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Les éditions de Iaroslav le Sage

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Message  Caduce62 Mar 19 Juin - 20:16

Iaroslav le Sage, le premier éditeur ukrainien

Prince du XIème siècle passionné de livres, dont l'inestimable collection est égarée depuis des siècles.

19.06.2012 | Olga Gouk | Cent grands mystères et énigmes d'Ukraine

Les éditions de Iaroslav le Sage 1906-k10
Une page de l'Evangéliaire de Reims, livre apporté d'Ukraine par Anne de Kiev lors de mariage avec le roi de France Henri 1er. Crédit : Wikimedia Commons.

Kiev
Fondée au Ve siècle sur un site déjà occupé depuis la Préhistoire, la capitale de l'Ukraine (2,7 millions d'habitants) a connu une histoire mouvementée. Souvent présentée abusivement comme la "Mère de toutes les villes russes", elle était au XIe siècle une des plus grandes et des plus riches villes d'Europe. Elle vit passer tour à tour les Mongols, les Polonais et les Lituaniens, les Russes, les Allemands et les Autrichiens. Un temps détrônée de son statut de capitale au profit de Kharkiv (dans les années 30), Kiev a toujours été et est encore le foyer d'une activité culturelle et créative foisonnante.

Des générations entières d'historiens en ont rêvé. Quelque part à Kiev serait dissimulé un trésor inestimable : la bibliothèque de Iaroslav le Sage. Ce dernier fut prince de Kiev et de Novgorod de 1019 à 1054. Il compte parmi les premiers souverains d'Europe à s'être soucié de la lecture et de son enseignement parmi ses sujets.

La création de sa bibliothèque est commémorée à Kiev par une stèle qui se dresse à l'entrée de la cathédrale Sainte-Sophie. Le prince s'en préoccupa pendant 17 ans, jusqu'à sa mort. Les livres étaient des chefs-d'œuvre uniques, qu'il fallait traduire en vieux slave depuis le grec ou une autre langue. Tout était copié à la main, puis relié de cuir maroquin et décoré d'argent, d'or et de pierres précieuses. Au lieu du papier, on utilisait des parchemins faits de vélin. Pour un livre, il fallait sacrifier un troupeau de veaux. La conception d'un manuscrit était comparable à celle d'une cathédrale. On entrait dans le livre à l'aide d'une "porte", la couverture richement sertie. Après l'avoir ouvert, les lecteurs y pénétraient en se signant. Ils commençaient à lire en observant les miniatures et les enluminures comme des fresques ou des icônes. Après l'avoir refermé, ils le bénissaient comme une église. Sur la dernière page, le scribe écrivait la date, son nom et quelque chose de plus personnel. Par exemple : "Le fiancé se réjouit à la vue de sa future femme, comme un scribe à la vue de la dernière page..."
Iaroslav, qui comprenait beaucoup de langues et participait aussi à la traduction, s'était constitué une collection d'à peu près mille œuvres. C'est dans cette "maison d'édition" de Iaroslav le Sage que se sont développées les bases des lois de la principauté de Kiev. Ainsi, ses règles ne prévoyaient pas de peine de mort. Même pour un homicide, elles proposaient un système d'amendes en respectant la miséricorde chrétienne. Mais la loi permettait aux seigneurs de punir les paysans qui ne travaillaient pas assez, et les enfants des paysans étaient du même rang que les animaux. Autrement dit, ils appartenaient tous au seigneur.

Les éditions de Iaroslav le Sage servaient aussi de dots pour ses filles. Anna, la benjamine, [qui devint plus tard régente du royaume de France en se mariant avec le roi de France Henri Ier et reste connue aujourd'hui sous le nom d'Anne de Kiev] a emporté avec elle une partie de ces livres. L'un d'entre eux est très célèbre, puisque c'est un évangile manuscrit qui est entré dans l'Histoire sous le nom de l'Evangile de Reims. On dit que c'est sur cette relique de Kiev que tous les rois de France jusqu'à Louis XIV auraient prêté serment lors de leur couronnement [l'Evangéliaire de Reims est effectivement un texte sacré vieux-slave datant de l'époque d'Anne de Kiev, mais la légende de son utilisation pour la cérémonie du couronnement serait fausse].

Ses deux autres filles sont elles aussi parties à l'étranger. Anastassia se rendit en Hongrie, où elle épousa André Ier, et Elizaveta en Norvège pour se marier au roi Harald III [qui contesta la couronne d'Angleterre à Harold Godwinson et Guillaume de Normandie]. Elles aussi partirent sans doute avec certains des livres de la bibliothèque, mais ce n'était qu'une infime partie de la collection de Iaroslav.

Beaucoup d'historiens doutent cependant que l'on puisse un jour retrouver ces livres. Une rumeur prétend qu'ils seraient cachés dans les souterrains de la cathédrale Sainte-Sophie ou dans de lointains monastères, mais aucun texte n'étaye cette hypothèse. Il est possible que la bibliothèque ait brûlé lors de l'invasion mongole (en 1240). D'autres sont convaincus qu'il aurait été difficile de dissimuler cette collection énorme de livres en un seul endroit, qu'ils ont été répartis dans divers monastères, et qu'ils ont été perdus au fil des périodes de troubles, lesquels n'ont pas manqué dans l'histoire de Kiev.

Extrait tiré du livre Cent grands mystères et énigmes d'Ukraine, Olga Gouk, Ed. Arii, Kiev 2010.
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