Elections présidentielles de mars 2019

[Caduce62]

Le Rock-star ukrainien sviatoslav vakharchuk a mis fin aux nombreux mois de spéculations sur la question de savoir s'il va se présenter à la présidence aujourd'hui - déclarant dans une vidéo qu'il s'intéresse aux "vrais changements" dans le pays et qu'il ne s'en va pas.

" J'ai dit à maintes reprises qu'être au pouvoir en tant que tel, tenir le poste présidentiel en tant que tel ne m'intéresse pas. Je suis intéressé par de vrais changements dans le pays ! Et pour dot le i ' s et traverser les t, pour enlever toutes les questions, je déclare officiellement : moi, sviatoslav vakarchuk, ne prendra pas part à la course présidentielle en 2019," il a dit dans un message vidéo posté sur sa Chaîne Youtube officielle.

Selon Vakarchuk, il est bien conscient qu'il peut faire plus pour le pays maintenant en portant des jeans, que par " porter une cravate."

" et je ne vais pas me mettre à l'écart. Chaque jour, en parlant aux gens, je peux sentir leur déception et leur désespoir. Je vois que la corruption et l'injustice corrosion notre pays de l'intérieur. Je vois des politiciens sans scrupules et des responsables cupides qui rendent notre pays plus faible. Ça n'a pas à être comme ça ! Et on peut changer ça ! Mon équipe et moi-même allons travailler pour faire en sorte que les forces pro-européennes gagnent. Je vais travailler pour apporter au pouvoir autant de jeunes professionnels que possible - les gens du futur, ceux pour qui la justice et les intérêts de l'état sont avant tout ! Je crois que de vrais changements sont possibles ! Et ça ne fait aucune différence - en tant que chanteur ou politicien, je serai toujours avec vous sur ce chemin - le chemin des vrais changements !" la célébrité ukrainienne a ajouté.

En savoir plus : https://www.unian.info/m/politics/10423830-ukrainian-rock-star-vakarchuk-not-to-run-for-president-in-2019-video.html

[Caduce62]

Une élection présidentielle qui lasse l’opinion publique

https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/ukraine-une-election-presidentielle-qui-lasse-lopinion-publique?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1549015079&fbclid=IwAR22N4peXAgg2-SIDQJzUfuntohlKuTYj8sl1DVrcHxSCAA7KjZDifa1bwk

COURRIER INTERNATIONAL - PARIS
Publié le 01/02/2019 - 10:55
REUTERS/Valentyn Ogirenko

À deux mois du premier tour, le monde politique ukrainien s’agite, sur fond de crise économique, de corruption endémique, de guerre et de tensions avec la Russie. Dans l’indifférence générale.

Officiellement, ils sont vingt-six. Vingt-six candidats à l’élection présidentielle, dont le premier tour doit se tenir le 31 mars prochain. En réalité, six seulement parviennent à récolter chacun plus de 10 % des intentions de vote, selon les instituts de sondage.

Le président sortant, Petro Porochenko, en difficulté, s’est efforcé d’aligner les succès de façade, comme l’application de la loi martiale dans les départements proches de la Russie en novembre ou l’accession à l’autocéphalie de l’Église orthodoxe ukrainienne, avant de se proclamer enfin candidat le 29 janvier.

Mais cela est loin de suffire, et il risque d’être battu dès le premier tour, puisqu’il arrive en troisième position dans les sondages. Il laisse certes derrière lui des candidats comme le prorusse Iouri Boïko, le centriste Anatoliy Hrytsenko et Oleh Liachko, du Parti radical (de droite), et multiplie les déclarations fracassantes sur l’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne et l’OTAN, comme le souligne Den :

Non seulement l’Ukraine, mais l’UE et l’Otan aussi ont besoin que l’Ukraine devienne membre à part entière de ces organisations, et nous le ferons en tant que leader régional.”
“Reste à savoir, modère le quotidien de Kiev, dans quelle mesure [ces ambitions] sont réalistes.”

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[travellergillou76]

[size=41] Poutine, repoussoir de la présidentielle ukrainienne[/size]

Par Pierre Avril 
Mis à jour le 03/02/2019 à 17h51 | Publié le 03/02/2019 à 17h16

À deux mois du scrutin, les rivaux Porochenko et Timochenko s'accusent de complaisance à l'égard de Moscou, qui souffle sur les braises.
De notre correspondant à Moscou
L'une s'affiche en compagnie des vétérans galonnés du Donbass, qu'elle fait monter à la tribune lors de l'annonce de sa candidature. Et promet de baisser le prix des factures et d'augmenter les salaires des fonctionnaires, n'en déplaise aux créanciers du FMI. L'autre parle de guerre froide, du renforcement de l'armée, de la promotion de la langue ukrainienne, et de l'Église nationale comme rempart à l'hégémonie culturelle russe. En même temps qu'expirait lundi matin le délai de dépôt des candidatures - plus de 70 dossiers ont été déposés - la campagne électorale ukrainienne commence sous le signe du nationalisme et du populisme. Pas très loin de l'atmosphère politique prévalant en Europe occidentale, cette même Union européenne que Kiev souhaite intégrer.
» LIRE AUSSI - Ukraine: le président Porochenko lance une difficile course à la réélection
Cette campagne oppose d'abord les deux éternels ennemis qui gouvernèrent ensemble avant de s'affronter en 2014, l'ex-première ministre Ioulia Timochenko et l'actuel président Petro Porochenko. Avec en arbitres potentiels du duel, un acteur comique, Vladimir Zelenskiy qui, en guise de premier projet de loi, entend donner «le pouvoir au peuple»: tout un programme, où l'on promet «d'ouvrir un business en une heure, de recevoir un passeport en quinze minutes» et un pays d'où les jeunes travailleurs cesseront de s'exiler vers la Pologne voisine. Ce candidat atypique attire un électorat anti-establishment peu politisé, et qui hait les oligarques et dénonce leur influence excessive sur la vie politique.

La lutte contre la corruption en tête des revendications

Dans un pays où les enquêtes d'opinion sont à manier avec des pincettes, un sondage du 1er février prédit même la victoire du comédien au premier tour, le 31 mars. Selon d'autres sources, Vladimir Zelenskiy côtoierait dans les intentions de votes le leader d'extrême droite Oleh Lyashko, chef du Parti radical qui surfe sur la même vague populiste et nationaliste. Ce dernier promet des «frigos pleins, de la viande tous les jours» et entend faire accorder aux «trayeuses de vaches et aux éleveuses de porcs des salaires supérieurs à ceux des procureurs».

«Il n'y a plus deux blocs égaux. Au final, c'est un électorat pro-occidental qui gagnera et il n'existe aucune différence stratégique - que des divergences tactiques - dans les programmes»
Vadim Karassov, directeur de l'Institut des stratégies globales

L'ancien président prorusse, Viktor Ianoukovitch, qui fut débarqué lors de la révolution de Maïdan et condamné pour trahison le 24 janvier à treize ans de prison par contumace, n'a pas de successeurs. Son camp a explosé en deux fractions principalement opposées sur le sort institutionnel à réserver aux deux territoires rebelles du Donbass, les deux Républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk. Aucun leader n'émerge des décombres. La fracture qui, autrefois, opposait grossièrement une population russophone et russophile résidant à l'est du fleuve Dniepr à son alter ego habitant à l'ouest, plus nationaliste et occidentale, ne résume plus les enjeux politiques actuels. La lutte contre la corruption est citée en tête des revendications populaires, derrière la fin de la guerre.
«Il n'y a plus deux blocs égaux. Au final, c'est un électorat pro-occidental qui gagnera et il n'existe aucune différence stratégique - que des divergences tactiques - dans les programmes respectifs des deux principaux favoris», résume le politologue Vadim Karassov, directeur de l'Institut des stratégies globales. «Timochenko et Porochenko seront obligés de chercher un dialogue avec Poutine car il existe une demande de paix. Le pays est épuisé sur le plan économique et il faut circonscrire le conflit du Donbass», ajoute l'expert qui, en dépit des rodomontades des candidats, exclut toute initiative militaire de la part de Kiev.
» LIRE AUSSI - Le conflit oublié du Donbass
Les deux principaux adversaires passent néanmoins le plus clair de leur temps à s'accuser de complaisance à l'égard de Vladimir Poutine qui, à 800 kilomètres de distance, souffle également sur les braises. Le chef du Kremlin appelle au départ de Porochenko, ce qui encourage par mimétisme les supporteurs du président ukrainien à accuser Timochenko, signataire en 2009 d'un accord gazier avec Moscou, d'être «prorusse». «Soit Porochenko, soit Poutine», proclament ses slogans.
Mise en cause, la candidate réplique qu'elle fut justement mise en prison par le prorusse Ianoukovitch à cause de cet accord énergétique. Les critiques qu'elle endure relèvent du «recyclage de seconde main», dénonce l'un de ses principaux lieutenants et député, Grigori Neymiria. Ce dernier rappelle que les argumentaires «Ioulia populiste» et «Ioulia prorusse» étaient déjà utilisés en 2010 par un certain Paul Manafort, ex-conseiller américain de Viktor Ianoukovitch puis de Donald Trump… et aujourd'hui mis en cause dans l'enquête du «Russiagate» menée à Washington. L'histoire bégaie.




Un article qui confirme que l'opposition classique en Ukraine jusqu'en 2014 entre russophiles et pro occidentaux appartient au passé. Les russes ont bien gagné la Crimée en 2014 mais perdu l'Ukraine. 

[travellergillou76]

[size=49]Ukraine : le président Porochenko en lice pour un second mandat
Le président ukrainien a promis de lancer le processus de l’intégration de son pays à l’Union européenne et à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.[/size]

Le Monde avec AFP Publié le 29 janvier 2019 à 15h20 - Mis à jour le 29 janvier 2019 à 15h34




Le président ukrainien, Petro Porochenko, s’est lancé mardi 29 janvier dans une course à la réélection qui s’annonce difficile, promettant d’accentuer le tournant pro-occidental pris après le soulèvement populaire qui l’a porté au pouvoir en 2014 et se posant comme unique rempart face au président russe Vladimir Poutine.

A la peine dans les sondages, critiqué pour la lenteur de la lutte contre la corruption et pour ne pas avoir réussi à mettre fin à la guerre qui continue de couver dans l’est prorusse du pays, le milliardaire de 53 ans a rendu publique sa candidature lors d’un rassemblement de ses partisans à Kiev, entouré d’écrans géants portant le slogan « soit Porochenko, soit Poutine ».

« Le sentiment d’une profonde responsabilité devant mon pays, mes compatriotes (…), m’a motivé à présenter une nouvelle fois ma candidature », a déclaré sous les applaudissements M. Porochenko, à deux mois du premier tour le 31 mars. « Je demande aux électeurs un nouveau mandat pour garantir l’irréversibilité de notre intégration européenne et euro-atlantique (…), pour renouveler l’intégrité territoriale de l’Ukraine et apporter la paix à l’Ukraine », a-t-il poursuivi.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Comment le président Petro Porochenko a déçu les espoirs de la révolution ukrainienne

Promesse de déposer une demande officielle d’entrée dans l’UE

M. Porochenko a promis de déposer en 2024, soit au terme d’un nouveau mandat, une demande officielle d’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne et d’obtenir de l’OTAN un plan d’action en vue de l’adhésion. « Seule une adhésion à part entière à l’UE et à l’OTAN garantira de façon définitive et irréversible notre indépendance et notre sécurité », a estimé le chef de l’Etat.

Surnommé le « roi du chocolat » pour avoir fait fortune dans la confiserie, Petro Porochenko a été élu président en mai 2014, son prédécesseur, Viktor Ianoukovitch, qui avait subitement renoncé à signer un accord d’association avec l’UE pour se tourner vers Moscou, ayant été destitué à l’issue de trois mois de manifestations massives à Kiev.

S’en était suivie une crise ouverte avec la Russie, qui avait annexé en mars 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée. Un mois plus tard, un conflit armé avec les séparatistes prorusses avait éclaté dans l’est du pays, et continue de couver jusqu’à présent. Kiev et l’Occident accusent la Russie de soutenir militairement les séparatistes, ce que Moscou nie farouchement malgré des témoignages publiés par de nombreux médias.

Mardi, Petro Porochenko a de nouveau plaidé en faveur d’une politique ferme à l’égard de Moscou : « Nous avons besoin d’une paix avec la Russie, d’une paix froide », a-t-il déclaré. « La paix, c’est la reconnaissance inconditionnelle par Moscou de notre droit de suivre notre propre voie (…). Seule une armée forte peut garantir la paix. »

Le processus de paix est au point mort

Arrivé au pouvoir à un moment critique pour l’Ukraine, M. Porochenko, un homme à la stature imposante et au long parcours politique, promettait alors d’endiguer la corruption omniprésente, d’adopter des réformes de fond et de mettre fin en « quelques jours » à la guerre avec les séparatistes prorusses. Cinq ans plus tard, le processus de paix dans l’est est au point mort, et il a souvent été critiqué pour la lenteur de la lutte contre la corruption.

Avec 14 % des intentions de vote, selon un dernier sondage, M. Porochenko est devancé par l’ex-première ministre aux penchants populistes Ioulia Timochenko (16 %) et est même talonné par un rival inattendu, le populaire comédien Volodymyr Zelensky (9 %). Si aucun candidat n’obtient plus de 50 % au premier tour de la présidentielle le 31 mars, un second sera organisé trois semaines plus tard. Dans ce cas, les sondages donnent M. Porochenko perdant, tant face à M^me Timochenko que face à M. Zelensky.
Lire aussi  Ukraine : l'oligarque Porochenko, homme rassurant par temps de chaos
Arrivé au pouvoir à un moment critique pour l’Ukraine, le président Petro Porochenko a annoncé, mardi 29 janvier, son intention de briguer un second mandat lors de l’élection présidentielle du 31 mars, promettant de lancer le processus de l’intégration de son pays à l’Union européenne (UE) et à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN).

« Le sentiment d’une profonde responsabilité devant mon pays, mes compatriotes (…), m’a motivé à présenter une nouvelle fois ma candidature au poste de président d’Ukraine », a déclaré sous les applaudissements M. Porochenko, élu en 2014 à la suite du mouvement pro-occidental Maïdan, lors d’un rassemblement de ses partisans à Kiev. « Je demande aux électeurs un nouveau mandat pour garantir l’irréversibilité de notre intégration européenne et euro-atlantique (…), pour renouveler l’intégrité territoriale de l’Ukraine et apporter la paix à l’Ukraine », a-t-il poursuivi.

M. Porochenko a promis de déposer en 2024, soit au terme d’un nouveau mandat, une demande officielle d’entrée de l’Ukraine dans l’UE et d’obtenir de l’OTAN un plan d’action en vue de l’adhésion. « Seule une adhésion à part entière à l’UE et à l’OTAN garantira de façon définitive et irréversible notre indépendance et notre sécurité », a affirmé le chef de l’Etat.

Le processus de paix est au point mort

Le milliardaire de 53 ans a été élu président en mai 2014 après des manifestations d’ampleur à Kiev ayant conduit à la destitution de son prédécesseur et à une crise ouverte avec la Russie voisine. Cet homme au long parcours politique promettait alors d’endiguer la corruption omniprésente, d’adopter des réformes de fond et de mettre fin en « quelques jours » au conflit avec les séparatistes prorusses dans l’est du pays, qui a fait depuis plus de dix mille morts.

Cinq ans plus tard, le processus de paix dans l’est est au point mort et le renforcement des liens de cette ex-République soviétique avec l’Union européenne apparaît désormais comme sa principale réussite, tandis qu’il a souvent été critiqué par la lenteur de la lutte contre la corruption. Si la récente création en Ukraine d’une Eglise orthodoxe indépendante de la tutelle religieuse de Moscou a donné un léger coup de pouce à sa popularité, sa réélection est pourtant loin d’être assurée.

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https://www.atlanticcouncil.org/blogs/ukrainealert/rating-ukraine-s-presidential-candidates?fbclid=IwAR1xkSaJLKcKXfPMCX6csl1QVwF7DH8C2nHVi-XA85E5GCym07DUcLRp9h8

Classement des candidats à la présidence ukrainienne

PAR ALEXANDER J. MOTYL ET DENNIS SOLTYS
 
Trois candidats ont les chances les plus plausibles de remporter le premier tour de l' élection présidentielle ukrainienne du 31 mars : le président Petro Porochenko; l'ancienne Premier ministre Ioulia Timochenko; et Volodymyr Zelenskiy, un humoriste non testé politiquement et dont la populaire émission télévisée, Servant of the People, le présente comme un combattant de la corruption intrépide. La popularité de Zelenskiy peut s'expliquer par une protestation symbolique contre le statu quo.

Ci-dessous, nous avons classé les trois meilleurs candidats sur deux échelles. L'un d'entre eux est ce que nous pensons être une évaluation objective de leurs qualifications pour exercer des fonctions et est préférable pour l'Ukraine; l'autre est leur attrait subjectif pour les électeurs.

Les candidats sont classés sur cinq questions politiques et sur trois «wild cards». Un score de 5 est meilleur et 0 est pire.

20190203 graphique motyle 1

Porochenko a fermement résisté à l'agression russe; pour cela, il a obtenu le compliment en revenant d'être le vainqueur de l'élection le moins souhaité du président russe Vladimir Poutine, et un score de 5 dans le dossier russe. Après une chute libre économique dans les conditions de guerre de 2014 et 2015, le PIB s'est stabilisé et a augmenté de 2,5 à 3,0%, ce qui n'est pas suffisant pour être ressenti dans les poches des gens. Porochenko a rationalisé le système bancaire et instauré la stabilité macroéconomique, mais est profondément mécontent de n'avoir pas réussi à éradiquer la corruption d'une oligarchie extractive et est donc devenu indifférent 3 pour sa gestion de l'économie. Néanmoins, même ses critiques le reconnaissent pour ses accomplissements en diplomatie internationale (bonnes relations avec l'Union européenne et les États-Unis, voyage sans visa dans l'UE, large soutien diplomatique contre la Russie) et il est une quantité connue de l'Occident; pour ceux-ci, il reçoit un 5.

Porochenko a parrainé un programme nécessaire de décommunisation et introduit de modestes règles relatives au contenu ukrainien pour les médias, améliorant ainsi les droits civils des ukrainiens, qui constituent la plus grande partie de la population sans services adéquats dans leur langue maternelle. Il a inculqué un sens du patriotisme ukrainien sans encourager l'extrémisme - ou l'antisémitisme, lui-même canard, comme le montre la popularité de Zelenskiy, d'origine juive - pour mériter l'édification d'une nation. Compte tenu de sa réticence à mettre en place un tribunal anticorruption efficace et des règles permettant aux entreprises honnêtes de fonctionner, Porochenko ne mérite pas de créer des institutions plus que 3.

Pour sa part, Timochenko s'opposait faiblement à l'agression militaire russe en Géorgie et dans le Donbass. Un score de 2 pour son dossier Russie semble juste. L'économie n'a pas connu d'améliorations spectaculaires pendant son mandat de Premier ministre, donc un 2 pour cela également. Elle considère que les règles institutionnelles occidentales sont trop contraignantes et, avec son incapacité à parler anglais, cela laisse présager une période d'adaptation dans les relations avec l'Occident, où elle commencerait à 3 ans. Mais en tant que "Ukrainienne Joan of Arc", son défi inspirant durant la La Révolution orange de 2004 a sauvé le pays du glissement vers l'autoritarisme et justifie un 5 pour l'édification de la nation; de même que sa vision flexible et ouverte de l'identité nationale, qui a le plus grand attrait interrégional. Sa principale réalisation en tant que Premier ministre consistait à assainir le commerce du gaz, ce qui lui vaut 3 pour le développement institutionnel.

Zelenskiy, un humoriste qui a gagné sa vie dans le show business, a été traité avec douceur par les médias jusqu'à présent, en dépit de ses liens présumés avec Ihor Kolomoisky, l'oligarque et son rival de Porochenko. Zelenskiy a déclaré qu'il chercherait un règlement dans le Donbass «à tout prix». Cela semble indiquer qu'il laisserait le dos du chameau russe dans la tente de la politique ukrainienne; et cela pourrait être profondément déstabilisant. Il n'a jamais occupé même un poste municipal. Historiquement, des personnes similaires, telles que des universitaires ayant de bonnes intentions, n'ont pas bien réussi en Ukraine. Étant donné que, contrairement à ses rivaux, Zelenskiy n'est ni riche ni expérimenté sur le plan politique, il sera très probablement vulnérable à la fois aux pressions des oligarques et aux séductions du Kremlin. Le «marais» de la politique ukrainienne l’avalerait probablement; et toute aspiration à mobiliser les professionnels et les classes moyennes dans une croisade morale risquerait fort de s’effondrer. Les chances d'une autre agression Maidan ou russe augmenteraient en conséquence.

Pour ce qui est des qualifications objectives, Porochenko est en tête avec 21, Timochenko en a 15 et Zelenskiy marque un 0 nul.

Mais l'image change radicalement lorsque les caractères génériques sont joués du côté subjectif. Le désenchantement populaire vis-à-vis de l’économie et la poursuite de la corruption sous Porochenko sont élevés, ce qui donne un 1. Son image personnelle n’atteint que deux points, car le patriotisme public ne traduit pas le pardon de ses lacunes économiques et de ses relations commerciales. La propagande russe, qui peut avoir une influence dans le sud-est de l'Ukraine, et les Russophiles locaux le diabolisent - hypocrite et apparemment avec succès - pour avoir saigné le pays dans une guerre qu'il n'a pas déclenchée; par conséquent, il obtient un 0 pour cela.

20190203 graphique motyle 2

Timochenko gagne 4 points sur l'échelle de désenchantement. Elle est admirée par de nombreux citoyens, mais elle se polarise dans les cercles d’élite et y fait preuve d’une très forte opposition, ce qui donne 3 pour son image personnelle. Le Kremlin lui a été facile, le facteur de propagande russe est donc d’environ 3.

Le principal atout de Zelenski est son intégrité. Le désenchantement populaire lui donne 5 points. En raison de son manque d'expérience politique et du fait qu'il n'a jamais pris part aux manifestations d'Euromaidan de 2014, il manque de références révolutionnaires et, par conséquent, son image personnelle est dépassée à 4 heures. Le Kremlin le soutiendra parce qu'il est la candidat le plus susceptible de déstabiliser l'Ukraine. Par conséquent, la variable de propagande russe lui donne un 5.

Le score final dans la seconde évaluation subjective est donc Poroshenko 3; Timochenko, 10; Zelenskiy, 14. Le total composite est de 24 pour Porochenko, 25 pour Timochenko et 14 pour Zelenskiy.

Bien que leurs scores composites soient pratiquement identiques, Porochenko et Timochenko ont des forces et des faiblesses différentes. Un Porochenko victorieux devra surmonter ses faibles notes subjectives pour devenir un leader efficace pour le second mandat. En revanche, une Tymoshenko victorieuse profitera d'une lune de miel avec l'électorat, mais devra vaincre ses tendances populistes et faire face aux réalités économiques auxquelles l'Ukraine est confrontée pour être un bon président.

À moins que les électeurs ukrainiens ne perdent contact avec la réalité et optent pour un comédien afin de protéger leur pays de la menace existentielle russe - une possibilité bien distincte à la lumière des récents sondages qui montrent que Zelenskiy est en passe de gagner - le choix auquel ils seront confrontés se situe entre deux candidats raisonnablement qualifiés et crédibles, Porochenko et Timochenko, qui, dans l’ensemble, ferait un bon ou un très bon président. Ce choix - et la certitude que les élections seront libres et équitables - est de bon augure pour la consolidation des normes et des institutions démocratiques, pour la poursuite de la marche de l'Ukraine vers l'ouest et pour sa capacité continue à tenir Poutine à distance.

Alexander J. Motyl est professeur de sciences politiques à la Rutgers University-Newark. Dennis Soltys est professeur au département d'administration publique et de développement international de l'Université KIMEP à Almaty, au Kazakhstan.

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