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Message  Matt Lun 22 Fév - 15:57

L'Ukraine en bleu pâle après l'élection présidentielle, par Piotr Smolar

LE MONDE | 22.02.10 | 12h53 • Mis à jour le 22.02.10 | 12h53

D'abord vient un sentiment de gâchis. Puis monte une inquiétude. La victoire de Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle ukrainienne, le 7 février, marquerait-elle une contre-révolution, cinq ans après la démocratisation du régime ? En réalité, la continuité paraît plus évidente que la rupture.


Ce scrutin présidentiel était attendu comme une ligne d'arrivée salutaire après une pénible course dans la boue. Dès 2005 en effet, les alliés de la "révolution orange", le président Viktor Iouchtchenko et Ioulia Timochenko, ont sombré dans des luttes intestines qui ont atrophié l'appareil d'Etat. Trois pôles principaux - les deux camps orangistes, plus le Parti des régions -, soutenus par des intérêts oligarchiques différents, ont cherché à se neutraliser, voire à se détruire.
De ce point de vue, cette élection ne résout rien. Le bleu du Parti des régions n'est pas une vague recouvrant la carte électorale ; tout juste une étroite majorité. Au lieu de signifier une alternance claire, elle inaugure un nouveau cycle d'âpres combats. Il a débuté par le refus de Ioulia Timochenko de reconnaître sa défaite. Dénonçant des "fraudes massives", elle a déposé un recours devant la Cour administrative suprême, avant de le retirer, samedi 20 février. Mais elle s'obstine à ne pas admettre la légitimité du président élu.
La raison profonde du blocage tient à la nature imprécise du système politique, ni présidentiel ni parlementaire. Chaque centre de pouvoir s'arroge des droits et n'admet pas ceux des autres. En l'absence d'une majorité claire et stable à la Rada, soit au moins 226 députés, il est impossible de gouverner. Pour l'heure, malgré d'intenses négociations avec le parti Notre Ukraine de Viktor Iouchtchenko, M. Ianoukovitch n'en dispose pas. Mme Timochenko s'accroche donc à son siège de premier ministre, en attendant un vote de défiance, que le président élu annonce imminent. L'hypothèse de législatives anticipées ne séduit guère le Parti des régions : elles pourraient encore compliquer l'arithmétique des coalitions, en assurant un groupe au troisième homme de la présidentielle, Sergueï Tikhipko.
Que faut-il donc attendre d'un président sans charisme, sans programme et sans majorité ? Candidat de l'est du pays, industriel et totalement russophone, M. Ianoukovitch prend la tête d'une Ukraine en piètre état : budget 2010 toujours pas adopté, aide du Fonds monétaire international (FMI) interrompue, corruption tentaculaire, bureaucratie envahissante. Heureusement, une des promesses de la "révolution orange" a été tenue : la liberté d'expression est sans équivalent dans l'ex-URSS. Les citoyens s'expriment sans retenue. Les médias s'affrontent sabre au clair, dans un pluralisme de partialité qui rappelle la Russie des années 1990.
Sur le plan économique, M. Ianoukovitch veut placer ses hommes, revanchards. Mais le maintien de Mme Timochenko lui permet aussi de partager les responsabilités de la crise. Sur le plan extérieur, il compte rétablir de bonnes relations avec Moscou. A deux jours du second tour, il a donné des gages à l'ambassadeur russe, tout juste désigné. Il lui a promis de "tourner la page" des années de confrontation.
Inutile pour autant d'imaginer l'Ukraine en annexe russe. M. Ianoukovitch ne sera pas le vassal passif de Moscou, qui peine déjà à s'entendre avec le président biélorusse, Alexandre Loukachenko. La fin de la passion révolutionnaire et la dépression démocratique ne signifient pas du tout que les Ukrainiens, de l'élite aux citoyens anonymes, sont prêts à renoncer à l'indépendance du pays.
Le président élu ne représente pas les intérêts de Moscou, mais ceux du Donbass et de ses puissants industriels. Certes, il est probable que les querelles historiographiques et identitaires ne seront plus un facteur de division aussi électrique entre les deux pays. Mais les dossiers économiques et diplomatiques classiques resteront sur la table. Un des tests sera la question de la flotte russe stationnée à Sébastopol, en Crimée, dont le bail expire en 2017. Elle pourrait provoquer un conflit majeur avec la Russie. On attend aussi de voir si Viktor Ianoukovitch va favoriser le retour des anciens intermédiaires dans le secteur gazier, écartés par Mme Timochenko.
L'Ukraine va-t-elle s'éloigner de l'Europe ? En réalité, l'intégration dans l'UE demeure un horizon éloigné pour d'autres raisons que la victoire de M. Ianoukovitch. Les Européens et les organisations financières internationales (Banque mondiale, FMI) se sont lassés de l'irresponsabilité des dirigeants ukrainiens et de la vacance d'autorité à Kiev.
Mais les torts sont partagés. Empêtrée dans ses divisions, l'UE n'a pas décidé ce que devait être, pour elle, l'Ukraine. Une zone tampon avec la Russie ? Un allié militaire espéré, dans l'OTAN ? Un partenaire économique privilégié, riche des fameuses "terres noires" agricoles et de son secteur métallurgique ? Un futur membre, après l'accession des pays balkaniques ? Obsédée par la Russie, ses ressources naturelles et ses marchés, l'UE n'a pas développé de stratégie propre vis-à-vis de l'Ukraine. Elle assiste donc, en simple spectatrice et en voisine, aux tourments d'une démocratie à la fois bancale et si précieuse, dans cette partie du monde.


Courriel : smolar@lemonde.fr.

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