Brest 2020

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Brest. Des Ukrainiens à l'abordage de Brest 2020 !





L'équipage de l'« Anna Iaroslavna » espère pouvoir faire naviguer le bateau prochainement, jusqu'à Marseille. Un baroud d'honneur avant Brest 2020. | OUEST-FRANCE

Publié le 22/08/2018 à 11h58

Venu d'Odessa, l'équipage de l'Anna Iaroslavna répare sa chaloupe au port du Moulin-Blanc. Avec en ligne de mire, la participation aux fêtes maritimes de Brest 2020.
Elle ne passe pas inaperçue dans le port du Moulin-Blanc : au milieu des modernes voiliers, l'Anna Iaroslavna exhibe fièrement son fuselage en bois et ses allures de drakkar.
À son bord, six marins venus tout droit d'Odessa, en Ukraine. Sergueï, Sergueï, Viktor, Vadim, Igor et Elena sont membres d'une association de reconstruction de bateaux anciens. Une passion qui remonte à loin pour Sergueï, le capitaine : il a participé à Brest 92, à bord d'une galère grecque, « car Odessa a été une colonie de la Grèce antique », explique-t-il dans un français parfait, appris « à Brest même ! »

Le drapeau ukrainien flotte fièrement dans le port du Moulin-Blanc. | OUEST-FRANCE

Construit pour Brest 2012

Ce souci de la référence historique est toujours présent : la chaloupe Anna Iaroslavna est la réplique d'une embarcation du XIe siècle. Anna Iaroslavna était la princesse de la Rus' de Kiev, un empire médiéval ukrainien. En 1051, elle épouse le roi Henri Ier à Reims, et devient reine des Francs. « Par ce nom, nous voulions rappeler les liens historiques qui existent entre l'Ukraine et la France », détaille Sergueï.

Le bateau a été construit pour Brest 2012, et a participé à Brest 2016. Il est resté pendant deux ans sous une bâche au Moulin-Blanc. « On l'a retrouvé très abîmé », lâche le capitaine.

En une semaine, l'équipe a réparé la coque et repeint le bateau en bleu et jaune, couleurs du drapeau ukrainien. Igor, sculpteur de profession, a taillé le gouvernail en forme de tête de dragon. À la proue du navire, il a sculpté une figure féminine ailée, qui porte une Bible. « C'est Anne de Kiev, qui a donné son nom au bateau, explique Sergueï. Sa main gauche bénit le chemin. Les ailes sont une référence à un oiseau mythologique slave, protecteur des marins. » Une symbolique à la fois religieuse, historique et légendaire, qui a été mûrement réfléchie par tout l'équipage. « Mais au final, Igor a fait ce qu'il voulait. Comme d'habitude ! », sourit Sergueï.
Avant 2020, l'Anna Iaroslavna naviguera de Dijon à Marseille, puis de la Méditerranée à Bordeaux, via les canaux. « L'objectif de cette opération est de provoquer le dialogue entre les peuples », explique Sergueï.

La figure de proue représente Anne de Kiev, reine des Francs. | OUEST-FRANCE

Faire tomber les clichés

La situation politique en Ukraine suscite forcément beaucoup de questions. « Nous essayons de faire tomber les clichés, de part et d'autre.» Ils racontent leur expérience à la presse locale d'Odessa, qui suit leur périple de près, relatant les anecdotes qui les ont surpris en Bretagne. Une manière de créer un pont entre les deux pays.

Dans quelques jours, tout l'équipage reprendra la route en voiture, direction Odessa. La chaloupe Anna Iaroslavna devrait alors trouver refuge au sec chez un particulier, jusqu'en 2020.