Presse
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Presse
L'Ukraine a une presse libre et ça balance !
mardi 19 juin 2012 à 10h57
Les malversations dans la préparation de l’EURO ne sont pas un tabou. Le pouvoir en place en prend pour son grade. Étonnant.
Débarquer à Kiev après avoir passé deux petites semaines à Kharkiv et Donetsk, à deux pas de la frontière russe, est un vrai soulagement. On respire ! Dans la capitale, on n’a plus peur de sortir des quartiers fréquentés, les routes sont bien plus praticables, la population est plus ouverte et souriante… et il est possible de dialoguer en anglais. La communication est un vrai drame dans la partie est du pays. En rue, on oublie l’anglais. Dans les restaurants, idem ou alors il faut viser le haut de gamme. Dans les hôtels, c’est une vraie catastrophe. Et quand on demande en anglais un renseignement à un policier, on a souvent l’impression de le provoquer.
Dans l’avion Kharkiv - Kiev, on a découvert le Kyiv Post, un journal anglophone. Tout en couleurs, un papier de qualité. Sa devise, imprimée en lettres grasses à sa une : Independence, Community, Trust. Indépendance, Communauté, Confiance. Pour ce qui est de l’indépendance, on n’est pas déçu. L’édition que nous trouvons fait évidemment la part belle à l’EURO, sur plusieurs pages. Le président apparaît en photo en première page, on le voit lever les bras après la victoire de l’équipe ukrainienne contre la Suède, dans son premier match. Le journal est-il à la solde du pouvoir ? Pas du tout ! A l’intérieur, un article fouillé met le doigt sur diverses magouilles du monde politique. Ça commence par un rappel : les dépenses consenties pour le tournoi sont supportées par tous les Ukrainiens, même ceux qui n’en ont rien à faire du football. Ensuite : « Nous avons été détroussés, pas par les pickpockets qui rôdent dans les trams, mais par les hommes au sommet de l’État. » Le journal calcule que l’EURO a coûté environ 200 euros à chaque Ukrainien. Énorme par rapport aux salaires de couche sociale inférieure dans ce pays.
Dans la suite de l’article, des exemples précis de magouilles sont cités. L’organisation de l’EURO aurait dû représenter 1,7 milliard d’euros, supportés en partie par des investisseurs privés, ukrainiens et étrangers. « Mais pour le président et son équipe, pour qui le pouvoir est d’abord un moyen de s’enrichir, ce n’est pas intéressant de faire affaire avec des privés parce qu’avec eux, il est difficile de détourner de l’argent. » Le Kyiv Post affirme que l’organisation coûtera finalement près de 7 milliards d’euros, qu’une loi supprimant le système des appels d’offres a été votée avant le début des grands travaux, que de nombreux contrats ont été offerts à des sociétés appartenant entièrement ou partiellement à des politiciens, que des factures ont été gonflées et les différences versées à des hommes du pouvoir. « Selon certaines sources, 30 à 40% du budget alloué par l’État à l’organisation de l’EURO ont fini dans les poches des politiciens. » Des chantiers sont cités : la transformation du stade de Kiev, le nouveau stade de Lviv, les aéroports de Donetsk et Lviv, des réfections de routes. On est étonné de lire un tel reportage dans un journal de ce pays, encore plus quand cette publication est distribuée dans des avions de la compagnie nationale ukrainienne. Un bug dans la distribution postale à l'aéroport de Kharkiv?
Pierre Danvoye, envoyé spécial en Ukraine
mardi 19 juin 2012 à 10h57
Les malversations dans la préparation de l’EURO ne sont pas un tabou. Le pouvoir en place en prend pour son grade. Étonnant.
Débarquer à Kiev après avoir passé deux petites semaines à Kharkiv et Donetsk, à deux pas de la frontière russe, est un vrai soulagement. On respire ! Dans la capitale, on n’a plus peur de sortir des quartiers fréquentés, les routes sont bien plus praticables, la population est plus ouverte et souriante… et il est possible de dialoguer en anglais. La communication est un vrai drame dans la partie est du pays. En rue, on oublie l’anglais. Dans les restaurants, idem ou alors il faut viser le haut de gamme. Dans les hôtels, c’est une vraie catastrophe. Et quand on demande en anglais un renseignement à un policier, on a souvent l’impression de le provoquer.
Dans l’avion Kharkiv - Kiev, on a découvert le Kyiv Post, un journal anglophone. Tout en couleurs, un papier de qualité. Sa devise, imprimée en lettres grasses à sa une : Independence, Community, Trust. Indépendance, Communauté, Confiance. Pour ce qui est de l’indépendance, on n’est pas déçu. L’édition que nous trouvons fait évidemment la part belle à l’EURO, sur plusieurs pages. Le président apparaît en photo en première page, on le voit lever les bras après la victoire de l’équipe ukrainienne contre la Suède, dans son premier match. Le journal est-il à la solde du pouvoir ? Pas du tout ! A l’intérieur, un article fouillé met le doigt sur diverses magouilles du monde politique. Ça commence par un rappel : les dépenses consenties pour le tournoi sont supportées par tous les Ukrainiens, même ceux qui n’en ont rien à faire du football. Ensuite : « Nous avons été détroussés, pas par les pickpockets qui rôdent dans les trams, mais par les hommes au sommet de l’État. » Le journal calcule que l’EURO a coûté environ 200 euros à chaque Ukrainien. Énorme par rapport aux salaires de couche sociale inférieure dans ce pays.
Dans la suite de l’article, des exemples précis de magouilles sont cités. L’organisation de l’EURO aurait dû représenter 1,7 milliard d’euros, supportés en partie par des investisseurs privés, ukrainiens et étrangers. « Mais pour le président et son équipe, pour qui le pouvoir est d’abord un moyen de s’enrichir, ce n’est pas intéressant de faire affaire avec des privés parce qu’avec eux, il est difficile de détourner de l’argent. » Le Kyiv Post affirme que l’organisation coûtera finalement près de 7 milliards d’euros, qu’une loi supprimant le système des appels d’offres a été votée avant le début des grands travaux, que de nombreux contrats ont été offerts à des sociétés appartenant entièrement ou partiellement à des politiciens, que des factures ont été gonflées et les différences versées à des hommes du pouvoir. « Selon certaines sources, 30 à 40% du budget alloué par l’État à l’organisation de l’EURO ont fini dans les poches des politiciens. » Des chantiers sont cités : la transformation du stade de Kiev, le nouveau stade de Lviv, les aéroports de Donetsk et Lviv, des réfections de routes. On est étonné de lire un tel reportage dans un journal de ce pays, encore plus quand cette publication est distribuée dans des avions de la compagnie nationale ukrainienne. Un bug dans la distribution postale à l'aéroport de Kharkiv?
Pierre Danvoye, envoyé spécial en Ukraine
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