Jeux de guerre en Ukraine
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Jeux de guerre en Ukraine
Jeux de guerre en Ukraine
Tombés en désuétude, les internats militaires refleurissent en Ukraine, en conflit ouvert avec la Russie dans le Donbass. La photographe israélienne Michal Chelbin a parcouru ces écoles où l’on inculque le respect de l’armée à travers une éducation très genrée.
Par Benoît Vitkine Publié hier
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/13/jeux-de-guerre-en-ukraine_5475591_4500055.html?fbclid=IwAR3tAwPglXUSTha3tSPCjz3-Yt5wnT4EWTayQOwFagtlzk1KR08ydsruyPs
Anatoly, cadet dans un lycée militaire, porte un manteau de vétéran de l’armée retrouvé dans le musée de l’établissement, 2017. Michal Chelbin
Il ne faut pas s’y tromper : Michal Chelbin a certes posé ses valises dans un pays en guerre, l’Ukraine, pour y tirer le portrait d’adolescents en uniforme, mais ce n’est pas de guerre dont il est question ici. Avec cette série, « How to Dance the Waltz », exposée à Vichy à partir du 14 juin, fruit de quatre ans de pérégrinations, la photographe israélienne raconte plutôt un monde où le temps est arrêté. Un monde où, depuis plusieurs siècles, les âges de la vie et les heures de la journée se définissent par l’uniforme que l’on porte. La tradition des internats militaires remonte à l’époque tsariste, avec ses fameux cadets, et s’est perpétuée en Union soviétique. Longtemps associé à l’élite, ou en tout cas à l’espoir d’une ascension sociale, le système a périclité dans les années 1990. Il renaît aujourd’hui, que ce soit en Ukraine ou dans les anciennes républiques soviétiques, Russie en tête.
Un enseignement de bonne qualité
Internats ou écoles ouvertes, des dizaines d’institutions dépendant des différents corps d’armée proposent de suivre l’intégralité du cursus scolaire, depuis le primaire jusqu’au lycée. Les enfants y portent l’uniforme en permanence – militaire pour les garçons, civil pour les filles –, et les journées se partagent entre école « traditionnelle », sport, activités paramilitaires et cérémonials divers. A l’âge adulte, tous les anciens ne rejoignent pas l’armée, et les parents choisissent l’internat militaire plutôt pour la bonne qualité de l’enseignement ou le cadre de vie strict qu’il offre. A l’époque soviétique déjà, le système était devenu le refuge des enfants des couches les plus défavorisées de la société.
En Russie, l’ambiance est au retour triomphal du militarisme, et l’essor des internats militaires accompagne naturellement cette tendance. Les groupes, souvent politisés, qui proposent aux jeunes des formations militaires y sont légion. Le cas de l’Ukraine est plus surprenant s’agissant d’un pays qui glisse lentement hors de l’orbite russe et cherche à se défaire de son héritage soviétique. Mais le mouvement d’affirmation nationale qui y a cours, sur fond de guerre dans l’est du pays, rend à l’institution militaire sa place centrale.
Ce n’est pas à ces sujets que s’intéresse la photographe israélienne, mais bien à ces adolescents au visage indéchiffrable dont elle fait le portrait et, à travers eux, « à des questions universelles, comme les difficultés de la jeunesse, la soif de gloire ou le rôle des adolescents dans la société », explique-t-elle. Difficile toutefois de ne pas voir combien certains des uniformes portés par les enfants ressemblent à ceux de leurs aînés déployés sur le front du Donbass, où les forces gouvernementales ukrainiennes font face aux séparatistes russophones. La similitude renforce encore l’impression étrange que crée le décalage entre le regard quasi absent des jeunes – soldats miniatures comme mini-épouses modèles – et la solennité de leur attirail.
Cette conception très genrée de l’éducation se trouve, elle aussi, au centre du travail de Michal Chelbin. « On attend des garçons qu’ils remplissent leur rôle de guerriers, pendant que les filles sont cantonnées à celui de décors », explique la photographe. Outre les différences d’habillement et d’activités existant entre les deux groupes, la photographe cite ces cours de danse où l’on prépare le grand bal de fin d’année, apogée selon elle de ce « jeu de rôle » issu du fond des âges.
« How to Dance the Waltz », Michal Chelbin, dans le cadre du festival Portrait(s), à Vichy, du 14 juin au 8 septembre. ville-vichy.fr/portraits
Nikolay, dans une des classes de son lycée, 2017. Michal Chelbin
Andrey, pendant la parade matinale de son internat militaire, 2015. Michal Chelbin
Borden, dans la cour de son lycée, 2017. Michal Chelbin
Ola et Diana, élèves dans un internat militaire, le jour du grand bal annuel, 2015. Michal Chelbin
Aleira (au centre) entourée de deux élèves de son internat militaire, dans lequelles filles portent
des tenues de servantes, 2015. Michal Chelbin
Les jumeaux Losha et Kyril, élèves d’un lycée militaire, 2017. Michal Chelbin
Maksim et Ola, le jour du bal annuel de leur internat, 2015. Michal Chelbin
Tombés en désuétude, les internats militaires refleurissent en Ukraine, en conflit ouvert avec la Russie dans le Donbass. La photographe israélienne Michal Chelbin a parcouru ces écoles où l’on inculque le respect de l’armée à travers une éducation très genrée.
Par Benoît Vitkine Publié hier
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/13/jeux-de-guerre-en-ukraine_5475591_4500055.html?fbclid=IwAR3tAwPglXUSTha3tSPCjz3-Yt5wnT4EWTayQOwFagtlzk1KR08ydsruyPs
Anatoly, cadet dans un lycée militaire, porte un manteau de vétéran de l’armée retrouvé dans le musée de l’établissement, 2017. Michal Chelbin
Il ne faut pas s’y tromper : Michal Chelbin a certes posé ses valises dans un pays en guerre, l’Ukraine, pour y tirer le portrait d’adolescents en uniforme, mais ce n’est pas de guerre dont il est question ici. Avec cette série, « How to Dance the Waltz », exposée à Vichy à partir du 14 juin, fruit de quatre ans de pérégrinations, la photographe israélienne raconte plutôt un monde où le temps est arrêté. Un monde où, depuis plusieurs siècles, les âges de la vie et les heures de la journée se définissent par l’uniforme que l’on porte. La tradition des internats militaires remonte à l’époque tsariste, avec ses fameux cadets, et s’est perpétuée en Union soviétique. Longtemps associé à l’élite, ou en tout cas à l’espoir d’une ascension sociale, le système a périclité dans les années 1990. Il renaît aujourd’hui, que ce soit en Ukraine ou dans les anciennes républiques soviétiques, Russie en tête.
Un enseignement de bonne qualité
Internats ou écoles ouvertes, des dizaines d’institutions dépendant des différents corps d’armée proposent de suivre l’intégralité du cursus scolaire, depuis le primaire jusqu’au lycée. Les enfants y portent l’uniforme en permanence – militaire pour les garçons, civil pour les filles –, et les journées se partagent entre école « traditionnelle », sport, activités paramilitaires et cérémonials divers. A l’âge adulte, tous les anciens ne rejoignent pas l’armée, et les parents choisissent l’internat militaire plutôt pour la bonne qualité de l’enseignement ou le cadre de vie strict qu’il offre. A l’époque soviétique déjà, le système était devenu le refuge des enfants des couches les plus défavorisées de la société.
En Russie, l’ambiance est au retour triomphal du militarisme, et l’essor des internats militaires accompagne naturellement cette tendance. Les groupes, souvent politisés, qui proposent aux jeunes des formations militaires y sont légion. Le cas de l’Ukraine est plus surprenant s’agissant d’un pays qui glisse lentement hors de l’orbite russe et cherche à se défaire de son héritage soviétique. Mais le mouvement d’affirmation nationale qui y a cours, sur fond de guerre dans l’est du pays, rend à l’institution militaire sa place centrale.
[size=31]« On attend des garçons qu’ils remplissent leur rôle de guerriers, pendant que les filles sont cantonnées à celui de décors. » Michal Chelbin[/size]
Ce n’est pas à ces sujets que s’intéresse la photographe israélienne, mais bien à ces adolescents au visage indéchiffrable dont elle fait le portrait et, à travers eux, « à des questions universelles, comme les difficultés de la jeunesse, la soif de gloire ou le rôle des adolescents dans la société », explique-t-elle. Difficile toutefois de ne pas voir combien certains des uniformes portés par les enfants ressemblent à ceux de leurs aînés déployés sur le front du Donbass, où les forces gouvernementales ukrainiennes font face aux séparatistes russophones. La similitude renforce encore l’impression étrange que crée le décalage entre le regard quasi absent des jeunes – soldats miniatures comme mini-épouses modèles – et la solennité de leur attirail.
Cette conception très genrée de l’éducation se trouve, elle aussi, au centre du travail de Michal Chelbin. « On attend des garçons qu’ils remplissent leur rôle de guerriers, pendant que les filles sont cantonnées à celui de décors », explique la photographe. Outre les différences d’habillement et d’activités existant entre les deux groupes, la photographe cite ces cours de danse où l’on prépare le grand bal de fin d’année, apogée selon elle de ce « jeu de rôle » issu du fond des âges.
« How to Dance the Waltz », Michal Chelbin, dans le cadre du festival Portrait(s), à Vichy, du 14 juin au 8 septembre. ville-vichy.fr/portraits
Nikolay, dans une des classes de son lycée, 2017. Michal Chelbin
Andrey, pendant la parade matinale de son internat militaire, 2015. Michal Chelbin
Borden, dans la cour de son lycée, 2017. Michal Chelbin
Ola et Diana, élèves dans un internat militaire, le jour du grand bal annuel, 2015. Michal Chelbin
Aleira (au centre) entourée de deux élèves de son internat militaire, dans lequelles filles portent
des tenues de servantes, 2015. Michal Chelbin
Les jumeaux Losha et Kyril, élèves d’un lycée militaire, 2017. Michal Chelbin
Maksim et Ola, le jour du bal annuel de leur internat, 2015. Michal Chelbin
Caduce62- Messages : 15059
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Re: Jeux de guerre en Ukraine
Je mets mon grain de sel (comme d'hab !)
J'aime bien en général les commentaires et reportages de Benoît Vitkine, souvent très pertinents.
Là, il semble uniquement relayer les commentaires d'une photographe israélienne qui me semble un peu "à côté de la plaque"...
Bon, ses photos instantanées, ça vaut ce que ça vaut... Son commentaire " Les filles portent des tenues de servantes..." Du n'importe quoi ! Elle ignore que c'était la tenue imposée des collégiennes et lycéennes soviétiques entre les deux guerres et encore juste après 1945. Simple uniforme scolaire imposé par la tradition...
Et les "demoiselles de la Légion d'Honneur" en France ? C'est exactement la même chose !
Alors ces "photographes" de l'instant présent qui posent des commentaires pétris d'ignorance sur leur photos, merci bien...
Qu'est-ce qu'elle veut démontrer ? Que la société ukrainienne glisse vers le militarisme agressif ? Ridicule !
Que les femmes sont considérées comme des inférieures ? Tout aussi ridicule ! On a posté assez de photos (le doc) dans la rubrique blabla pour voir que des jeunes femmes volontaires ont pris toute leur place dans l'armée ukrainienne au même niveau que les hommes et qu'elles y accomplissent leur devoir patriotique tout aussi bien que les hommes et sans y être déconsidérées...
J'aime bien en général les commentaires et reportages de Benoît Vitkine, souvent très pertinents.
Là, il semble uniquement relayer les commentaires d'une photographe israélienne qui me semble un peu "à côté de la plaque"...
Bon, ses photos instantanées, ça vaut ce que ça vaut... Son commentaire " Les filles portent des tenues de servantes..." Du n'importe quoi ! Elle ignore que c'était la tenue imposée des collégiennes et lycéennes soviétiques entre les deux guerres et encore juste après 1945. Simple uniforme scolaire imposé par la tradition...
Et les "demoiselles de la Légion d'Honneur" en France ? C'est exactement la même chose !
Alors ces "photographes" de l'instant présent qui posent des commentaires pétris d'ignorance sur leur photos, merci bien...
Qu'est-ce qu'elle veut démontrer ? Que la société ukrainienne glisse vers le militarisme agressif ? Ridicule !
Que les femmes sont considérées comme des inférieures ? Tout aussi ridicule ! On a posté assez de photos (le doc) dans la rubrique blabla pour voir que des jeunes femmes volontaires ont pris toute leur place dans l'armée ukrainienne au même niveau que les hommes et qu'elles y accomplissent leur devoir patriotique tout aussi bien que les hommes et sans y être déconsidérées...
Krispoluk- Messages : 9785
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
Re: Jeux de guerre en Ukraine
Commentaires perso identiques à ceux de KrisKrispoluk a écrit:Je mets mon grain de sel (comme d'hab !)
J'aime bien en général les commentaires et reportages de Benoît Vitkine, souvent très pertinents.
Là, il semble uniquement relayer les commentaires d'une photographe israélienne qui me semble un peu "à côté de la plaque"...
Bon, ses photos instantanées, ça vaut ce que ça vaut... Son commentaire " Les filles portent des tenues de servantes..." Du n'importe quoi ! Elle ignore que c'était la tenue imposée des collégiennes et lycéennes soviétiques entre les deux guerres et encore juste après 1945. Simple uniforme scolaire imposé par la tradition...
Et les "demoiselles de la Légion d'Honneur" en France ? C'est exactement la même chose !
Alors ces "photographes" de l'instant présent qui posent des commentaires pétris d'ignorance sur leur photos, merci bien...
Qu'est-ce qu'elle veut démontrer ? Que la société ukrainienne glisse vers le militarisme agressif ? Ridicule !
Que les femmes sont considérées comme des inférieures ? Tout aussi ridicule ! On a posté assez de photos (le doc) dans la rubrique blabla pour voir que des jeunes femmes volontaires ont pris toute leur place dans l'armée ukrainienne au même niveau que les hommes et qu'elles y accomplissent leur devoir patriotique tout aussi bien que les hommes et sans y être déconsidérées...
Certes, il y a un petit regain d'intérêt vers les institutions scolaires militaires depuis 2014 à cause de la Russie et d'un retour du patriotisme ukrainien
Caduce62- Messages : 15059
Date d'inscription : 05/01/2010
Age : 61
Localisation : chez les Ch'tis
Re: Jeux de guerre en Ukraine
Caduce62 a écrit:
Certes, il y a un petit regain d'intérêt vers les institutions scolaires militaires depuis 2014 à cause de la Russie et d'un retour du patriotisme ukrainien
Disons simplement que la Russie, qui était censée assurer et garantir "la sécurité extérieure" de l'Ukraine et l'intangibilité de ses frontières d'après des accords de 1991, est passée brutalement du statut de "protecteur" à celui "d'agresseur et de plus dangereux ennemi"
On s'étonnera ensuite de la résurgence du nationalisme ukrainien et de "l'anti-russisme" qui couvaient sous la cendre depuis plusieurs siècles...
Krispoluk- Messages : 9785
Date d'inscription : 03/06/2014
Localisation : Chez les Ch'tis
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