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Mister Jones

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Message  Caduce62 Mer 13 Fév - 2:46

HOLODOMOR - le génocide par la famine en Ukraine en 1932-1933
"Mister Jones demande à visiter les usines d'armement en Ukraine, puis échappe à ses guides. Lâché dans la campagne enneigée, il découvre, horrifié, une population décimée par la malnutrition, des chemins jonchés de cadavres et assiste même à des actes de cannibalisme. A son retour à Londres, personne ne veut entendre son récit, qu'il parviendra néanmoins à faire publier. En 1935, alors qu'il est reparti en reportage en Mongolie, il est assassiné, la veille de ses trente ans."

https://www.telerama.fr/cinema/quand-la-berlinale-2019-exhume-les-fake-news-de-staline,n6129976.php?fbclid=IwAR1fAiVsLaAzjV9_VD9E2WqvA9eqwJz0PtvQOE1DkDQ8es9M6Gjge4Txvtg

Quand la Berlinale 2019 exhume les “fake news” de Staline

Publié le 12/02/2019. Mis à jour le 12/02/2019 à 23h53.

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Avec acharnement, et l’envie de rendre hommage à son grand-père, une scénariste américaine a exhumé l’histoire singulière de Gareth Jones, journaliste gallois qui dénonça les crimes de Staline et que personne ne voulut entendre. Il est le héros de “Mr. Jones”, luxueuse fresque historique d’Agnieszka Holland, en compétition à la Berlinale.

Mister Jones : le patron (humain) de La Ferme des animaux, de George Orwell, publié en 1945, est-il ce Mr. Jones, journaliste gallois, dont la cinéaste Agnieszka Holland raconte les hauts faits dans un film en compétition à la Berlinale ? « Ce n'est pas directement lui, bien sûr, explique la scénariste du film, l’Américaine Andrea Chalupa, mais Orwell connaissait Jones et son travail, et en rédigeant ce livre satirique qui vise directement le système soviétique, il a pensé à celui qui, seul contre tous, dénonça dans les années 30 la grande famine orchestrée en Ukraine par le régime stalinien… »  Un hommage, donc.

On rembobine : il était une fois une jeune activiste américaine, rêvant d'écriture – journalistique et scénaristique. Son grand-père maternel est ukrainien, originaire du Donbass. Né au début des années 10, il traverse les révolutions russes, les purges staliniennes et ces terribles famines des années 30, quand le Petit Père du peuple confisquait le blé pour le faire acheminer vers Moscou : huit millions de morts à travers l'URSS.

“En rendant hommage à Gareth Jones, je rendais hommage à mon grand-père.”

Le grand-père fuit l’Ukraine dans le chaos de la guerre, trouve une compagne en camp de réfugiés. Au début des années 50, émigration vers les Etats-Unis. « Il m'a quasiment élevée. Et à sa mort, il m'a laissé ses mémoires, écrits en ukrainien. Je finissais mes études, je suis partie en Ukraine et en Russie, j'ai fait traduire son texte, bouleversant. En faisant des recherches sur Internet, je tombe sur le nom de Gareth Jones. Sa nièce, assez âgée, tenait un site en sa mémoire. J'ai pensé qu'il fallait raconter son histoire : en lui rendant hommage, je rendais hommage à mon grand-père. »

Une enquête de dix ans

Pendant dix ans, Andrea Chalupa, peaufine son texte. Elle fouille l'histoire, met au jour des personnages douteux, comme Walter Duranty (magnifiquement joué dans le film par l'acteur américain Peter Sarsgaard). « Duranty était venu en Europe dans les années 20. Il était proche du sataniste Aleister Crowley : la magie noire était à la mode dans un monde qui cherchait ses repères après le choc de la Grande Guerre. Crowley et lui organisaient des séances de sodomie publique, qui devaient permettre d'accéder à des états de conscience supérieure...! Duranty fait son chemin au sein du New York Times, et finit par s'établir à Moscou : il interviewe deux fois Staline, contribue de façon active à la reconnaissance de l’URSS par l'Amérique de Roosevelt. Et sur le plan privé, il multiplie les orgies.

Le roi de Moscou, c'est lui.

Ses reportages sur l'URSS, favorables à Staline, lui valent l'estime de la gauche américaine et le Prix Pulitzer. « Mais j'ai vu un télégramme d'un diplomate américain citant Duranty, qui lui aurait dit écrire “ce que le New York Times et le gouvernement soviétique attendaient de lui...” C'est lui qui contestera dans son journal la véracité du témoignage de Gareth Jones. »

Gareth Jones se rend en URSS en 1933. Il parle russe : sa mère a travaillé en Ukraine comme préceptrice auprès des enfants d'un riche homme d'affaires gallois. Il se sert de son statut d'ancien conseiller du Premier ministre britannique Lloyd George pour demander à visiter les usines d'armement en Ukraine, puis échappe à ses guides. Lâché dans la campagne enneigée, il découvre, horrifié, une population décimée par la malnutrition, des chemins jonchés de cadavres et assiste même à des actes de cannibalisme. A son retour à Londres, personne ne veut entendre son récit, qu'il parviendra néanmoins à faire publier. En 1935, alors qu'il est reparti en reportage en Mongolie, il est assassiné, la veille de ses trente ans. Beaucoup voient dans sa mort une vengeance du régime soviétique.

Le scénario d'Andrea Chalupa raconte ce voyage en Ukraine. La jeune femme y glisse des traces des mémoires de son aïeul : « Une scène, surtout : un bébé pleure, oublié sur le cadavre de sa mère morte ; le type qui ramasse les corps le met avec eux sur sa funèbre charrette. » Active politiquement (aujourd'hui au sein du podcast Gaslit nation), elle y voit un parallèle avec le monde d'aujourd'hui : le sort de l'Ukraine, le poids des « fake news ». Mais personne ne veut de son scénario : « Zentropa, la société de Lars Von Trier, s'y est intéressé, a pris une option. Je pensais avoir gagné le gros lot, mais deux ans plus tard, rien n'a bougé. »

Un deuxième scénario plus violent

Elle entame une nouvelle réécriture en 2015, peu après l'assassinat de Boris Nemtsov, opposant à Poutine, soutien de l'indépendance de l'Ukraine, qui la bouleverse. « J'ai envoyé cette version plus amère, plus violente, à Agnieszka Holland. On m'avait dit : elle refuse tous les scénarios, tu n'as aucune chance. Trois semaine après, elle me répondait qu'elle ferait ce film. »

Andrea Chalupa assiste au tournage, dans le blizzard ukrainien, ravi que Gareth Jones prenne les traits du comédien britannique James Norton. Elle sympathise avec Olga Chajdas, la belle-fille d'Agnieszka Holland, chargée de diriger la seconde équipe. « C'est elle qui devrait tourner mon deuxième scénario, inspiré cette fois par la famille roumaine de mon mari, dont le père tenta d'organiser, en 1956, un soulèvement comparable à ce qui se passait en Hongrie. Il fut emprisonné dans un camp, en devint le médecin. »

Le combat contre les totalitarismes continue, et la fiction y contribue autant ou plus que le journalisme. « Quand mon grand-père est parti pour les Etats-Unis, on ne lui avait permis de garder que quelques objets de première nécessité. Dans sa valise, il y avait La Ferme des animaux, en ukrainien. Je l'ai encore. »
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