de l’Europe correspond-elle à une tendance globale qui voit l’affaiblissement dans le monde des unions régionales, en raison du renforcement des États et de leur volonté de donner à croire qu’ils peuvent seuls maîtriser leur destin. Beaucoup d’entre eux soit ne comprennent pas, soit refusent d’admettre que la défense de leurs intérêts passe par des organisations communes dotées de pouvoirs forts.
Ceci va de pair, dans le contexte de crise économique, avec des rivalités accrues et une compétition plus âpre sur les marchés extérieurs, et des alliances plus éparpillées et moins stables. Au-delà des désaccords géopolitiques, les dynamiques économiques et stratégiques accroissent le fossé entre les parties de l’Europe.
En somme, sur le plan géopolitique, économique, institutionnel et « idéologique », l’Europe semble se définir par les tendances centrifuges, comme cela fut le cas au cours des longs siècles de son histoire. La vision est certes exagérée, car somme toute les institutions continuent de fonctionner, mais la tendance ne peut être démentie.
Un moment unique : la chance de l’Europe
En rester à une vision pessimiste serait sans intérêt et traduirait une méconnaissance du moment particulier où nous vivons. De la conscience des catastrophes peut sortir un futur moins sinistre que celui auquel les décennies précédentes nous avait habitués : des cendres des désillusions peut naître un idéal plus enthousiasmant et crédible.
Jean Monnet, l’un des pères fondateurs de l’Europe, et Konrad Adenauer (de profil). Bundesarchiv/WikiMedia, CC BY-SA
L’idéal des pères fondateurs pourrait se résumer en l’espérance des États-Unis d’Europe. Sans doute est-il encore présent dans quelques cercles, mais il n’est partagé ni par les hommes politiques les plus européens, ni par la majorité des citoyens. Paradoxalement, ce désillusionnement pourrait conduire à une Europe plus réaliste, mieux fondée sur les intérêts concrets et mieux apte à prendre en compte les avantages de la construction européenne. Cesser de vouloir une forme utopique oblige à recréer quelque chose de nouveau, et à bâtir les ferments solides d’une appartenance commune, qui est tout sauf « naturelle ».
Ensuite, l’Europe non seulement reste suffisamment attractive pour que de nombreux pays veuillent la rejoindre en raison des aides massives que reçoivent les nouveaux entrants, mais aussi de ses standards en matière de mise à niveau des institutions, notamment judiciaires, et de modernisation de l’économie. Malgré les échecs, ses principes ont plus infusé dans la société que les programmes équivalents des autres bailleurs internationaux. Or, les dirigeants n’en ont jamais fait le cœur de leur défense et illustration de l’Europe.
Au moment où l’Europe est la plus menacée, malgré tout, les pays européens partagent aussi des valeurs – au demeurant présentes en Amérique du Nord et ailleurs. Ces valeurs ont beau être peu enseignées à l’école et rarement rappelées par les politiques, elles existent. C’est au moment où des groupes extrêmes, certains pays européens et une grande puissance les attaquent de manière méthodique qu’on comprend qu’elles sont autre chose que des principes éthérés. Elles concernent la vie et la mort, la liberté et la servitude, et pourraient – devraient – être aussi les instruments de mise en cohérence de nos règles d’action extérieure.
Elle est de surcroît considérée, dans des zones plus lointaines du monde, comme un facteur d’équilibre dans la rivalité entre les autres puissances, car elle est réputée ne pas avoir la même volonté de puissance que l’Amérique et la Chine, et même l’Inde et l’Iran. Bien sûr, elle est l’alliée la plus constante et fiable des États-Unis. C’est aussi par la clarté de ce jeu géopolitique que l’Europe pourra compter sur le plan économique et s’engager dans une diplomatie d’influence qui dépasse celle des États.
Enfin, événement encore plus important géopolitiquement que la guerre en ex-Yougoslavie, l’agression russe contre l’Ukraine est une alerte opportune et inciter à penser l’Europe différemment. Elle nourrit le projet européen d’une substance et d’une densité tragiques dont l’Europe dépolitisée d’aujourd’hui avait oublié le goût et l’existence.
Des règles pour concilier les injonctions contradictoires
L’Europe obéit à une logique non linéaire. Dans sa construction, elle repose sur des principes souvent conflictuels, sinon contradictoires. Son développement a, le plus souvent, conduit à tenir ensemble des contraires, non sans une certaine naïveté quant à la possibilité qu’ils puissent spontanément s’harmoniser.
Revenons à la disparition de toute perspective crédible des États-Unis d’Europe. Celle-ci ouvre paradoxalement le chemin à des formes plus durables d’intégration. C’est en oubliant ce qu’on appelle l’« Europe politique », rarement définie, qu’on pourra renforcer la dimension géopolitique de l’Europe et sa pertinence en termes de valeurs.
Recep Tayyip Erdogan, le président turc : l’UE a récemment signé un accord avec son pays pour endiguer le flot des réfugiés venant du Proche-Orient. Kremlin.ru/Wiimedia, CC BY
Ensuite, deux idées contradictoires ont toujours gouverné l’Europe, sans qu’on sache toujours comment elles interagissent et peuvent s’appuyer. La première est l’idée d’universalité portée par l’idéal d’une loi supérieure, de type kantien, qui aurait vocation à s’étendre au monde entier, sans conflit ni usage de la force. La seconde est celle de l’Europe-puissance, condition pour qu’elle soit attendue dans un monde de plus en plus en compétition, mais qui l’obligerait à renoncer à sa spécificité et à rentrer dans la norme commune des États. L’Europe est-elle vouée à un conflit impossible entre légitimité et effectivité ou peut-elle, voire doit-elle, en nouant les droits à la géopolitique, réconcilier ses idéaux et le développement de sa puissance ?
La troisième opposition oppose deux plaidoyers : celui en faveur d’une Europe unifiée, qui marche dans la même direction à la même vitesse, et celui pour une Europe à plusieurs vitesses et différents niveaux d’intégration – noyau dur, directoire, groupes pionniers, cercles concentriques, etc. L’Europe doit envisager les deux : elle ne peut se disperser en autant d’alliances ponctuelles que de politiques et elle doit garder des principes communs, mais une unité intégrale à 28, voire plus, relève de l’irréalisme. Faute de hiérarchisation des règles qui guident l’Europe, on n’est pas encore parvenu à tenir ensemble ces deux visions.
Non moins classique est la quatrième opposition entre élargissement et approfondissement, l’Europe n’ayant pas – à raison – choisi entre les deux. Il s’agit d’injonctions contradictoires pour ceux qui conservent l’idée des États-Unis d’Europe selon le modèle d’un État, mais pas en termes géopolitiques. Si la porte demeure fermée aux nouveaux entrants (Balkans, Ukraine, Moldavie, un jour peut-être Turquie si le gouvernement change), l’Europe tombera. Quoi qu’il en soit, l’Europe ne peut pas être seulement un grand marché. Paradoxalement, l’unité future de l’Europe en termes de valeurs est liée aux futurs élargissements. Les dirigeants européens doivent avoir le courage de le dire avant qu’il ne soit trop tard.
L’UE, l’alliée naturelle
Un autre élément de cette dialectique européenne oppose l’Europe et le reste du monde. Le paradoxe est que l’Europe n’a pas à s’opposer au monde en termes de valeurs, car celles-ci sont en plein accord avec les principaux fondamentaux qui le régissent. La Charte des Nations unies est d’abord œuvre européenne, comme la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le monde a besoin de l’Europe en termes géopolitiques, et d’une Europe plus forte, pour les porter ces principes à l’encontre d’États ou de sociétés qui les bafouent. En même temps, l’Europe est un point d’équilibre potentiel dans le rapport entre les puissances qui peut apporter une autre vision de l’ordre mondial.
Potentiellement, l’Europe, certes alliée des États-Unis, mais avec sa propre vision des choses, est un troisième terme nécessaire entre ceux-ci et la Chine. Une dialectique, complexe elle aussi, confronte l’Union européenne et les autres organisations, qui ne sont que partiellement européennes, comme l’OTAN et l’OSCE. Ce ne sont pas des compétiteurs, mais des alliés. L’Europe pourrait mieux participer à leur renforcement, qui contribuerait aussi au sien.
Liberté sans frontière
Reste une dialectique plus sensible, car elle ne comporte aucun accord politique au sein des opinions européennes : celle entre la solidarité et la compétition entre les nations européennes. Ces deux principes ne pourront être réconciliés qu’en rendant plus compréhensible la communauté des règles qui la soudent et plus légitime le principe de liberté sans frontière qui régit les sociétés et les économies européennes.
Ce fut l’incroyable échec dans l’explication du projet de Traité sur l’Union européenne de 2004 : ce qu’il avait de « constitutionnel » était sa tentative de nouer les principes fondamentaux liés aux droits essentiels à un nouveau cadre juridique dans le domaine économique et social. Ce qui devait être une leçon de philosophie sur la nature de l’Union et ses règles constitutives s’est transformé, notamment en France et aux Pays-Bas en 2005, en une polémique régressive qui a empêché un débat fécond sur le projet européen.
L’Europe de 2030 : Comprendre les dynamiques de l’UE
futureatlas.com/Flickr, CC BY
Nous publions le premier volet d’une série de trois articles signés par Nicolas Tenzer sur la crise multiforme à laquelle doit face l’Europe et les ressources dont elle dispose pour la surmonter. Aujourd’hui, l’heure du diagnostic.
Que l’Europe connaisse la crise la plus grave de son histoire paraît une évidence. Nombreux sont ceux qui mettent en garde contre une possible disparition de la plus fabuleuse construction politique des soixante dernières années. Or, l’appel au sursaut n’est que de peu de poids devant ce qui s’annonce comme une possible faillite historique. Mais si l’Europe est mortelle, on n’a pas suffisamment analysé l’enchaînement de causes qui pourrait conduire à son décès. Si l’Europe doit disparaître, elle ne sera pas victime d’une maladie unique, mais d’une accumulation de maux et de remèdes inadaptés.
Toutefois, ne nous hâtons pas de l’enterrer ! Les facteurs qui interagissent pour déterminer le futur de l’Europe peuvent aussi la sauver. L’histoire européenne n’est pas finie et nous disposons de multiples leviers. C’est sur le fond d’un malheur possible et d’une régénérescence qui ne relève pas de l’utopie qu’il sera possible d’émettre des recommandations concrètes aux gouvernements de l’Union européenne.
Certes les éléments sont réunis pour conclure à une appréhension pessimiste du futur de l’Europe. Sa crise est géostratégique : menace russe à ses frontières, déstabilisation du Moyen-Orient et d’une partie de l’Afrique, risque de sortie de certains membres, divergences accrues sur les choix géopolitiques de base. Mais elle est aussi politique (montée des partis extrémistes et tendances centrifuges), morale (gouvernements enclins à bafouer les droits fondamentaux et position plus que restrictive dans l’accueil des réfugiés), économique et sociale (chômage de masse et déséquilibres des comptes publics).
La conjonction de ces crises forme le substrat de l’Europe à un moment où aucun dirigeant ne paraît à même d’offrir une vue d’ensemble souhaitée. Le réveil des tensions géopolitiques, qui va de pair avec la mise en cause des valeurs de liberté et de droit, est le ferment le plus inquiétant.
Le malheur européen
Le malheur européen est d’abord politique. Peut-on citer un seul discours récent d’un dirigeant ayant présenté ce que l’Europe devait être dans les vingt ans à venir ? Les gouvernants ont eu le mérite de régler au mieux les crises financières (2008 et crise grecque), mais ils n’ont pas intégré la dimension géopolitique de l’Europe, comme si elle avait disparu de l’horizon. Ils se sont trouvés démunis lorsque l’histoire s’est réveillée à leurs portes. Sans doute sont-ils parvenus à mettre en place des institutions – service européen d’action extérieure – capables de porter une parole européenne et d’asseoir l’Europe à la table des négociations, mais sans définir un projet commun dans un contexte de menace directe sur le continent européen.
L’Europe ne dispose d’aucun leadership global, ni au sein des États, ni à la tête de ses institutions. Certes, Angela Merkel a fait preuve d’un magistère moral sur la question des réfugiés, mais peut-être peu durable, comme l’a montré l’accord contestable avec la Turquie. Aucune personnalité européenne ne porte de message sur l’Europe au-delà des frontières de son pays.
L’absence de vision géostratégique de l’Europe et de signification en termes de valeurs d’une construction qui paraît parfois limitée à une dimension économique a ouvert une brèche. S’y sont engouffrés les partis d’extrême droite, eurosceptiques et de gauche radicale. Non seulement ils rejettent simultanément l’Europe, l’ouverture, les principes de liberté et la globalisation en général, mais ils offrent un contre-discours opposé aux intérêts géopolitiques de l’Europe (tous soutiennent le régime de Poutine) et à ses valeurs.
L’objectif stratégique de Poutine en Europe : fragmenter l’UE. France Diplomatie/Flickr, CC BY-NC-SA
Cette tendance se manifeste aussi dans certains États proches qui aspirent à entrer dans l’Europe : la Serbie reste divisée entre ceux qui lorgnent vers la Russie et ceux qui font tout pour pousser Belgrade vers l’Europe, seule manière de rompre définitivement avec le nationalisme qui a ensanglanté les Balkans. La Turquie est partagée entre les partisans d’une voie européenne, réconciliant la tradition laïque d’Atatürk – mais sans ses valeurs autoritaires – et la démocratie, et un recroquevillement simultanément religieux et liberticide.
Cette tendance au sein de l’Europe est, même si ce n’en est pas l’origine, en conformité avec la stratégie de Poutine dont l’ambition est de fragmenter l’Europe et d’y instiller une vision contraire à ses traditions libérales. Le gouvernement Orban est devenu ainsi le cheval de Troie de Moscou en Europe ; indirectement, le parti polonais Droit et Justice (PiS), en promouvant des valeurs contraires aux principes fondamentaux de l’Europe, renforce la légitimité du discours russe antilibéral.
L’illusion de l’État fort
Même si la crise de la zone euro a pu être endiguée, il est difficile d’ignorer le caractère peu durable des plans de sauvetage, qui ne pourront se répéter indéfiniment. La réalité de nombreux pays est celle d’une croissance lente accompagnée d’une montée du chômage qui affecte logiquement la crise de légitimité des partis classiques et des élites dirigeantes.
Peut-être cette érosion de l’Europe correspond-elle à une tendance globale qui voit l’affaiblissement dans le monde des unions régionales, en raison du renforcement des États et de leur volonté de donner à croire qu’ils peuvent seuls maîtriser leur destin. Beaucoup d’entre eux soit ne comprennent pas, soit refusent d’admettre que la défense de leurs intérêts passe par des organisations communes dotées de pouvoirs forts.
Ceci va de pair, dans le contexte de crise économique, avec des rivalités accrues et une compétition plus âpre sur les marchés extérieurs, et des alliances plus éparpillées et moins stables. Au-delà des désaccords géopolitiques, les dynamiques économiques et stratégiques accroissent le fossé entre les parties de l’Europe.
En somme, sur le plan géopolitique, économique, institutionnel et « idéologique », l’Europe semble se définir par les tendances centrifuges, comme cela fut le cas au cours des longs siècles de son histoire. La vision est certes exagérée, car somme toute les institutions continuent de fonctionner, mais la tendance ne peut être démentie.
Un moment unique : la chance de l’Europe
En rester à une vision pessimiste serait sans intérêt et traduirait une méconnaissance du moment particulier où nous vivons. De la conscience des catastrophes peut sortir un futur moins sinistre que celui auquel les décennies précédentes nous avait habitués : des cendres des désillusions peut naître un idéal plus enthousiasmant et crédible.
Jean Monnet, l’un des pères fondateurs de l’Europe, et Konrad Adenauer (de profil). Bundesarchiv/WikiMedia, CC BY-SA
L’idéal des pères fondateurs pourrait se résumer en l’espérance des États-Unis d’Europe. Sans doute est-il encore présent dans quelques cercles, mais il n’est partagé ni par les hommes politiques les plus européens, ni par la majorité des citoyens. Paradoxalement, ce désillusionnement pourrait conduire à une Europe plus réaliste, mieux fondée sur les intérêts concrets et mieux apte à prendre en compte les avantages de la construction européenne. Cesser de vouloir une forme utopique oblige à recréer quelque chose de nouveau, et à bâtir les ferments solides d’une appartenance commune, qui est tout sauf « naturelle ».
Ensuite, l’Europe non seulement reste suffisamment attractive pour que de nombreux pays veuillent la rejoindre en raison des aides massives que reçoivent les nouveaux entrants, mais aussi de ses standards en matière de mise à niveau des institutions, notamment judiciaires, et de modernisation de l’économie. Malgré les échecs, ses principes ont plus infusé dans la société que les programmes équivalents des autres bailleurs internationaux. Or, les dirigeants n’en ont jamais fait le cœur de leur défense et illustration de l’Europe.
Au moment où l’Europe est la plus menacée, malgré tout, les pays européens partagent aussi des valeurs – au demeurant présentes en Amérique du Nord et ailleurs. Ces valeurs ont beau être peu enseignées à l’école et rarement rappelées par les politiques, elles existent. C’est au moment où des groupes extrêmes, certains pays européens et une grande puissance les attaquent de manière méthodique qu’on comprend qu’elles sont autre chose que des principes éthérés. Elles concernent la vie et la mort, la liberté et la servitude, et pourraient – devraient – être aussi les instruments de mise en cohérence de nos règles d’action extérieure.
Elle est de surcroît considérée, dans des zones plus lointaines du monde, comme un facteur d’équilibre dans la rivalité entre les autres puissances, car elle est réputée ne pas avoir la même volonté de puissance que l’Amérique et la Chine, et même l’Inde et l’Iran. Bien sûr, elle est l’alliée la plus constante et fiable des États-Unis. C’est aussi par la clarté de ce jeu géopolitique que l’Europe pourra compter sur le plan économique et s’engager dans une diplomatie d’influence qui dépasse celle des États.
Enfin, événement encore plus important géopolitiquement que la guerre en ex-Yougoslavie, l’agression russe contre l’Ukraine est une alerte opportune et inciter à penser l’Europe différemment. Elle nourrit le projet européen d’une substance et d’une densité tragiques dont l’Europe dépolitisée d’aujourd’hui avait oublié le goût et l’existence.
Des règles pour concilier les injonctions contradictoires
L’Europe obéit à une logique non linéaire. Dans sa construction, elle repose sur des principes souvent conflictuels, sinon contradictoires. Son développement a, le plus souvent, conduit à tenir ensemble des contraires, non sans une certaine naïveté quant à la possibilité qu’ils puissent spontanément s’harmoniser.
Revenons à la disparition de toute perspective crédible des États-Unis d’Europe. Celle-ci ouvre paradoxalement le chemin à des formes plus durables d’intégration. C’est en oubliant ce qu’on appelle l’« Europe politique », rarement définie, qu’on pourra renforcer la dimension géopolitique de l’Europe et sa pertinence en termes de valeurs.
Recep Tayyip Erdogan, le président turc : l’UE a récemment signé un accord avec son pays pour endiguer le flot des réfugiés venant du Proche-Orient. Kremlin.ru/Wiimedia, CC BY
Ensuite, deux idées contradictoires ont toujours gouverné l’Europe, sans qu’on sache toujours comment elles interagissent et peuvent s’appuyer. La première est l’idée d’universalité portée par l’idéal d’une loi supérieure, de type kantien, qui aurait vocation à s’étendre au monde entier, sans conflit ni usage de la force. La seconde est celle de l’Europe-puissance, condition pour qu’elle soit attendue dans un monde de plus en plus en compétition, mais qui l’obligerait à renoncer à sa spécificité et à rentrer dans la norme commune des États. L’Europe est-elle vouée à un conflit impossible entre légitimité et effectivité ou peut-elle, voire doit-elle, en nouant les droits à la géopolitique, réconcilier ses idéaux et le développement de sa puissance ?
La troisième opposition oppose deux plaidoyers : celui en faveur d’une Europe unifiée, qui marche dans la même direction à la même vitesse, et celui pour une Europe à plusieurs vitesses et différents niveaux d’intégration – noyau dur, directoire, groupes pionniers, cercles concentriques, etc. L’Europe doit envisager les deux : elle ne peut se disperser en autant d’alliances ponctuelles que de politiques et elle doit garder des principes communs, mais une unité intégrale à 28, voire plus, relève de l’irréalisme. Faute de hiérarchisation des règles qui guident l’Europe, on n’est pas encore parvenu à tenir ensemble ces deux visions.
Non moins classique est la quatrième opposition entre élargissement et approfondissement, l’Europe n’ayant pas – à raison – choisi entre les deux. Il s’agit d’injonctions contradictoires pour ceux qui conservent l’idée des États-Unis d’Europe selon le modèle d’un État, mais pas en termes géopolitiques. Si la porte demeure fermée aux nouveaux entrants (Balkans, Ukraine, Moldavie, un jour peut-être Turquie si le gouvernement change), l’Europe tombera. Quoi qu’il en soit, l’Europe ne peut pas être seulement un grand marché. Paradoxalement, l’unité future de l’Europe en termes de valeurs est liée aux futurs élargissements. Les dirigeants européens doivent avoir le courage de le dire avant qu’il ne soit trop tard.
L’UE, l’alliée naturelle
Un autre élément de cette dialectique européenne oppose l’Europe et le reste du monde. Le paradoxe est que l’Europe n’a pas à s’opposer au monde en termes de valeurs, car celles-ci sont en plein accord avec les principaux fondamentaux qui le régissent. La Charte des Nations unies est d’abord œuvre européenne, comme la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le monde a besoin de l’Europe en termes géopolitiques, et d’une Europe plus forte, pour les porter ces principes à l’encontre d’États ou de sociétés qui les bafouent. En même temps, l’Europe est un point d’équilibre potentiel dans le rapport entre les puissances qui peut apporter une autre vision de l’ordre mondial.
Potentiellement, l’Europe, certes alliée des États-Unis, mais avec sa propre vision des choses, est un troisième terme nécessaire entre ceux-ci et la Chine. Une dialectique, complexe elle aussi, confronte l’Union européenne et les autres organisations, qui ne sont que partiellement européennes, comme l’OTAN et l’OSCE. Ce ne sont pas des compétiteurs, mais des alliés. L’Europe pourrait mieux participer à leur renforcement, qui contribuerait aussi au sien.
Liberté sans frontière
Reste une dialectique plus sensible, car elle ne comporte aucun accord politique au sein des opinions européennes : celle entre la solidarité et la compétition entre les nations européennes. Ces deux principes ne pourront être réconciliés qu’en rendant plus compréhensible la communauté des règles qui la soudent et plus légitime le principe de liberté sans frontière qui régit les sociétés et les économies européennes.
Ce fut l’incroyable échec dans l’explication du projet de Traité sur l’Union européenne de 2004 : ce qu’il avait de « constitutionnel » était sa tentative de nouer les principes fondamentaux liés aux droits essentiels à un nouveau cadre juridique dans le domaine économique et social. Ce qui devait être une leçon de philosophie sur la nature de l’Union et ses règles constitutives s’est transformé, notamment en France et aux Pays-Bas en 2005, en une polémique régressive qui a empêché un débat fécond sur le projet européen.
Александр- Messages : 5390
Date d'inscription : 23/03/2010
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Re: regard nato et EU !
Le deuxième volet:
L’Europe en 2030 (2) : les trois scénarios
L’Union européenne, une construction récente, et mortelle. Jeff Djevdet/Flickr, CC BY
Nous publions aujourd’hui le second volet d’une série de trois articles signés par Nicolas Tenzer sur la crise multiforme à laquelle doit face l’Europe et les ressources dont elle dispose pour la surmonter. Aujourd’hui, exercice de prospective.
Les trois scénarios qui vont être envisagés doivent partir de la conscience dramatique d’un malheur européen qui est tout sauf un risque théorique. Ils doivent, toutefois, faire droit à une transfiguration des sombres temps actuels pour l’Europe. Dans les deux cas, la compréhension des risques comme des opportunités ne pourra venir que d’une réflexion sur la matrice paradoxale qui va été évoquée hier et qui, pour le meilleur et pour le pire, continuera longtemps de mouvoir l’Europe.
Comment penser les scénarios ?
Nul scénario n’indique ce qui va survenir, un mixage des éléments de chacun. L’intermédiaire est le plus probable, mais le plus optimiste doit nous éclairer sur les buts ultimes autant que le plus noir sur ce qu’il faut éviter. Les facteurs, positifs ou négatifs, jouent un rôle cumulatif et entraînant, sans qu’un seul soit déterminant.
Le premier a trait au charisme des dirigeants européens. S’ils s’engagent avec courage dans une réponse commune aux défis géopolitiques de l’Europe conforme à ses valeurs, son destin ne sera pas identique à celui d’une Europe animée par des dirigeants englués dans une vision à court terme, défendant des intérêts contingents et indifférents au jugement de l’histoire.
Le deuxième est la situation économique et ses conséquences sur les mouvements politiques antieuropéens et la légitimité de l’Europe. Même si elle n’est que de manière limitée responsable de la prospérité des économies, elle reste la cible des groupes populistes qui ont tôt fait d’accuser de tous les maux l’euro, le pacte de stabilité, la Banque centrale européenne et les règlements de l’Union.
la grand-messe du Conseil européen, ici en 2011. Herman Van Rompuy/Flickr, CC BY-NC-ND
Une troisième variable résulte de la qualité de la coopération avec les États-Unis et de leur souci de considérer avec sérieux l’avenir du Vieux Continent, notamment sa sécurité. De manière immédiate, l’évolution des négociations du traité de partenariat et d’investissement transatlantique sera cruciale et il faut espérer que, d’un côté, la volonté de pousser des intérêts purement nationaux, de l’autre, la tentation de sur-réagir pour des raisons de politique intérieure ne l’emporteront pas. Sur le long terme, la capacité des deux partenaires de parler « bien » de l’autre sera déterminante.
Encore plus crucial est le quatrième facteur : l’évolution du voisinage oriental de l’Europe, lié à l’attitude de la Russie à l’endroit de l’intégration européenne, au renforcement ou non de son agressivité, et à la capacité de l’Europe de rester unie et ferme devant la menace russe sur le plan de la sécurité et des valeurs.
La cohésion et l’efficacité des institutions européennes pèsent aussi. Essentielle sera la capacité de la Commission de parvenir à des résultats concrets et jugés positivement par les citoyens. L’évolution propre des États membres joue également un rôle. Il en va ainsi pour plusieurs d’entre eux en matière de droit et de conformité aux principes fondamentaux, de lutte contre la corruption et de modernisation politique et économique et de capacité à contenir les contestations radicales.
On ne prête pas assez attention à la capacité des milieux académiques et intellectuels et des think tanks européens à produire une réflexion éclairante et opérationnelle sur l’avenir de l’Europe, d’influencer ses dirigeants et d’atteindre un plus large public que la communauté des convaincus.
Il faut ajouter, même si l’Europe n’a que peu à voir en ce domaine, les menaces sur la sécurité intérieure. De nouvelles vagues d’attentats terroristes, l’intensification induite des débats sur l’islam, la reprise à satiété des accusations contre une « Europe passoire », sans parler de la pression accrue des opinions contre l’accueil des réfugiés et en faveur de mesures « autoritaires », ne favoriseraient pas un nouvel élan européen.
Le scénario noir : retour vers les temps sombres de l’histoire
Il est la résultante de facteurs – géopolitiques, économiques, politiques, institutionnels, sociaux, etc. – tant intérieurs aux pays européens que propres aux institutions. Leur enchaînement désastreux tient à leur concomitance et à l’incapacité des pro-Européens de faire jouer des forces de rappel suffisamment puissantes. La faiblesse des anticorps européens devant les virus anti-européens est un symptôme du mal.
Le premier facteur est une montée de l’euroscepticisme lourde de conséquences : d’abord, plusieurs gouvernements européens en viennent à contester les valeurs de l’Europe. Après la Hongrie et la Pologne, on verrait ainsi plusieurs pays mettre en place des législations contraires aux principes libéraux. Devant une Commission et un Conseil paralysés, plusieurs États demanderaient à bénéficier d’exemptions par rapport à la norme commune. Dans ce contexte, comme obéissant à une prophétie auto-réalisatrice, l’Europe ne parviendrait pas à augmenter son budget d’intervention, ni à orienter ses priorités, et apparaîtrait de plus en plus comme une machine bureaucratique incapable de prendre en compte les besoins prioritaires.
Le deuxième facteur serait la crise finale de la zone euro. Non seulement la situation économique et budgétaire deviendrait pire dans plusieurs pays du sud ou incapables de se réformer, mais le contexte politique ne permettrait aucunement d’envisager des mesures de solidarité. Ainsi, après de nombreux plans de sauvetage coûteux, mais aux effets réduits et brefs, les pays plus forts ou rigoureux – notamment l’Allemagne, le Luxembourg, la Suède, la Finlande – refuseraient de continuer à payer pour les « mauvais élèves ». L’éclatement de la zone euro deviendrait inévitable, avec la sortie de plusieurs pays. Les conséquences de l’échec de la politique commune la plus symbolique en termes d’intégration ne pourront rester limitées au champ économique et financier.
L’hémicycle du Parlement européen. Michael Sauers/Flickr, CC BY-NC
De surcroît, au-delà de désaccords géostratégiques et axiologiques, les dissensions s’accentuent entre les gouvernements, comme au sein du Parlement européen, sur les sujets centraux pour la vie européenne : politiques agricole commune, de développement (y compris de voisinage à l’Est et au Sud), industrielle et de concurrence et, plus encore car compétence propre de la Commission, commerciale. Les institutions de l’Union deviendraient paralysées dans leur fonctionnement.
Quatrième facteur, plus préoccupant encore, les conflits entre les États membres sur la politique européenne de sécurité et de défense connaîtraient un nouveau pic. Déjà, en juin 2016, les pays ne parviendraient pas à trouver un consensus fort sur une stratégie cohérente de sécurité censée remplacer celle de 2003, faute d’identification convergente de la menace, et le document produit, comme cela a pu être prédit, exprimerait une position faible et sans impact.
En même temps, le sommet de l’OTAN de Varsovie, différant à nouveau l’adhésion de nouveaux membres, ne parviendrait à formuler qu’une réponse a minima et rhétorique devant la politique d’agression de la Russie, qui continuerait de n’y voir qu’un « tigre de papier ». L’espace Schengen, devant l’accentuation des menaces terroristes et de la demande de sécurité, finirait par se déliter, entraînant des coûts élevés pour les pays eux-mêmes. L’impossibilité de trouver une réponse coordonnée pour l’accueil des réfugiés conduirait à la répétition de nouveaux drames en Méditerranée et à une concentration des difficultés dans des pays limitrophes, dès lors déstabilisés (Turquie, Jordanie, Liban, etc.), sans parler des ravages pour l’image de l’Europe.
Les pressions de la Russie parviendraient à diviser des États européens incapables de répondre de façon coordonnée à sa guerre de l’information et à une stratégie d’influence qui va au-delà des groupes extrêmes. La sortie du Royaume-Uni faciliterait ce travail de sape des agents d’influence de Poutine. Plusieurs pays entraveraient la politique de sanction à son encontre et feraient droit aux groupes de pression demandant leur levée en raison des conséquences sur leur industrie, leur agriculture et leurs services, ou d’intérêts directs de personnes proches des milieux politiques.
En raison de l’accentuation de la crise économique et du départ du Royaume-Uni, les groupes d’extrême droite et eurosceptiques verraient leur position renforcée tant sur le plan interne que lors des élections européennes de 2019. La tendance à la disparition des groupes les plus libéraux et internationalistes, tant au centre-gauche qu’au centre droit, marginaliserait le camp européen au profit de groupes de droite nationaliste ou populiste ou de gauche radicalisée et antilibérale voyant en Bruxelles l’incarnation d’un « capitalisme néolibéral ».
Une septième évolution verrait alors le jour : au-delà de l’incapacité à parvenir à un accord avec les États-Unis sur le traité de partenariat transatlantique, la guerre commerciale s’accentuerait, offrant un nouveau prétexte à une Maison-Blanche plus isolationniste pour prendre ses distances avec l’Europe. Son engagement au sein de l’OTAN et de l’OSCE diminuerait et l’Amérique, agacée par la nouvelle réduction de l’effort des Européens en matière de défense, abaisserait son engagement militaire en Europe.
À Kiev, en juin 2014. Jordan Busson/Flickr, CC BY-NC
Faute de réponse adéquate, la Russie gagnerait des points dans une vaste Europe. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine finirait par aboutir, sans réaction européenne et américaine autre que verbale, à une mainmise de facto de Moscou sur le Donbass où tout mouvement s’opposant au gouvernement séparatiste issu d’élections non contrôlées serait réprimé. Kiev ne parviendrait pas à se reformer et à lutter contre la corruption, décourageant ainsi tant les organisations internationales et les investisseurs étrangers que les libéraux de Maidan.
Le nouveau gouvernement serbe serait tenté de regarder davantage vers Moscou que vers l’Europe. Une nouvelle intervention militaire limitée de Moscou en Géorgie aurait lieu sans réaction adéquate des Européens et de l’OTAN, tandis que le soutien plus marqué de la Russie envers l’Arménie dans le conflit du Haut-Karabakh ferait ressortir l’impuissance de l’Europe. La Moldavie, de son côté, intégrerait clairement l’orbite de Moscou. Le régime de Poutine continuerait à conduire des actions de déstabilisation dans les Pays baltes, en Roumanie, en Bulgarie et dans d’autres pays de l’Est européen.
Une neuvième tendance verrait compromis les acquis européens en termes de mise à niveau de l’État de droit et de la sécurité, avec la montée de la corruption en Roumanie, en Bulgarie et dans d’autres pays de l’Est, accompagnée ailleurs d’une atteinte aux droits fondamentaux.
Dans ce contexte, la Turquie, lasse des promesses non tenues et renforçant un modèle autoritaire, renoncerait officiellement à tout rapprochement avec l’Europe et, symboliquement, retirerait sa candidature.
Parallèlement, elle annoncerait sa décision de quitter le commandement intégré de l’OTAN, anticipant d’ailleurs une décision de l’Alliance. Celle-ci avait, en effet, plusieurs fois averti Ankara que son comportement contrevenait à ses règles et à ses valeurs.
Pendant ce temps, l’Europe apparaîtrait de plus en plus sous la dépendance de groupes étrangers, les entreprises et les fonds souverains chinois, des pays du Golfe et russes prenant le contrôle d’entreprises européennes de premier plan.
Sur la plupart des sujets européens – défense, politique à l’Est, mesures économiques et financières, énergie, etc. – le couple franco-allemand verrait ses divisions renforcées, les coalitions hétérogènes au pouvoir dans chacun des deux pays étant peu homogènes dans leur vision de l’Europe future.
Enfin, faute d’intervention adéquate en Syrie et en Libye, et en raison de l’isolationnisme croissant des États-Unis et des dissensions avec la Turquie, le flux de réfugiés et, globalement, les pressions migratoires s’accentueraient en Europe. Les pays européens ne parviendraient pas à adopter une politique à la fois organisée et orientée par des valeurs d’accueil. L’absence de réponse commune, de discours cohérent et les politiques du chacun pour soi donneraient prise aux discours de rejet.
Le scenario bleu : un miracle européen ?
Le scénario bleu tient du miracle. Il sera aisé de le rejeter comme utopique. Pourtant, considérées les unes après les autres, les tendances qui le charpenteraient ne sont pas impossibles, encore moins impensables. Elles forment le substrat d’une évolution positive vers laquelle pousser.
Le premier facteur permissif résulterait d’une inversion de tendance : l’installation au pouvoir, lors des prochaines élections, de partis pro-européens, convaincus de la nécessité de communiquer sur les avantages apportés par l’Europe et ses valeurs, de mieux coopérer avec les autres États membres en dégageant des compromis positifs et de s’affronter aux dangers, intérieurs et extérieurs, qui la menacent.
La zone Schengen serait confortée et intégrerait, après une mise à niveau, les pays européens qui n’en font pas encore partie. Ceux-ci finiraient par prendre des mesures coordonnées d’accueil et d’intégration des réfugiés, tandis que la progressive résolution des conflits, notamment en Syrie et en Libye, permettrait la réinstallation dans leur pays d’une grande partie d’entre eux.
À la frontière entre la Macédoine et la Grèce, avril 2016. Daniel Mihailescu/AFP
Les stratégies budgétaires en direction des pays européens les plus faibles ou aux finances publiques déséquilibrées, se révéleraient des succès, et la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et la France sortiraient du rouge. Cela permettrait de continuer l’expansion de la zone euro et même d’imaginer que, le maintien du Royaume-Uni dans l’Europe étant consacré par un référendum ayant largement rejeté le « Brexit », Londres décide d’abandonner la livre et de rejoindre la zone euro.
Conséquence de cette nouvelle confiance dans l’Union européenne, les gouvernements parviendraient à définir un accord sur une stratégie budgétaire commune et doteraient l’Union d’une fiscalité propre, offrant à l’UE des marges de manœuvre durables, et de donner corps à un gouvernement économique.
Le Conseil européen lancerait dans la foulée un plan pour une nouvelle vague d’élargissements, doté d’un agenda précis. Celui-ci inclurait les Balkans, la Moldavie, l’Ukraine, et ne fermerait pas la porte à la Turquie, pourvu qu’elle se conforme aux règles de l’État de droit. Ces pays, désormais gouvernés par une nouvelle génération de dirigeants partageant les valeurs libérales de l’Europe et conscients de l’unique opportunité qui se présenterait à eux, mettraient tout en œuvre pour remplir les obligations préalables à l’adhésion.
Après une phase dure de tensions avec la Russie pendant laquelle l’Europe aurait démontré son unité et sa résolution, notamment en apportant une aide conséquente et une assistance militaire active à l’Ukraine et en augmentant de manière coordonnée son effort de défense, les relations deviendraient plus pacifiées et confiantes à la faveur de l’arrivée d’un nouveau gouvernement au Kremlin. Celui-ci cesserait de menacer l’Europe sur le plan énergétique et accepterait la perspective d’une intégration de l’Ukraine dans l’Union.
En contrepartie, son partenariat économique et stratégique avec l’Union européenne et l’OTAN se développerait et la Russie comprendrait l’intérêt d’une attitude coopérative avec l’Europe et les puissances libérales sur la scène internationale. Cette évolution lui permettrait de résoudre sa crise économique, l’Union apportant une aide significative à la modernisation de son tissu productif, mais aussi de mieux répondre à ses préoccupations de sécurité intérieure et extérieure.
Revivifié par la plus grande coopération entre les États, le Service européen d’action extérieure prendrait toute sa place et jouerait un rôle déterminant dans le processus de paix dans plusieurs zones de conflit. Un partage plus clair des compétences serait également trouvé entre les actions de l’OTAN et celles liées à la politique européenne de défense et de sécurité.
Ce contexte de confiance permettrait aux chefs d’État et de gouvernement européens de nommer des personnalités charismatiques à la tête des institutions de l’Union, ce qui renforcerait sa visibilité et sa crédibilité à l’extérieur. Comme le permet le Traité, les fonctions de président du Conseil et de la Commission seraient attribuées à la même personne, limitant les numéros de téléphone de l’Europe. Cette situation n’empêcherait aucunement les grands États de l’Union de jouer un rôle diplomatique spécifique en coordination avec l’Union.
Ces évolutions conduiraient à un partenariat mieux structuré entre l’Europe et les États-Unis, ceux-ci ayant compris la nécessité de se réinvestir dans l’Europe : elle serait vue comme un partenaire indispensable dans le cadre d’un jeu mondial que Washington ne peut jouer seul et sans tenir compte de l’avis et de l’expertise des autres. Serait ainsi instituée une réunion à haut niveau biannuelle entre les deux côtés de l’Atlantique, accompagnée d’un comité permanent de liaison entre l’Amérique et l’Europe au niveau des experts et des hauts fonctionnaires afin de déminer malentendus et désaccords au-delà des discussions domaine par domaine. Cette coopération conduirait à un dialogue commun entre l’Europe et la plupart des pays d’Asie.
Le scénario gris, ou la médiocrité durable
Le scénario gris apparaît comme la prolongation de la situation actuelle, forte en incertitudes, mais qui ne conduit pas à un effondrement de l’Europe. Il exclut le triomphe des partisans d’une nouvelle avancée et la victoire des apôtres de son démantèlement. Ce scénario traduit certes une certaine médiocrité, c’est-à-dire une voie moyenne peu propice à l’enthousiasme. Cette situation d’équilibre bancal peut-elle durer ? Ce scénario n’écarte pas les menaces et chacune de ses parties comprend une alternative entre une situation de précarité et une relative stabilisation.
La situation de la zone euro demeurerait instable, certains États restant proches de la banqueroute. Toutefois, elle résisterait aux chocs. Dans un premier cas, certains pays la quitteraient, les autres parvenant à éviter un effet de contagion ; dans un second, elle finirait par attirer quelques nouveaux États, mais sans que soit institué un gouvernement économique de la zone euro, dès lors inachevée.
Recep Tayyip Erdogan à Strasbourg, en octobre 2015. Vincent Kessler/Reuters
Les pays membres réaffirmeraient que l’élargissement reste un facteur de force et de légitimité du projet européen. En cela, ils ne briseraient pas cette dynamique. Toutefois, peu de pays, au-delà d’un ou deux de la zone balkanique, rejoindraient l’Union. La Turquie, ayant rompu avec les dérives autoritaires actuelles, accepterait un statut à part, à mi-chemin entre l’intégration et un simple partenariat. La question de la Moldavie, en raison du conflit gelé en Transnistrie, ne serait pas réglée, et l’Ukraine, qui n’aurait pas récupéré la Crimée annexée illégalement par la Russie et ferait face à une situation de gel de la situation dans le Donbass, bénéficierait tout au plus d’un partenariat commercial amélioré.
Le budget européen n’augmenterait pas et l’Union ne parviendrait pas à se doter de ressources propres. Toutefois, ses dépenses seraient progressivement davantage orientées vers l’amélioration de la productivité et les investissements structurants. Quoique contestée, la Commission conserverait la crédibilité nécessaire pour poursuivre son travail sans être désavouée par le Parlement européen.
Tandis que les institutions continueraient à fonctionner, sans être animées par des dirigeants d’envergure, certains groups d’États parviendraient à avancer ensemble sur quelques projets structurants, notamment en matière de défense et de politique étrangère. Par leur entremise, le continent européen continuerait à compter dans les opérations de rétablissement et de maintien de la paix.
L’emblème de l’opération menée en 2008 par l’UE au Tchad et en Centrafrique. Rock Cohen/Flickr, CC BY-SA
Du côté politique, les tendances extrémistes et eurosceptiques seraient stabilisées sans diminuer drastiquement. Les groupes qui les représentent continueraient d’alimenter une forte contestation interne dans les pays de l’Union, empêchant les partis au pouvoir, toujours sur la défensive, de s’engager dans des projets plus ambitieux.
Si le Royaume-Uni était conforté dans sa vocation européenne par l’échec des partisans du Brexit, le succès des partisans du StayIn resterait trop mesuré pour éviter la multiplication des clauses de sauvegarde dont bénéficie Londres. Certains, en Grande-Bretagne comme dans d’autres pays européens, continueraient d’envisager une « revanche ». Quant à la zone Schengen, elle fonctionnerait a minima, restant valide dans son principe, mais autorisant une multiplication des contrôles.
Les pressions de la Commission et une assistance bien ciblée permettraient d’endiguer la corruption des pays membres qui en souffrent le plus et d’améliorer leur gestion. Il en irait de même pour les pays tentés par des solutions autoritaires, quand bien même les menaces d’un retour en arrière demeureraient.
Du côté des relations transatlantiques, la situation se stabiliserait après l’adoption d’une version peu ambitieuse de partenariat transatlantique. La priorité européenne du nouveau gouvernement américain serait toutefois mesurée et un certain scepticisme, allant parfois jusqu’à la défiance, continuerait de prévaloir devant la puissance américaine, tantôt jugée trop envahissante et peu respectueuse de ses alliés, tantôt considérée comme peu fiable dans la protection de l’Europe. Dès lors, les États-Unis et l’Europe ne parviendraient pas à jouer de manière coordonnée dans la gestion des affaires mondiales, en particulier dans les lieux de conflit.
Dans ce scénario, la relation avec la Russie offre les variantes les plus contrastées. Si l’on écarte les situations opposées de nouveaux conflits à haute intensité à la périphérie de l’Europe ou au sein de l’Union (États baltes) et d’une attitude coopérative permise par l’arrivée d’un nouveau gouvernement à Moscou, il reste des situations en demi-teinte. Dans un cas, on peut imaginer des accords à peu près satisfaisants dans le domaine de l’énergie et une situation de quasi-gel dans le Donbass ; dans l’autre, il peut être envisagé le maintien d’escarmouches régulières, la continuation d’actions de propagande à l’encontre des valeurs et du projet européens et une désunion des États en matière de sanctions. Cela laisserait la porte ouverte à la déstabilisation de l’Europe et des zones où l’Europe et les États-Unis sont impliqués (Moyen-Orient notamment) et à une répression toujours intense à l’encontre des droits fondamentaux dans le pays.
Tels quels ces scénarios appellent une réflexion sur les dangers et le souhaitable, mais ils ne permettent pas de dégager une solution « clé-en-mains » logique. Ce n’est qu’en hiérarchisant les menaces, mais surtout en formulant de manière positive un projet européen de long terme, qu’il deviendra possible de définir des voies d’action.
Nous publierons demain le troisième et dernier volet de la contribution de Nicolas Tenzer consacré à l’agenda qui attend les dirigeants de l’Union européenne s’ils veulent la « sauver ».
L’Europe en 2030 (2) : les trois scénarios
L’Union européenne, une construction récente, et mortelle. Jeff Djevdet/Flickr, CC BY
Nous publions aujourd’hui le second volet d’une série de trois articles signés par Nicolas Tenzer sur la crise multiforme à laquelle doit face l’Europe et les ressources dont elle dispose pour la surmonter. Aujourd’hui, exercice de prospective.
Les trois scénarios qui vont être envisagés doivent partir de la conscience dramatique d’un malheur européen qui est tout sauf un risque théorique. Ils doivent, toutefois, faire droit à une transfiguration des sombres temps actuels pour l’Europe. Dans les deux cas, la compréhension des risques comme des opportunités ne pourra venir que d’une réflexion sur la matrice paradoxale qui va été évoquée hier et qui, pour le meilleur et pour le pire, continuera longtemps de mouvoir l’Europe.
Comment penser les scénarios ?
Nul scénario n’indique ce qui va survenir, un mixage des éléments de chacun. L’intermédiaire est le plus probable, mais le plus optimiste doit nous éclairer sur les buts ultimes autant que le plus noir sur ce qu’il faut éviter. Les facteurs, positifs ou négatifs, jouent un rôle cumulatif et entraînant, sans qu’un seul soit déterminant.
Le premier a trait au charisme des dirigeants européens. S’ils s’engagent avec courage dans une réponse commune aux défis géopolitiques de l’Europe conforme à ses valeurs, son destin ne sera pas identique à celui d’une Europe animée par des dirigeants englués dans une vision à court terme, défendant des intérêts contingents et indifférents au jugement de l’histoire.
Le deuxième est la situation économique et ses conséquences sur les mouvements politiques antieuropéens et la légitimité de l’Europe. Même si elle n’est que de manière limitée responsable de la prospérité des économies, elle reste la cible des groupes populistes qui ont tôt fait d’accuser de tous les maux l’euro, le pacte de stabilité, la Banque centrale européenne et les règlements de l’Union.
la grand-messe du Conseil européen, ici en 2011. Herman Van Rompuy/Flickr, CC BY-NC-ND
Une troisième variable résulte de la qualité de la coopération avec les États-Unis et de leur souci de considérer avec sérieux l’avenir du Vieux Continent, notamment sa sécurité. De manière immédiate, l’évolution des négociations du traité de partenariat et d’investissement transatlantique sera cruciale et il faut espérer que, d’un côté, la volonté de pousser des intérêts purement nationaux, de l’autre, la tentation de sur-réagir pour des raisons de politique intérieure ne l’emporteront pas. Sur le long terme, la capacité des deux partenaires de parler « bien » de l’autre sera déterminante.
Encore plus crucial est le quatrième facteur : l’évolution du voisinage oriental de l’Europe, lié à l’attitude de la Russie à l’endroit de l’intégration européenne, au renforcement ou non de son agressivité, et à la capacité de l’Europe de rester unie et ferme devant la menace russe sur le plan de la sécurité et des valeurs.
La cohésion et l’efficacité des institutions européennes pèsent aussi. Essentielle sera la capacité de la Commission de parvenir à des résultats concrets et jugés positivement par les citoyens. L’évolution propre des États membres joue également un rôle. Il en va ainsi pour plusieurs d’entre eux en matière de droit et de conformité aux principes fondamentaux, de lutte contre la corruption et de modernisation politique et économique et de capacité à contenir les contestations radicales.
On ne prête pas assez attention à la capacité des milieux académiques et intellectuels et des think tanks européens à produire une réflexion éclairante et opérationnelle sur l’avenir de l’Europe, d’influencer ses dirigeants et d’atteindre un plus large public que la communauté des convaincus.
Il faut ajouter, même si l’Europe n’a que peu à voir en ce domaine, les menaces sur la sécurité intérieure. De nouvelles vagues d’attentats terroristes, l’intensification induite des débats sur l’islam, la reprise à satiété des accusations contre une « Europe passoire », sans parler de la pression accrue des opinions contre l’accueil des réfugiés et en faveur de mesures « autoritaires », ne favoriseraient pas un nouvel élan européen.
Le scénario noir : retour vers les temps sombres de l’histoire
Il est la résultante de facteurs – géopolitiques, économiques, politiques, institutionnels, sociaux, etc. – tant intérieurs aux pays européens que propres aux institutions. Leur enchaînement désastreux tient à leur concomitance et à l’incapacité des pro-Européens de faire jouer des forces de rappel suffisamment puissantes. La faiblesse des anticorps européens devant les virus anti-européens est un symptôme du mal.
Le premier facteur est une montée de l’euroscepticisme lourde de conséquences : d’abord, plusieurs gouvernements européens en viennent à contester les valeurs de l’Europe. Après la Hongrie et la Pologne, on verrait ainsi plusieurs pays mettre en place des législations contraires aux principes libéraux. Devant une Commission et un Conseil paralysés, plusieurs États demanderaient à bénéficier d’exemptions par rapport à la norme commune. Dans ce contexte, comme obéissant à une prophétie auto-réalisatrice, l’Europe ne parviendrait pas à augmenter son budget d’intervention, ni à orienter ses priorités, et apparaîtrait de plus en plus comme une machine bureaucratique incapable de prendre en compte les besoins prioritaires.
Le deuxième facteur serait la crise finale de la zone euro. Non seulement la situation économique et budgétaire deviendrait pire dans plusieurs pays du sud ou incapables de se réformer, mais le contexte politique ne permettrait aucunement d’envisager des mesures de solidarité. Ainsi, après de nombreux plans de sauvetage coûteux, mais aux effets réduits et brefs, les pays plus forts ou rigoureux – notamment l’Allemagne, le Luxembourg, la Suède, la Finlande – refuseraient de continuer à payer pour les « mauvais élèves ». L’éclatement de la zone euro deviendrait inévitable, avec la sortie de plusieurs pays. Les conséquences de l’échec de la politique commune la plus symbolique en termes d’intégration ne pourront rester limitées au champ économique et financier.
L’hémicycle du Parlement européen. Michael Sauers/Flickr, CC BY-NC
De surcroît, au-delà de désaccords géostratégiques et axiologiques, les dissensions s’accentuent entre les gouvernements, comme au sein du Parlement européen, sur les sujets centraux pour la vie européenne : politiques agricole commune, de développement (y compris de voisinage à l’Est et au Sud), industrielle et de concurrence et, plus encore car compétence propre de la Commission, commerciale. Les institutions de l’Union deviendraient paralysées dans leur fonctionnement.
Quatrième facteur, plus préoccupant encore, les conflits entre les États membres sur la politique européenne de sécurité et de défense connaîtraient un nouveau pic. Déjà, en juin 2016, les pays ne parviendraient pas à trouver un consensus fort sur une stratégie cohérente de sécurité censée remplacer celle de 2003, faute d’identification convergente de la menace, et le document produit, comme cela a pu être prédit, exprimerait une position faible et sans impact.
En même temps, le sommet de l’OTAN de Varsovie, différant à nouveau l’adhésion de nouveaux membres, ne parviendrait à formuler qu’une réponse a minima et rhétorique devant la politique d’agression de la Russie, qui continuerait de n’y voir qu’un « tigre de papier ». L’espace Schengen, devant l’accentuation des menaces terroristes et de la demande de sécurité, finirait par se déliter, entraînant des coûts élevés pour les pays eux-mêmes. L’impossibilité de trouver une réponse coordonnée pour l’accueil des réfugiés conduirait à la répétition de nouveaux drames en Méditerranée et à une concentration des difficultés dans des pays limitrophes, dès lors déstabilisés (Turquie, Jordanie, Liban, etc.), sans parler des ravages pour l’image de l’Europe.
Les pressions de la Russie parviendraient à diviser des États européens incapables de répondre de façon coordonnée à sa guerre de l’information et à une stratégie d’influence qui va au-delà des groupes extrêmes. La sortie du Royaume-Uni faciliterait ce travail de sape des agents d’influence de Poutine. Plusieurs pays entraveraient la politique de sanction à son encontre et feraient droit aux groupes de pression demandant leur levée en raison des conséquences sur leur industrie, leur agriculture et leurs services, ou d’intérêts directs de personnes proches des milieux politiques.
En raison de l’accentuation de la crise économique et du départ du Royaume-Uni, les groupes d’extrême droite et eurosceptiques verraient leur position renforcée tant sur le plan interne que lors des élections européennes de 2019. La tendance à la disparition des groupes les plus libéraux et internationalistes, tant au centre-gauche qu’au centre droit, marginaliserait le camp européen au profit de groupes de droite nationaliste ou populiste ou de gauche radicalisée et antilibérale voyant en Bruxelles l’incarnation d’un « capitalisme néolibéral ».
Une septième évolution verrait alors le jour : au-delà de l’incapacité à parvenir à un accord avec les États-Unis sur le traité de partenariat transatlantique, la guerre commerciale s’accentuerait, offrant un nouveau prétexte à une Maison-Blanche plus isolationniste pour prendre ses distances avec l’Europe. Son engagement au sein de l’OTAN et de l’OSCE diminuerait et l’Amérique, agacée par la nouvelle réduction de l’effort des Européens en matière de défense, abaisserait son engagement militaire en Europe.
À Kiev, en juin 2014. Jordan Busson/Flickr, CC BY-NC
Faute de réponse adéquate, la Russie gagnerait des points dans une vaste Europe. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine finirait par aboutir, sans réaction européenne et américaine autre que verbale, à une mainmise de facto de Moscou sur le Donbass où tout mouvement s’opposant au gouvernement séparatiste issu d’élections non contrôlées serait réprimé. Kiev ne parviendrait pas à se reformer et à lutter contre la corruption, décourageant ainsi tant les organisations internationales et les investisseurs étrangers que les libéraux de Maidan.
Le nouveau gouvernement serbe serait tenté de regarder davantage vers Moscou que vers l’Europe. Une nouvelle intervention militaire limitée de Moscou en Géorgie aurait lieu sans réaction adéquate des Européens et de l’OTAN, tandis que le soutien plus marqué de la Russie envers l’Arménie dans le conflit du Haut-Karabakh ferait ressortir l’impuissance de l’Europe. La Moldavie, de son côté, intégrerait clairement l’orbite de Moscou. Le régime de Poutine continuerait à conduire des actions de déstabilisation dans les Pays baltes, en Roumanie, en Bulgarie et dans d’autres pays de l’Est européen.
Une neuvième tendance verrait compromis les acquis européens en termes de mise à niveau de l’État de droit et de la sécurité, avec la montée de la corruption en Roumanie, en Bulgarie et dans d’autres pays de l’Est, accompagnée ailleurs d’une atteinte aux droits fondamentaux.
Dans ce contexte, la Turquie, lasse des promesses non tenues et renforçant un modèle autoritaire, renoncerait officiellement à tout rapprochement avec l’Europe et, symboliquement, retirerait sa candidature.
Parallèlement, elle annoncerait sa décision de quitter le commandement intégré de l’OTAN, anticipant d’ailleurs une décision de l’Alliance. Celle-ci avait, en effet, plusieurs fois averti Ankara que son comportement contrevenait à ses règles et à ses valeurs.
Pendant ce temps, l’Europe apparaîtrait de plus en plus sous la dépendance de groupes étrangers, les entreprises et les fonds souverains chinois, des pays du Golfe et russes prenant le contrôle d’entreprises européennes de premier plan.
Sur la plupart des sujets européens – défense, politique à l’Est, mesures économiques et financières, énergie, etc. – le couple franco-allemand verrait ses divisions renforcées, les coalitions hétérogènes au pouvoir dans chacun des deux pays étant peu homogènes dans leur vision de l’Europe future.
Enfin, faute d’intervention adéquate en Syrie et en Libye, et en raison de l’isolationnisme croissant des États-Unis et des dissensions avec la Turquie, le flux de réfugiés et, globalement, les pressions migratoires s’accentueraient en Europe. Les pays européens ne parviendraient pas à adopter une politique à la fois organisée et orientée par des valeurs d’accueil. L’absence de réponse commune, de discours cohérent et les politiques du chacun pour soi donneraient prise aux discours de rejet.
Le scenario bleu : un miracle européen ?
Le scénario bleu tient du miracle. Il sera aisé de le rejeter comme utopique. Pourtant, considérées les unes après les autres, les tendances qui le charpenteraient ne sont pas impossibles, encore moins impensables. Elles forment le substrat d’une évolution positive vers laquelle pousser.
Le premier facteur permissif résulterait d’une inversion de tendance : l’installation au pouvoir, lors des prochaines élections, de partis pro-européens, convaincus de la nécessité de communiquer sur les avantages apportés par l’Europe et ses valeurs, de mieux coopérer avec les autres États membres en dégageant des compromis positifs et de s’affronter aux dangers, intérieurs et extérieurs, qui la menacent.
La zone Schengen serait confortée et intégrerait, après une mise à niveau, les pays européens qui n’en font pas encore partie. Ceux-ci finiraient par prendre des mesures coordonnées d’accueil et d’intégration des réfugiés, tandis que la progressive résolution des conflits, notamment en Syrie et en Libye, permettrait la réinstallation dans leur pays d’une grande partie d’entre eux.
À la frontière entre la Macédoine et la Grèce, avril 2016. Daniel Mihailescu/AFP
Les stratégies budgétaires en direction des pays européens les plus faibles ou aux finances publiques déséquilibrées, se révéleraient des succès, et la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et la France sortiraient du rouge. Cela permettrait de continuer l’expansion de la zone euro et même d’imaginer que, le maintien du Royaume-Uni dans l’Europe étant consacré par un référendum ayant largement rejeté le « Brexit », Londres décide d’abandonner la livre et de rejoindre la zone euro.
Conséquence de cette nouvelle confiance dans l’Union européenne, les gouvernements parviendraient à définir un accord sur une stratégie budgétaire commune et doteraient l’Union d’une fiscalité propre, offrant à l’UE des marges de manœuvre durables, et de donner corps à un gouvernement économique.
Le Conseil européen lancerait dans la foulée un plan pour une nouvelle vague d’élargissements, doté d’un agenda précis. Celui-ci inclurait les Balkans, la Moldavie, l’Ukraine, et ne fermerait pas la porte à la Turquie, pourvu qu’elle se conforme aux règles de l’État de droit. Ces pays, désormais gouvernés par une nouvelle génération de dirigeants partageant les valeurs libérales de l’Europe et conscients de l’unique opportunité qui se présenterait à eux, mettraient tout en œuvre pour remplir les obligations préalables à l’adhésion.
Après une phase dure de tensions avec la Russie pendant laquelle l’Europe aurait démontré son unité et sa résolution, notamment en apportant une aide conséquente et une assistance militaire active à l’Ukraine et en augmentant de manière coordonnée son effort de défense, les relations deviendraient plus pacifiées et confiantes à la faveur de l’arrivée d’un nouveau gouvernement au Kremlin. Celui-ci cesserait de menacer l’Europe sur le plan énergétique et accepterait la perspective d’une intégration de l’Ukraine dans l’Union.
En contrepartie, son partenariat économique et stratégique avec l’Union européenne et l’OTAN se développerait et la Russie comprendrait l’intérêt d’une attitude coopérative avec l’Europe et les puissances libérales sur la scène internationale. Cette évolution lui permettrait de résoudre sa crise économique, l’Union apportant une aide significative à la modernisation de son tissu productif, mais aussi de mieux répondre à ses préoccupations de sécurité intérieure et extérieure.
Revivifié par la plus grande coopération entre les États, le Service européen d’action extérieure prendrait toute sa place et jouerait un rôle déterminant dans le processus de paix dans plusieurs zones de conflit. Un partage plus clair des compétences serait également trouvé entre les actions de l’OTAN et celles liées à la politique européenne de défense et de sécurité.
Ce contexte de confiance permettrait aux chefs d’État et de gouvernement européens de nommer des personnalités charismatiques à la tête des institutions de l’Union, ce qui renforcerait sa visibilité et sa crédibilité à l’extérieur. Comme le permet le Traité, les fonctions de président du Conseil et de la Commission seraient attribuées à la même personne, limitant les numéros de téléphone de l’Europe. Cette situation n’empêcherait aucunement les grands États de l’Union de jouer un rôle diplomatique spécifique en coordination avec l’Union.
Ces évolutions conduiraient à un partenariat mieux structuré entre l’Europe et les États-Unis, ceux-ci ayant compris la nécessité de se réinvestir dans l’Europe : elle serait vue comme un partenaire indispensable dans le cadre d’un jeu mondial que Washington ne peut jouer seul et sans tenir compte de l’avis et de l’expertise des autres. Serait ainsi instituée une réunion à haut niveau biannuelle entre les deux côtés de l’Atlantique, accompagnée d’un comité permanent de liaison entre l’Amérique et l’Europe au niveau des experts et des hauts fonctionnaires afin de déminer malentendus et désaccords au-delà des discussions domaine par domaine. Cette coopération conduirait à un dialogue commun entre l’Europe et la plupart des pays d’Asie.
Le scénario gris, ou la médiocrité durable
Le scénario gris apparaît comme la prolongation de la situation actuelle, forte en incertitudes, mais qui ne conduit pas à un effondrement de l’Europe. Il exclut le triomphe des partisans d’une nouvelle avancée et la victoire des apôtres de son démantèlement. Ce scénario traduit certes une certaine médiocrité, c’est-à-dire une voie moyenne peu propice à l’enthousiasme. Cette situation d’équilibre bancal peut-elle durer ? Ce scénario n’écarte pas les menaces et chacune de ses parties comprend une alternative entre une situation de précarité et une relative stabilisation.
La situation de la zone euro demeurerait instable, certains États restant proches de la banqueroute. Toutefois, elle résisterait aux chocs. Dans un premier cas, certains pays la quitteraient, les autres parvenant à éviter un effet de contagion ; dans un second, elle finirait par attirer quelques nouveaux États, mais sans que soit institué un gouvernement économique de la zone euro, dès lors inachevée.
Recep Tayyip Erdogan à Strasbourg, en octobre 2015. Vincent Kessler/Reuters
Les pays membres réaffirmeraient que l’élargissement reste un facteur de force et de légitimité du projet européen. En cela, ils ne briseraient pas cette dynamique. Toutefois, peu de pays, au-delà d’un ou deux de la zone balkanique, rejoindraient l’Union. La Turquie, ayant rompu avec les dérives autoritaires actuelles, accepterait un statut à part, à mi-chemin entre l’intégration et un simple partenariat. La question de la Moldavie, en raison du conflit gelé en Transnistrie, ne serait pas réglée, et l’Ukraine, qui n’aurait pas récupéré la Crimée annexée illégalement par la Russie et ferait face à une situation de gel de la situation dans le Donbass, bénéficierait tout au plus d’un partenariat commercial amélioré.
Le budget européen n’augmenterait pas et l’Union ne parviendrait pas à se doter de ressources propres. Toutefois, ses dépenses seraient progressivement davantage orientées vers l’amélioration de la productivité et les investissements structurants. Quoique contestée, la Commission conserverait la crédibilité nécessaire pour poursuivre son travail sans être désavouée par le Parlement européen.
Tandis que les institutions continueraient à fonctionner, sans être animées par des dirigeants d’envergure, certains groups d’États parviendraient à avancer ensemble sur quelques projets structurants, notamment en matière de défense et de politique étrangère. Par leur entremise, le continent européen continuerait à compter dans les opérations de rétablissement et de maintien de la paix.
L’emblème de l’opération menée en 2008 par l’UE au Tchad et en Centrafrique. Rock Cohen/Flickr, CC BY-SA
Du côté politique, les tendances extrémistes et eurosceptiques seraient stabilisées sans diminuer drastiquement. Les groupes qui les représentent continueraient d’alimenter une forte contestation interne dans les pays de l’Union, empêchant les partis au pouvoir, toujours sur la défensive, de s’engager dans des projets plus ambitieux.
Si le Royaume-Uni était conforté dans sa vocation européenne par l’échec des partisans du Brexit, le succès des partisans du StayIn resterait trop mesuré pour éviter la multiplication des clauses de sauvegarde dont bénéficie Londres. Certains, en Grande-Bretagne comme dans d’autres pays européens, continueraient d’envisager une « revanche ». Quant à la zone Schengen, elle fonctionnerait a minima, restant valide dans son principe, mais autorisant une multiplication des contrôles.
Les pressions de la Commission et une assistance bien ciblée permettraient d’endiguer la corruption des pays membres qui en souffrent le plus et d’améliorer leur gestion. Il en irait de même pour les pays tentés par des solutions autoritaires, quand bien même les menaces d’un retour en arrière demeureraient.
Du côté des relations transatlantiques, la situation se stabiliserait après l’adoption d’une version peu ambitieuse de partenariat transatlantique. La priorité européenne du nouveau gouvernement américain serait toutefois mesurée et un certain scepticisme, allant parfois jusqu’à la défiance, continuerait de prévaloir devant la puissance américaine, tantôt jugée trop envahissante et peu respectueuse de ses alliés, tantôt considérée comme peu fiable dans la protection de l’Europe. Dès lors, les États-Unis et l’Europe ne parviendraient pas à jouer de manière coordonnée dans la gestion des affaires mondiales, en particulier dans les lieux de conflit.
Dans ce scénario, la relation avec la Russie offre les variantes les plus contrastées. Si l’on écarte les situations opposées de nouveaux conflits à haute intensité à la périphérie de l’Europe ou au sein de l’Union (États baltes) et d’une attitude coopérative permise par l’arrivée d’un nouveau gouvernement à Moscou, il reste des situations en demi-teinte. Dans un cas, on peut imaginer des accords à peu près satisfaisants dans le domaine de l’énergie et une situation de quasi-gel dans le Donbass ; dans l’autre, il peut être envisagé le maintien d’escarmouches régulières, la continuation d’actions de propagande à l’encontre des valeurs et du projet européens et une désunion des États en matière de sanctions. Cela laisserait la porte ouverte à la déstabilisation de l’Europe et des zones où l’Europe et les États-Unis sont impliqués (Moyen-Orient notamment) et à une répression toujours intense à l’encontre des droits fondamentaux dans le pays.
Tels quels ces scénarios appellent une réflexion sur les dangers et le souhaitable, mais ils ne permettent pas de dégager une solution « clé-en-mains » logique. Ce n’est qu’en hiérarchisant les menaces, mais surtout en formulant de manière positive un projet européen de long terme, qu’il deviendra possible de définir des voies d’action.
Nous publierons demain le troisième et dernier volet de la contribution de Nicolas Tenzer consacré à l’agenda qui attend les dirigeants de l’Union européenne s’ils veulent la « sauver ».
Александр- Messages : 5390
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Re: regard nato et EU !
36% of Ukrainians know nothing about EU assistance to Ukraine - poll
36% of Ukrainians know nothing about EU assistance to Ukraine (UNIAN Photo)
Kyiv's residents say that the EU provides assistance in the field of energy efficiency
About one-third of respondents believe that the EU provides assistance to Ukraine in the fight against corruption, about 22% in the sphere of defense and security and 19.3% in reforms of public administration.
At the same time, more than one-third of respondents do not know about the EU's help to Ukraine, according to a study by the Center for Social and Marketing Research "Socis" and commissioned by 1+1 TV channel.
Regionally, the residents of Kyiv more often point out that the EU provides assistance in the field of energy efficiency.
Respondents in the West of Ukraine demonstrate better awareness of EU assistance in business, as well as defense and security. Also, in the north of Ukraine, people more often indicated that the EU helps in reforming the nation's judicial system.
The survey was conducted August 18-23, 2016. A total of 1,483 respondents, aged 18 years or above, took part. The sample is representative of the Ukrainian population by sex, age, size of the village and region of residence (according to the State Statistics Service of Ukraine as of 01.01.2015), with the exception of the territory of Crimea and the Anti-Terrorist Operation zone.
The survey method used was a personal interview at the home of the respondent with the use of tablets (Computer Assisted Personal Interview, CAPI). The poll's margin of error does not exceed 2.6% at a 95% confidence interval.
36% of Ukrainians know nothing about EU assistance to Ukraine (UNIAN Photo)
Kyiv's residents say that the EU provides assistance in the field of energy efficiency
About one-third of respondents believe that the EU provides assistance to Ukraine in the fight against corruption, about 22% in the sphere of defense and security and 19.3% in reforms of public administration.
Read also I'm sure Ukraine will get visa-free regime this autumn – Poroshenko
At the same time, more than one-third of respondents do not know about the EU's help to Ukraine, according to a study by the Center for Social and Marketing Research "Socis" and commissioned by 1+1 TV channel.
Regionally, the residents of Kyiv more often point out that the EU provides assistance in the field of energy efficiency.
Respondents in the West of Ukraine demonstrate better awareness of EU assistance in business, as well as defense and security. Also, in the north of Ukraine, people more often indicated that the EU helps in reforming the nation's judicial system.
Read also Poll: Almost 44% of Ukrainians support idea of NATO membership
The survey was conducted August 18-23, 2016. A total of 1,483 respondents, aged 18 years or above, took part. The sample is representative of the Ukrainian population by sex, age, size of the village and region of residence (according to the State Statistics Service of Ukraine as of 01.01.2015), with the exception of the territory of Crimea and the Anti-Terrorist Operation zone.
The survey method used was a personal interview at the home of the respondent with the use of tablets (Computer Assisted Personal Interview, CAPI). The poll's margin of error does not exceed 2.6% at a 95% confidence interval.
Александр- Messages : 5390
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Re: regard nato et EU !
European Parliament against activities with new RF Duma because of the illegal annexation of Crimea
The European Parliament has no plan of carrying out activities with the future State Duma of the Russian Federation which might run counter to its non-recognition policy of the illegal annexation of Crimea, Giacomo Fassina, a spokesman of European Parliament President Martin Schulz, told a UNIAN correspondent in Brussels.
Europe`s top diplomats to to visit Ukraine on September 14-15 – Klimkin
Not only Germany`s Foreign Minister Frank-Walter Steinmeier and his French counterpart Jean-Marc Ayrault are planning to visit Kyiv this week, Ukraine`s FM Pavlo Klimkin said speaking on Inter TV channel, Ukraine Today reports.
They will be joined by their British and Danish counterparts – Boris Johnson and Kristian Jensen, Klimkin announced, according to Ukraine Today.
As earlier reported, Europe`s top diplomats are scheduled to visit Ukraine on September 14-15.
Klimkin has added that Steinmeier is coming to Kyiv not only as the Minister of Foreign Affairs of Germany, but also in his capacity as the current OSCE chairperson.
Ukraine`s Foreign Minister reminded that last week he was in Berlin to discuss the return to the so-called Normandy Format talks, efforts to revive Minsk peace process, and the ways to implement measures agreed in Belarusian capital almost two years ago.
The European Parliament has no plan of carrying out activities with the future State Duma of the Russian Federation which might run counter to its non-recognition policy of the illegal annexation of Crimea, Giacomo Fassina, a spokesman of European Parliament President Martin Schulz, told a UNIAN correspondent in Brussels.
”The position of the European Parliament – and of its President – on the illegal annexation of Crimea has not changed. The EP has repeatedly stated its commitment to the policy of non-recognition of the illegal annexation, the latest case being its resolution of May 12, 2016. The EP has also always strongly stated its firm commitment to the sovereignty and territorial integrity of Ukraine within its internationally recognized borders. So, the European Parliament has no plan of carrying out activities which might run counter to its non-recognition policy,” he said.
”Moreover, the EP did not receive an invitation to observe parliamentary elections in Russia. There will not be any EP official election observation mission to the country,” Fassina said.
Europe`s top diplomats to to visit Ukraine on September 14-15 – Klimkin
Not only Germany`s Foreign Minister Frank-Walter Steinmeier and his French counterpart Jean-Marc Ayrault are planning to visit Kyiv this week, Ukraine`s FM Pavlo Klimkin said speaking on Inter TV channel, Ukraine Today reports.
They will be joined by their British and Danish counterparts – Boris Johnson and Kristian Jensen, Klimkin announced, according to Ukraine Today.
As earlier reported, Europe`s top diplomats are scheduled to visit Ukraine on September 14-15.
Klimkin has added that Steinmeier is coming to Kyiv not only as the Minister of Foreign Affairs of Germany, but also in his capacity as the current OSCE chairperson.
Ukraine`s Foreign Minister reminded that last week he was in Berlin to discuss the return to the so-called Normandy Format talks, efforts to revive Minsk peace process, and the ways to implement measures agreed in Belarusian capital almost two years ago.
Александр- Messages : 5390
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