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cybersécurité - espionnage

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Message  myko Jeu 10 Aoû - 2:29

https://www.lemonde.fr/international/article/2023/08/09/en-allemagne-un-salarie-de-l-armee-arrete-pour-espionnage-au-profit-de-la-russie_6184954_3210.html

En Allemagne, un salarié de l’armée arrêté pour espionnage au profit de la Russie


Le suspect, employé dans un service informatique et logistique de la Bundeswehr, a offert ses services à l’ambassade de Russie à Berlin. Grâce à ses fonctions, il avait potentiellement accès à des données précieuses sur le matériel militaire allemand.
Le Monde avec AFP
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Un Allemand travaillant pour l’armée et soupçonné d’espionnage au profit de la Russie a été arrêté, mercredi 9 août, à Coblence, dans l’ouest de l’Allemagne, a annoncé le parquet fédéral dans un communiqué. Employé dans un service informatique et logistique de la Bundeswehr, l’homme, désigné comme Thomas H., est « fortement soupçonné de travailler pour un service de renseignement étranger », a précisé le parquet. Le suspect a notamment offert ses services à « l’ambassade de Russie à Berlin », ajoute-t-on de même source.

Depuis mai, Thomas H. a contacté à plusieurs reprises le consulat général de Russie à Bonn et l’ambassade de Russie à Berlin, « de son propre chef », pour proposer de travailler avec eux, a détaillé le parquet. Dans le cadre de ses fonctions, il avait potentiellement accès à des données précieuses sur le matériel militaire allemand, la mission de l’office fédéral où il travaillait étant chargée d’équiper la Bundeswehr, d’assurer la mise à l’essai, l’approvisionnement et la gestion de l’utilisation du matériel militaire.

« La vigilance reste de mise » face aux menaces d’espionnage, a déclaré sur X (anciennement Twitter) le ministre de la justice, Marco Buschmann.

L’enquête a été menée en collaboration avec l’Office fédéral du service de contre-espionnage militaire et l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV).

Une quarantaine de diplomates russes expulsés


Il a été procédé à cette arrestation après que le service de renseignement intérieur allemand a mis en garde, en juin, contre l’intensification de l’espionnage russe, à la suite de l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. Les sanctions contre la Russie et le soutien militaire des Occidentaux à Kiev suscitent un « intérêt accru » du Kremlin pour la collecte d’informations, a déclaré le BfV dans son rapport annuel. L’Allemagne est en outre l’un des principaux fournisseurs de l’Ukraine en matériel militaire, destiné à repousser les troupes russes.

Au printemps 2022, l’Allemagne a expulsé une quarantaine de diplomates russes qui représentaient, selon elle, une menace pour sa sécurité.

Le 18 octobre, le chef de l’agence de cybersécurité allemande a été limogé à la suite des révélations de médias faisant état de son manque de distance avec la Russie. En décembre, un agent des services de renseignement allemands, soupçonné d’avoir transmis des informations sensibles à la Russie, avait été arrêté à Berlin.

Avant même l’offensive russe en Ukraine, des allégations de cyber-espionnage avaient opposé Moscou et Berlin. La Russie est notamment accusée d’un piratage informatique de grande ampleur qui a visé en 2015 les ordinateurs du Bundestag (la chambre basse du Parlement allemand) et les services de la chancelière de l’époque, Angela Merkel.

myko

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Message  myko Lun 21 Aoû - 6:09


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Quand la Suède traque les infiltrés russes
Jacques Follorou

Anne-Gaëlle Amiot

Séries d’été
Le nouvel espionnage russe

Publié hier à 20h00, modifié hier à 20h41

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Enquête« Le nouvel espionnage russe » (1/5). Certains pays européens font face, depuis plusieurs années, à toutes sortes de manœuvres des services secrets de Moscou, qui ne cessent d’adapter leurs stratégies, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine. La Suède a ainsi découvert la présence de plusieurs espions très actifs sur son territoire.
Retrouvez tous les épisodes de la série « Le nouvel espionnage russe » ici.

Difficile de ne pas repérer cette maison blanche, un rien tape-à-l’œil, accrochée au flanc de cette colline de Nacka, banlieue résidentielle de Stockholm. Au rez-de-chaussée, plusieurs fenêtres ont été voilées de plastique en guise de vitres, les stigmates d’un événement dont les habitants du secteur peinent à se remettre. Le 22 novembre 2022, à l’aube, dans un décor de neige, deux hélicoptères et des unités de police ont fait irruption ici, en cassant portes et fenêtres. Lars, un voisin âgé de 48 ans, se souvient avoir vu l’inscription « FBI » sur le dos de certains agents, présents aux côtés des policiers suédois.

Ce matin-là, Sergueï Skvortsov et Elena Koulkova, 59 et 58 ans, ainsi que leur fils, dormaient encore. Depuis, le couple est accusé d’« acquisition illégale de technologies au profit de l’industrie militaire russe ». Skvortsov était en relation avec « les services de renseignement militaires russes, le GRU », dit le procureur en charge des affaires relevant de la sécurité nationale, Henrik Olin.

Six mois ont passé. Ce 23 mai, quand nous nous présentons sur place, la neige a disparu. Deux coups de sonnette suffisent pour qu’Elena Koulkova vienne ouvrir. A la différence de son époux, elle a été remise en liberté, mais reste poursuivie pour complicité. A l’évidence, ce n’est plus tout à fait la femme d’autrefois, toujours prête à étaler sa vie confortable sur les réseaux sociaux. Pâle, habillée d’un jean et d’un chemisier blanc, elle porte un gilet de laine alors qu’il fait chaud. Ses lunettes rondes habillent un visage fin, inquiet mais combatif.
Comme dans « The Americans »

Sur la défensive, sa voix ne trahit aucune faiblesse. Le ton est sec, le verbe clair. « J’ai mon passeport, je peux voyager. C’est bien la preuve que je ne suis pas celle que vous croyez. » L’échange est bref, mais courtois. Elle finit par rentrer dans cet intérieur bourgeois réparti sur deux étages qu’ils ont fait construire, en 2015, pour 11 millions de couronnes suédoises (près de 1 million d’euros).

Fin 2022, la Suède a découvert, stupéfaite, ses premiers « illégaux ». Ces agents russes infiltrés à long terme dans des pays étrangers sous fausse identité ou fausse qualité, comme dans la série télévisée à succès The Americans. Devenus binationaux – en 2010 pour madame, en 2012 pour monsieur –, ils sont tous deux originaires de la région de Perm, dans l’Oural. Ils ont fait des études d’ingénieur à Moscou, et sont venus s’installer en Suède à la fin des années 1990. La justice les suspecte d’être, à la tête de leurs sociétés d’import-export de composants électroniques et de technologies avancées, le maillon suédois d’un réseau d’espionnage industriel géré par le GRU.

« L’invasion du 24 février 2022 en Ukraine n’a pas fait baisser l’ingérence russe dans notre pays, explique au Monde, Daniel Stenling, le chef du contre-espionnage suédois (Säpo), car nos industries, performantes et pointues, intéressent le Kremlin. Le régime de sanctions leur fait mal, ils ont perdu beaucoup d’équipements sur le terrain et doivent reconstituer leur stock de matériel militaire. » En Suède, à la différence de l’Estonie ou de la Lettonie, de l’autre côté de la mer Baltique, point de communauté russophone sur laquelle Moscou pourrait s’appuyer pour ses opérations d’ingérence. Ici, on pratique l’espionnage à l’ancienne.
« Nouveaux profils »

« Les nombreuses expulsions d’espions sous couverture diplomatique ont affaibli leurs réseaux, mais nous observons de nouveaux profils », ajoute le chef du Säpo, qui reconnaît « le grand pragmatisme des agents russes » et concède que cette réactivité a réussi à semer le trouble au sein du renseignement suédois. Une part de doute a même pu s’emparer de leurs partenaires étrangers dont la coopération est pourtant vitale.

De « nouveaux profils » ? L’allusion vise l’affaire des frères Kia, deux Suédois d’origine iranienne, condamnés, en janvier et mai, pour espionnage. « C’est un grave préjudice, poursuit M. Stenling, ils n’ont même pas été recrutés, ils sont allés voir les Russes. On a dû vérifier tout ce qu’ils avaient pu transmettre pendant des années et revoir l’ensemble de nos procédures. » Pour le procureur Olin, « c’est le plus grand scandale d’espionnage qu’ait connu le pays depuis trente ans », celui d’une infiltration russe au cœur du renseignement national, de 2011 à 2021.

Peyman Kia a 30 ans, en 2010, quand il intègre la Säpo. Travaille-t-il déjà pour les Russes ? Lui ont-ils demandé d’infiltrer ce service ? On l’ignore. Avocat de formation, c’est un homme précis et prudent soucieux de limiter ses contacts directs avec ses interlocuteurs. Il aurait contacté l’ambassade de Russie à Stockholm par la poste, en utilisant un système de « double enveloppe » contenant une plus petite lettre destinée au résident du GRU, dans laquelle il avait glissé un code en indiquant que celui-ci donnait accès au contenu d’une clé USB qu’il enverrait plus tard.

L’hameçonnage fonctionne. L’enquête montre qu’il a imprimé et sorti illégalement, dès mars 2011, des documents confidentiels de la Säpo. En septembre de la même année, puis début octobre et mi-décembre, il en copie d’autres sur lesquels il travaille, mais aussi certains qu’il n’est pas habilité à consulter, notamment sur la Russie. En 2012, il rejoint le MUST, les services secrets militaires, où il fait partie d’une unité s’occupant des espions suédois à l’étranger. La razzia continue sur des dizaines de pièces confidentielles. Pour la seule année 2013, on trouve la trace de trente-huit documents consultés.
L’affaire Kia

La carrière de Peyman Kia suit les intérêts du GRU. En 2013, alors que sa femme est enceinte de jumeaux, il candidate à un poste de chef de service au MUST qui lui est refusé le 3 décembre. Juste avant de partir en congé maladie, le 17 décembre, il se démène pour extraire de nouveaux documents dont un rapport de cent pages. Pour les Suédois, les dégâts sont majeurs puisqu’il aurait notamment transmis la liste des agents du MUST à l’étranger.

Peut-être méfiant après ce refus de promotion, il opte pour un retour à la Säpo, le 1er avril 2014. Après des vacances et un congé parental, il revient à temps plein au bureau début septembre, au sein d’un service chargé de traiter, en partie, des affaires russes ; de quoi satisfaire ses « clients » du GRU auxquels il transmettra la liste de tous les employés de la Säpo. Rien ne l’arrête : l’enquête montre que, le 7 octobre 2014, il photographie un document d’une dizaine de pages protégé contre l’impression et la copie.

Son retour à la Säpo ne dure pas. Le 1er décembre 2015, il rallie l’Agence suédoise pour l’alimentation. Par crainte d’être découvert ou pour sortir des griffes du GRU ? Les semaines qui précèdent son départ sont, de nouveau, occupées à sortir le maximum de documents confidentiels. Le 6 novembre 2015, il cherche longuement à tromper les verrous informatiques qui bloquent sa recherche. La formation interne de la Säpo sur la consultation des bases de données à laquelle il s’était inscrit, au printemps, ne lui a pas donné toutes les clés.

Du 28 mars 2011 au 27 septembre 2020, Peyman Kia a utilisé le programme de cryptage TrueCrypt (puis VeraCrypt) sur son ordinateur pour dissimuler ses prises de guerre. Mais il a eu besoin d’aide. Ainsi, en 2014, il fait appel à son frère cadet de six ans, Payam, pour gérer ses contacts avec l’ambassade de Russie. S’ils sont solidaires, c’est l’argent seul qui a convaincu Payam d’aider son aîné. En réalité, tous deux ne s’entendent guère. Peyman, né à Téhéran, est arrivé, en 1984, à l’âge de 3 ans avec ses parents en Suède. Payam, lui, y a vu le jour. Leur père a recommencé sa vie dans la pâtisserie et leur mère est devenue enseignante.
Achat d’unité de stockage

Par chance, les enquêteurs sont entrés dans l’intimité de la fratrie en mettant la main sur des notes personnelles prises par Payam. En les parcourant, on devine qu’il s’interroge sur le moyen de transmettre des documents sans croiser le destinataire. Les investigations ont montré qu’il avait demandé à des hôtels au Danemark s’ils accepteraient de réceptionner un colis « un ou deux jours » avant que le client n’arrive. Dès 2014, il prévoit, par écrit, l’achat d’une unité de stockage, type clé USB, capable de rester plusieurs jours dans le creux d’un arbre sans être endommagée. Il parle aussi de caches sous une voiture, dans des toilettes publiques ainsi que de repérages avec une caméra espion.

Toujours dans ses notes, il fait part de ses états d’âme, de la crainte d’une lourde peine pour quelque chose qui ne lui rapporte, pour l’heure, « qu’une faible récompense ». Le partage initial avec son frère aîné est de 80 %-20 %. Il trouverait plus juste d’avoir 33 % et menace d’arrêter de faire le lien avec les Russes si sa part n’est pas revue à la hausse. Incidemment, il assure qu’une rencontre avec un certain « Rasski » s’est mal passée. Un agent du GRU ?

Son autre souci porte sur la manipulation des fonds. Pour éviter d’attirer l’attention dans les bureaux de change en déposant de grosses sommes en dollars, il suggère de proposer aux Russes d’être payés « en or » qu’ils revendront ensuite. En attendant, les frères font appel à deux amis qui, contre 900 dollars (800 euros environ) par échange, convertissent en couronnes suédoises des montants de 5 000 à 50 000 dollars remis par les frères Kia. Les intéressés confirmeront. Aux aguets, Payam dit sa peur que des billets soient « marqués ».
Prison à vie

Pour la seule période de septembre 2016 à juillet 2017, Peyman Kia aurait reçu, en espèces, plus de 550 000 couronnes (environ 48 000 euros) dont une partie en dollars. Il en aurait déposé une partie sur son compte, celui de sa femme et celui de sa mère. Parti depuis deux ans de la Säpo, il continue donc à alimenter le GRU. Sent-il, en 2017, le danger se rapprocher ? Cette même année, le renseignement suédois n’explique ses revers que par l’existence d’une taupe en son sein et fait ouvrir une enquête préliminaire. Plusieurs noms circulent en interne, dont le sien, mais les preuves manquent.

Les notes écrites de Payam laissent entendre, qu’à l’hiver 2018, la fratrie n’a plus guère de documents à vendre. Celle datée de mars 2021 affirme même que le « truc GRU » est un chapitre clos. Peyman est arrêté le 20 septembre 2021. Le jour même, son cadet détruit le disque dur d’un ordinateur. Les policiers ne viendront le chercher que le 16 novembre.

Après avoir nié toute compromission et avoir été condamné, en janvier, à la prison à vie en première instance, l’aîné a admis, en appel, en mai, avoir contacté les Russes mais pas selon les termes de l’accusation. Il affirme avoir tenté, en 2014, en vain, avec l’aide de son frère, « une escroquerie au renseignement » auprès du GRU. Puis avoir réessayé, en 2016, avec succès, auprès d’un autre service secret russe, le SVR. Il aurait reçu 120 000 dollars pour avoir livré, jusqu’en 2017, un mélange de « vraies et fausses informations ». La cour a confirmé la peine de première instance. Payam, condamné à neuf ans et dix mois de prison, avait préféré renoncer à faire appel.
Retrouvez tous les épisodes de la série « Le nouvel espionnage russe » ici.

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Message  myko Mar 22 Aoû - 23:14

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La Lettonie, terrain de jeu des agents de Moscou
Jacques Follorou

Anne-Gaëlle Amiot

   Séries d’été
   Le nouvel espionnage russe

Publié aujourd’hui à 12h00

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Enquête« Le nouvel espionnage russe » (2/5). Le petit pays balte, qui fit partie de l’empire soviétique, s’inquiète des agissements des services secrets russes sur son territoire. Un ancien ministre, Janis Adamsons, y est même accusé d’avoir animé un réseau.
Retrouvez tous les épisodes de la série « Le nouvel espionnage russe » ici.

Quand il se présente devant le modeste bâtiment du tribunal de Riga, en ce début du mois de mai, Janis Adamsons, ancien ministre de l’intérieur et figure de la vie politique lettone, ne ressemble guère à l’image que l’on se fait d’un espion de haut vol au service de la Russie. C’est un homme de 66 ans à la carrure massive et au crâne dégarni, qui affiche une forme de bonhomie et la volonté de faire profil bas. Le voici bientôt dans la salle d’audience, un gros sac plastique à la main. A l’intérieur, son dossier d’accusation : les éléments qui font de lui, selon ses détracteurs, le plus célèbre traître du pays.

La justice lettone n’est pas du genre à se donner en spectacle. Sans doute est-ce un trait propre à ce « pays de juristes », comme le surnomment certains diplomates étrangers en poste à Riga, où l’on cultive la retenue du protestantisme et le goût de l’argutie. Pourtant, cet Etat balte de 1,9 million d’habitants, dont 35 % de russophones, frontalier de la Russie et de la Biélorussie, mesure bien ce que la menace du Kremlin signifie. Après s’être défait du joug soviétique en 1990, et avoir intégré l’Union européenne et l’OTAN en 2004, il fait tout pour se protéger de l’ancien occupant. Ses alliés l’y aident : des troupes occidentales y sont stationnées, alors que les troupes de Moscou font la guerre à l’Ukraine.

En ce jour de printemps, Adamsons comparaît libre après le versement d’une caution de 30 000 euros et le report du procès, prévu en 2022, qui est toujours en cours. Il va mieux après avoir subi une intervention chirurgicale et assure qu’il démontrera le « vide » des accusations portées contre lui. De son côté, le contre-espionnage letton (VDD) espère enfin faire tomber un personnage controversé qui a toujours réussi à lui échapper. Il a fallu que la présidente du Parlement, Inara Murniece, fasse voter, en 2021, la levée de son immunité pour que M. Adamsons soit poursuivi par la justice. A entendre cette dernière, « les soupçons sont très graves ».
Ancien officier du KGB

Selon le procureur général de Lettonie, Juris Stukans, tout a basculé en 2021. « Nous avons pu documenter des rencontres avec un officier du FSB russe dans des lieux publics, à Riga, notamment dans un café », explique-t-il au Monde. Peu de temps après, cet officier, Guennadi Silonov, est arrêté, de justesse, à l’aéroport de Riga. Il est jugé au cours du même procès, mais en visioconférence, de sa cellule. « Dans un cas, on a pu établir qu’Adamsons lui remettait une clé USB », poursuit le magistrat. Sur la centaine de rencontres recensées entre les deux hommes (de 2015 et 2021, certaines en Lettonie, d’autres à Moscou), une quarantaine figure dans le dossier. « Il faut garder à l’esprit qu’Adamsons est un ancien officier du KGB, précise le procureur. Il a gardé des liens avec son ancienne maison, tout en se disant grand patriote. »

Janis Adamsons, né en Lettonie, ne savait sans doute pas qu’il deviendrait espion quand il a décroché, en 1979, son diplôme de navigateur à l’Ecole navale supérieure de Kiev. Cette année-là, il ne sort pas parmi les premiers de sa promotion et occupe pendant dix ans divers postes dans l’Extrême-Orient soviétique. Des destinations peu enviables au fil desquelles il gravit les échelons au sein du corps des gardes-frontières, une administration intégrée aux services de renseignement, le KGB, qui deviendra le FSB après la chute de l’URSS.

Paradoxe pour un « traître », c’est l’accession à l’indépendance de son pays natal, en 1990, qui va changer sa vie et booster sa carrière. Sans doute poussé par le KGB à briguer des fonctions au sein d’une Lettonie en voie d’émancipation, il s’oriente vers la marine lettone. En 1992, il devient ainsi chef d’état-major des forces navales, puis, en 1994, commandant des troupes frontalières ; un moyen, pour le renseignement russe, de savoir ce qui se passe sur la mer Baltique et sa partie ouest. Adamsons prend ensuite une autre voie, probablement inspirée aussi par ses mentors russes : il quitte l’armée et se voit propulser, en novembre 1994, ministre de l’intérieur. Il restera peu de temps en place, mais le voici bien devenu – selon ses accusateurs – l’œil de Moscou en Lettonie.

Le contre-espionnage letton dispose de peu d’éléments sur cette phase de son parcours. Officiellement, de 1995 à 1998, il est député, tout d’abord au sein du parti Voie lettone, et membre de la Commission de la défense et des affaires intérieures. Puis il rejoint le Parti social-démocrate du travail letton, dont il intègre le comité central. Adamsons pourfend volontiers des gouvernements au nom de la lutte contre la corruption. Avec le recul, le VDD le suspecte d’avoir cherché, sur commande, à affaiblir le pouvoir de l’époque.
Dossier Nord Stream 2

Il faut attendre l’année 2000 pour que son passé resurgisse. Quand le Parlement découvre son passage au sein des gardes-frontières, et donc du KGB, il est démis de ses fonctions de député. Il conteste cette éviction et obtient, en 2006, l’annulation de celle-ci par la Cour européenne des droits de l’homme. Son argument : plus de quarante mille personnes se trouvent dans son cas dans toutes les anciennes républiques soviétiques. Pourquoi serait-il le seul à être interdit de vie publique ?

Une fois revenu au Parlement, il enchaîne les mandats, jusqu’en 2021, sous l’étiquette du parti Harmonie, ce qui lui permet de siéger, de nouveau, au sein des commissions de la défense, des affaires intérieures et de la prévention de la corruption. En 2019, il est également désigné chef du groupe parlementaire chargé de la coopération avec le Parlement russe, un prétexte parfait pour masquer, d’après le contre-espionnage letton, ses liens avec le FSB.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le gaz, arme politique de Moscou

Au fil des années, Janis Adamsons aurait transmis des informations et des documents sur des projets et des débats législatifs concernant son pays, sur les budgets alloués au ministère de la défense et à l’achat de matériel pour l’armée, sur les aménagements et infrastructures prévus à la frontière orientale, et enfin sur les choix politiques nationaux. Ainsi, le dossier Nord Stream 2, ce gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne, via la mer Baltique, aurait été au centre de son attention. L’enquête mentionne, enfin, qu’il aurait utilisé son ordinateur au Parlement pour transmettre des données sensibles sur les unités de l’OTAN déployées dans le pays.
Précieux agent recruteur

L’inquiétude de la Lettonie sur les dégâts qu’il a pu provoquer n’est pas feinte. Aux yeux du VDD, sa connaissance des institutions a fait de lui un précieux agent recruteur pour le renseignement russe. Ses cibles : des fonctionnaires et des membres des services de sécurité. Dès sa nomination au ministère de l’intérieur, en 1994, Adamsons s’est ainsi rapproché d’un certain Andris Strautmanis, ancien officier de l’antenne lettone du KGB, devenu chef adjoint de la police de sécurité après l’indépendance. Dix ans plus tard, alors que la Lettonie tente de « dérussifier » le pays, Strautmanis perd son habilitation secret-défense. Il finira par diriger le service de sécurité d’un lieu hautement stratégique, le chantier naval de Riga, plaque tournante portuaire de la mer Baltique.

Strautmanis n’est visé que dans un volet secondaire de l’affaire Adamsons. La justice lui reproche d’avoir transmis des informations au député, lequel les aurait ensuite remises à Silonov. Mais faute de liens formels entre Strautmanis et Silonov, la justice l’exonère des accusations d’espionnage et se contente de délits mineurs liés, entre autres, à la détention illégale d’une arme. Le pistolet en question lui avait été donné, en 1994, par… Janis Adamsons, alors ministre de l’intérieur.

L’autre recrue présumée de ce même Adamsons est Arturs Smaukstelis, ancien policier devenu, quelque temps, son assistant parlementaire. Lors du procès, l’un et l’autre assurent que Smaukstelis n’a fait que nourrir la documentation du député sur le crime organisé et le transport de viande en Russie. Smaukstelis n’est poursuivi que pour divulgation d’informations classifiées. Il aurait lui-même recruté un autre ancien membre du KGB letton, Andrejs Motils, qui a confirmé avoir fourni des informations à Adamsons par l’intermédiaire de Smaukstelis.

D’après l’accusation, Adamsons s’est rendu à « au moins trois reprises », entre 2019 et 2020, à Moscou, afin de rencontrer les supérieurs de son agent traitant du FSB. Il rétorque que ces visites s’inscrivaient dans le cadre du travail de son groupe de députés, chargé des relations avec le Parlement russe. Pourtant, ces réunions se tiennent dans un… sauna, ce qu’Adamsons a reconnu, tout en refusant de livrer l’identité complète des participants, tout juste quelques prénoms, dont celui du soi-disant « patron » de Silonov, un certain « Alexandre ». Un aveu auquel le VDD accorde peu de crédit.
Quelques centaines d’euros

La surveillance des téléphones d’Adamsons et de Silonov montre que le député letton sollicitait, depuis 2017, une rencontre avec le « patron » de Silonov, à Moscou. Ce dernier lui promet d’organiser le rendez-vous, tout en se plaignant de l’intérêt quasi exclusif de ses chefs pour l’Ukraine. Après des mois d’enquête, la motivation du « traître » reste difficile à cerner. L’idéologie ? L’argent ? La peur ? D’après l’accusation, ses services étaient rémunérés quelques centaines d’euros, versés tous les deux mois par Silonov à la fille d’Adamsons, installée en Russie.

« Absurde », s’insurge Adamsons, assurant que s’il passait par Silonov pour donner de l’argent à sa fille, c’était juste pour éviter de payer des commissions bancaires. Des enregistrements de conversations entre les deux hommes laissent pourtant entendre qu’il veillait à limiter les montants pour ne pas alourdir sa peine s’il se faisait prendre. Devant le tribunal, il a affirmé que ses échanges avec Silonov portaient avant tout sur le « hockey et la politique étrangère », et qu’il a pu lui arriver de le solliciter pour transmettre en Russie « des informations, des livres, ou même des cigares, à des parents et à des connaissances ».

Après l’invasion de l’Ukraine, en 2022, son parti politique a implosé, près de 50 % des membres d’Harmonie ayant rendu leur carte après les déclarations pro-Kremlin de certains dirigeants. De quoi faire dire au premier ministre letton, Arturs Krisjanis Karins – qui a démissionné le 14 août –, que, dans son pays, « il y a 200 000 personnes dont la loyauté n’est pas assurée ». Depuis, les autorités ont resserré les mailles du filet, notamment à Riga, où 50 % de la population est russophone. Dans le pays, une centaine de monuments à la gloire de l’Armée rouge ont été démantelés, les célébrations prosoviétiques ou les déclarations favorables à Poutine sont désormais illégales.

Résultat : les dirigeants de l’Union russe de Lettonie s’interdisent, depuis mars 2022, tout commentaire sur la guerre en Ukraine. « Nous avons des amis dans les deux camps, on ne peut pas choisir », dit Miroslavs Mitrofanovs, coprésident de ce parti politique. Début 2022, ils ont reçu un avertissement des autorités lettones. Au second, le parti sera déclaré hors la loi.
Retrouvez tous les épisodes de la série « Le nouvel espionnage russe » ici.

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Message  myko Mar 29 Aoû - 4:36

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En Pologne, des « agents » amateurs au service du FSB russe
Jacques Follorou
11 - 14 minutes


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  • Le nouvel espionnage russe

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Publié le 24 août 2023 à 06h00, modifié le 24 août 2023 à 17h28
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Enquête« Le nouvel espionnage russe » (4/5). Dans le sud-est de la Pologne, la région de Rzeszow, voisine de l’Ukraine, est devenue un endroit stratégique où les services de renseignement russes, bien que malmenés, cherchent à demeurer actifs. Quitte à sous-traiter certaines missions à une cellule d’« agents » amateurs.

Retrouvez tous les épisodes de la série « Le nouvel espionnage russe » ici.
Même s’il fait nuit noire, difficile de ne pas apercevoir, ce 19 février 2023, le Boeing du président américain, Joe Biden, tout juste arrivé sur l’aéroport de Rzeszow-Jasionka, dans le sud-est de la Pologne. Pourtant, peu de gens relèvent sa présence sur ce tarmac de province devenu, depuis février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, une plate-forme internationale par laquelle transite près de 80 % de l’aide militaire et humanitaire à ce pays. Ce voyage a été gardé secret, et Joe Biden ne tarde guère à filer vers la ville polonaise de Przemysl. De là, il prendra un train pour Kiev, où l’attend son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Les médias locaux devront attendre son retour, le lendemain soir, pour avoir des images furtives de sa montée dans le Boeing et du décollage vers Varsovie. Les journalistes ignorent alors, et les services de renseignement avec eux, que d’autres objectifs, miniatures cette fois, n’ont rien raté de l’atterrissage du président américain en Pologne : des minicaméras ont été dissimulées aux abords de l’aéroport par les membres d’une cellule clandestine aux ordres du renseignement intérieur russe (FSB).

Cette cellule, sans doute mise en place à la fin de 2022, a une spécialité : la collecte d’informations sur le soutien apporté à l’Ukraine. Parmi ses missions prioritaires, fixées par un officier du FSB, figure la surveillance de l’aéroport de Rzeszow-Jasionka. Il faut dire que l’endroit est d’un intérêt stratégique majeur. Washington y a déployé treize batteries de missiles antiaériens Patriot. Des dizaines d’avions occidentaux, civils et militaires, passent ici chaque jour, transportant du matériel chargé ensuite sur des camions ou des trains pour rallier la frontière ukrainienne, à une heure de là. Enfin, c’est l’étape obligée, sur la route de Kiev, des responsables politiques étrangers, contraints de prendre le train depuis la fermeture de l’espace aérien civil ukrainien.

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Traceurs GPS, minicaméras

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Le long de la piste s’alignent des infrastructures militaires gérées par les Etats-Unis. Dans un grand camp consacré à la logistique, quelques troupes américaines, reconnaissables à leurs Humvees beiges, cohabitent avec des agents de sécurité privés armés. Quatre hélicoptères Black Hawk sont stationnés à proximité. Des bâches tentent de cacher la vue aux curieux, mais on devine des poids lourds ordinaires utilisés pour le convoyage du matériel sensible. Partout règne le même souci de discrétion, la même volonté d’échapper aux espions de Moscou.

La cellule du FSB s’intéresse à toutes les formes de transport de l’aide à l’Ukraine. Elle essaie aussi de placer des traceurs GPS sur les convois, et d’installer des caméras le long des voies ferrées ou des routes, afin d’enregistrer et de transmettre des données sur le trafic. Ainsi, on sait aujourd’hui qu’au moment où Joe Biden a effectué sa visite surprise, en février, plusieurs dizaines de ces minicaméras étaient déjà actives… Il est vrai que, sur l’autoroute A4, en direction de Przemysl, on peut croiser des chars allemands Leopard montés sur des semi-remorques en route vers l’Ukraine.

Au moment de composer sa cellule, le renseignement russe a dû improviser. Où trouver des agents alors que ses réseaux traditionnels sont décimés ? En moins de deux ans, la Pologne, à elle seule, a renvoyé en Russie quarante-cinq officiers de renseignement agissant sous couverture diplomatique. De même, les agents « itinérants », basés à Moscou mais envoyés à l’étranger pour des missions ponctuelles, connaissent des difficultés pour voyager, en raison des sanctions et des contrôles aux frontières. Dans l’urgence, il faut donc innover, recruter des espions « amateurs » : une douzaine d’hommes âgés de 20 ans à 62 ans.

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Motivations financières

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Ces agents d’un genre particulier n’ont pas d’engagement politique connu. Ils ne sont ni prorusses ni radicaux, et leurs motivations sont avant tout financières. En apparence, ils mènent des vies ordinaires, en famille ou pas. Même si on trouve quelques Ukrainiens, la plupart d’entre eux sont d’origine biélorusse. Beaucoup vivent depuis des années dans la région de Rzeszow, chef-lieu de la voïvodie des Basses-Carpates, région polonaise frontalière de l’Ukraine. Certains des Biélorusses sont arrivés avant le mouvement de contestation sévèrement réprimé, en août 2020, par le président biélorusse, Alexandre Loukachenko ; d’autres ont rallié la Pologne après cette période.

Le FSB semble s’être appuyé sur le KGB biélorusse pour composer le groupe. « Quand le FSB demande un service au KGB, c’est un ordre », explique au Monde Stanislaw Zaryn, secrétaire d’Etat à la chancellerie du premier ministre polonais et vice-ministre coordinateur des services spéciaux. Afin de tester et d’évaluer la loyauté de ces apprentis espions, le FSB commence par leur assigner des tâches modestes : dessiner des tags anti-OTAN ou antiaméricains sur les murs de Rzeszow et des environs, relayer la propagande pro-Kremlin sur les réseaux sociaux, en particulier via l’application Telegram. En contrepartie, on leur promet des rétributions de plus en plus substantielles.

Début 2023, ils diffusent des messages complotistes affirmant que la Pologne s’apprête à renvoyer de force les réfugiés ukrainiens dans leur pays. De quoi inquiéter ces derniers, car, en Ukraine, les hommes en âge de combattre ont interdiction de quitter le pays et doivent participer à l’effort de guerre. D’autres messages, tout aussi infondés, font état du projet de la Pologne d’occuper l’ouest de l’Ukraine. La fameuse cellule contribue ainsi, à sa manière, au sentiment anti-OTAN en Pologne et au dénigrement de la politique du gouvernement, tout en semant la division et en alimentant les tensions avec le voisin ukrainien.

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Maladresses

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Pareilles manœuvres de désinformation font partie de la stratégie de guerre. Le renseignement russe y est particulièrement attentif, lui qui surveille sans cesse l’évolution des opinions publiques. En février, selon un sondage IFOP/Le Figaro, réalisé dans plusieurs pays européens, la « bonne opinion de l’Ukraine a (…) enregistré un recul significatif et régulier » passant de 82 % à 64 %, en France, et de 91 % à 79 %, en Pologne.

Après ces premiers pas, le FSB oriente la cellule de Rzeszow vers des missions de surveillance. Avec des objectifs de plus en plus ambitieux : identifier les sites où s’organisent le soutien et les livraisons de matériel à l’Ukraine, faire de nombreux repérages et s’assurer que les caméras mises en place ne seront pas découvertes au premier regard. Les contre-espions polonais de l’Agence de sécurité intérieure (ABW) savent bien à quoi tout cela peut servir. « Cartographier les circuits empruntés par les convois, transmettre des coordonnées de localisation, tout cela n’a qu’un seul but, détruire ou bombarder », indique M. Zaryn.

Fin février, alors que Joe Biden, de retour de Kiev, décolle de Rzeszow pour Varsovie, où l’attend son homologue polonais, Andrzej Duda, cette cellule s’apprête d’ailleurs à franchir un cap. Le FSB lui a ordonné de conduire des opérations de sabotage visant les livraisons de matériel militaire avec, à la clé, la promesse de rémunérations plus importantes. Sauf que ses membres, on l’a dit, n’ont rien d’officiers aguerris, formés au maniement d’explosifs ou à des techniques sophistiquées. S’ils doivent faire dérailler des trains, ils le feront en déposant des obstacles sur les voies…

En préparant ces opérations, les apprentis agents ne suivent pas toujours les consignes de prudence du FSB, et multiplient les maladresses. Résultat : ils finissent par attirer l’attention. « Vers le mois de février, se souvient le maire de Rzeszow, Konrad Fijolek, des loueurs de voitures et de vélos sont venus me voir à la mairie pour signaler le comportement étrange de certains clients qui revenaient régulièrement ; parmi eux, il y avait des Biélorusses installés dans notre région, mais il n’est pas simple de faire la distinction entre des dissidents et des agents provocateurs. » De même, certains d’entre eux se font remarquer dans des magasins de matériaux de construction, sans doute à la recherche d’objets lourds pour bloquer les voies.

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« Facilitateurs plus qu’espions »

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Début mars, le couperet tombe sur ce groupe monté à la va-vite par le FSB. L’ABW en arrête les douze membres, en plusieurs vagues. Les perquisitions permettent de saisir des traceurs GPS, des minicaméras, des preuves de versement d’argent suspect. « Le groupe venait juste d’être créé, assure M. Zaryn. Certains ont reconnu leur implication, d’autres nient, mais ils étaient conscients de ce qu’ils faisaient, et nous avons mis en lumière leurs liens avec le renseignement russe. » Leurs familles et les autorités biélorusses déclarent, pour leur part, que les accusés sont innocents.

Cette affaire montre à quel point la guerre en Ukraine a changé le visage de l’espionnage russe dans de nombreux pays, dont la Pologne. « Depuis un an, nous avons arrêté une vingtaine de Biélorusses et de Russes qui vivaient chez nous et que l’on considère plus comme des facilitateurs que comme des espions professionnels, ce sont des gens auxquels on demande d’observer et de rapporter [des informations] contre de l’argent, ajoute Zaryn. Nous savons que les Russes utiliseront tous les moyens pour s’infiltrer, les espions sous couverture, le cyber, la désinformation, des illégaux, des agents d’influence, mais aussi, faute de mieux, ce type de collaborateurs activés sur place. » L’enquête sur la cellule de Rzeszow n’a pas encore livré tous ses secrets. Le contre-espionnage polonais estime qu’il existait un ou plusieurs intermédiaires entre l’officier du FSB, en Russie, et les membres du groupe, en Pologne. Début juillet, ce lien restait un mystère.

En attendant d’en apprendre davantage, les autorités locales savent que leur région est devenue un nœud stratégique majeur, et aussi un lieu de brassage. Rzeszow, une ville de 200 000 habitants, a accueilli jusqu’à 100 000 réfugiés ukrainiens ; un chiffre désormais redescendu à 30 000. « L’invasion de l’Ukraine a tout changé, M. Fijolek. C’est une révolution ! Auparavant, nous étions loin de tout, de Bruxelles, de Varsovie et des axes touristiques, nous avions juste un petit centre industriel aéronautique. » Avant de se rendre à la cérémonie d’un lancement de projet d’usine avec Boeing, l’édile conclut : « D’un coup, notre aéroport est devenu un hub international, et notre ville un carrefour ; tout le monde vient voir les missiles Patriot, et les hôtels sont pleins d’officiers de l’OTAN. »
Retrouvez tous les épisodes de la série « Le nouvel espionnage russe » ici. [/size]

myko

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